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Rudy win-win…

L’action politique a un vice rédhibitoire, elle fait penser au court terme. Ceux qui veulent être réélus ne cherchent pas le long terme.
Cela semble fort éloigné de la politique de Colbert replantant la forêt de chênes en France pour en espérer l’exploitation trois siècles plus tard !
C’est pire lorsqu’on entre dans les turbulences d’une crise, comme en 2008. Dans ce cas, les responsables naviguent sur de courtes échéances de 6 mois à un an. Ils sont comme des marins au gouvernail d’un navire dont ils ne maîtrisent plus la vitesse.
Le FMI prévoit un recul de l'activité mondiale, une récession d'un demi-point provoquée par la flambée des prix sur les matières premières, en cause la spéculation. Les économistes sérieux pensent que l’on n’est pas en phase de sortie de crise, les autres, complices des pouvoirs, disent le contraire.
Le scénario officiel du moindre mal triomphe. L’inverse serait un nouveau plongeon des économies occidentales, suivies des économies des pays à forte croissance : impensable !
Avec une croissance en diminution constante, un fort taux de chômage et une dette difficilement maîtrisée, la croissance « molle » occidentale n’est-ce pas déjà alarmant ? Les pays émergents ne sont pas encore en récession ; mais le taux de croissance de la Chine sera loin en 2011 de ce qu’il a été en 2010. Les pays pauvres voient leurs gains des dernières années complètement effacés par la crise et sans perspective de redressement pour 2011. Le pronostic de l'équipe Obama et de la Fed d'un retour à la croissance de 3 % semble optimiste. On se croirait en 1930, le président Edgard Hoover déclarait "le pire est passé, nous allons rapidement sortir de la crise". Deux ans plus tard, 770 banques étaient fermées, le PIB perdait 25 % et le chômage donnait des sueurs froides à un quart des Américains.
Les experts n’ont pas vu venir 2008, pourquoi voulez-vous qu’ils voient ce qui pourrait nous tomber dessus en 2011 ou 2012 ? Ils croient exorciser le mauvais sort en nous servant leurs habituels bobards sur une crise « qu’on laisse loin derrière nous ». N’empêche, personne n’a vu le frémissement d’une quelconque reprise !
D’après le journal Le Soir du 4 avril, la Belgique supporterait assez bien la comparaison avec les pays de la Communauté européenne, en cause le coefficient de Gini (1). Le rapport de l’OCDE, duquel cet article est tiré, montre que le coefficient poursuivrait sa courbe ascendante, mais plus lentement que dans d’autres pays ; les chiffres n’en demeurent pas moins alarmants. Globalement, cette information a pour but de désorienter le lecteur en lui faisant croire que l’éventail de l’inégalité des revenus se resserre. Ce qui est faux !
Jeter un œil sur le chômage et les perspectives pour les mois qui viennent donnent froid dans le dos. On s’installe dans quelque chose d’inédit : une sorte de stagnation de longue durée de laquelle ne peut sortir que le pire.

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Les crises financières interfèrent sur l'activité économique. Elles conduisent à des destructions de richesses qui ne peuvent être comblées que bien des années plus tard. Nous n’avons pas encore récupéré ce que nous avons perdu en 2008. Pour la première fois dans l’histoire de l’économie, il est possible que nous ne le récupérions jamais.
Depuis trois ans, les plans de relance des pays européens sont ridiculement inopérants. La crise, cent pour cent keynésienne, est due à l'insuffisance de la demande. C’est un cercle vicieux : l’emploi absent et les bas salaires pour ceux qui travaillent encore. Tout s’explique…
A la Région wallonne, Rudy Demotte a beau nous dire ce que les économistes lui soufflent à l’oreille, ce n’en sera pas moins un gestionnaire d’une économie libérale défaillante ; quelqu’un qui sort du four les pains en fonction de la farine qu’on lui donne, c’est-à-dire un socialiste-libéral qui ne prendra pas des initiatives contraires aux intérêts capitalistes, un transmetteur qui n’a pas la faculté de sauvegarder nos intérêts. Ce n’est pas que ce président wallon manque d’intelligence, mais parce que le parti dans lequel il est engagé et qui le nourrit ne peut pas faire autrement que dire amen au monde économique qui est en train de se planter.
Son action basée sur la comparaison avec la Flandre, aussi mal embarquée que nous, est une faute grave. L’idéal win-win est une sombre connerie qui signifierait, puisque les deux communautés souffrent, que cette souffrance soit équitablement répartie ! Comme s’il ne valait pas mieux de faire des efforts pour sortir du schéma libéral du côté wallon, sans se préoccuper de la Flandre, trop à droite pour jamais y prétendre.
Le caractère international de cette crise et l'absence de coordination ne sont en rien des excuses. Le piège a beau être dénoncé par Nicolas Sarkozy (mais oui !) au niveau de l’Europe, il n’y a personne, à commencer par lui, à exiger la taxe Tobin ou le plafonnement des gains et rémunérations. On en parle, cela paraît suffisant.
Ce dégoûtant empirisme dénoncé en 1945 par Bernanos, n’a fait que s’aggraver, au point qu’aujourd’hui c’est la seule politique. Décidément, nos élus se demandent pourquoi on se détourne d’eux. Ils n’ont encore rien vu ! Cela ne fait que commencer.
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1. Le coefficient de Gini du statisticien Corrado Gini est une technique parmi d’autres permettant de mesurer le degré d'inégalité de la distribution des revenus.

Commentaires

Voilà une excellente réflexion, très pessimiste naturellement lorsque RICHARD écrit des (SES) vérités, mais alors que faire, sinon la révolution comme en afrique du nord??

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