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Sous réserve d’inventaire.

« Quoique tous les Etats aient en général un même objet qui est de se maintenir, chaque Etat en a particulièrement un qui lui est particulier » écrit Montesquieu. Toute la question est là pour la Belgique. Quelle est la raison particulière qui ferait que la Belgique ait envie de se maintenir ?
Depuis les lois linguistiques, la Belgique porte en elle le motif principal qui concourt à sa perte. A la différence des Etats-Unis dans lesquels, comme son nom l’indique, une fédération d’Etats a été à l’origine de la guerre d’Indépendance et de la création de l’entité américaine, la Belgique a été dès sa création un Etat composite, mais uni sous une seule loi. Était-il mal venu de faire de deux peuples dissemblables un seul ? On n’en est plus là. La question qui se pose aujourd’hui c’est le nouveau cadre que certains veulent donner au pays et qui consiste à considérer par le confédéralisme l’union de trois Etats indépendants dans un seul symbolique.
Sans intérêt commun, puisque déjà la Flandre s’en va répandre à travers le monde la fiction d’un Etat flamand indépendant, la cohabitation des deux plus importantes composantes se trouve singulièrement déchirée par une troisième Etat, celui de Bruxelles, controversé par la Flandre et soutenu par la Wallonie.
Comment en l’état des choses pouvoir assurer l’équilibre des puissances sociales, condition de la liberté politique, si chaque partenaire de l’association adopte des lois et des attitudes différentes dans des domaines aussi sensibles que la sécurité sociale, l’enseignement, la justice, etc.
Aristote croyait que l’exigüité du territoire était un gage de l’unité et de la démocratie par l’égalité des citoyens. Voilà que la Belgique, un des plus petits Etats de l’Union européenne, semble vivre le contraire.
Un Etat est libre quand le pouvoir y arrête le pouvoir. Comment parvenir à cette simple exigence quand une partie d’un pays peut contredire l’autre dans ses intentions, dans ses objectifs et même dans ses mœurs politiques, sans qu’aucun mécanisme ne puisse le sanctionner ? Que vaudront demain tous les freins d’un arbitraire d’une Communauté vis-à-vis de l’autre, si les lois deviennent différentes d’un Etat fédéré à l’autre et que s’affaiblit de jour en jour le rôle des détenteurs du pouvoir ultime fédéral ou confédéral ?
Dans une société vraiment libre aucun pouvoir ne peut s’étendre sans limites parce qu’il est arrêté par d’autres pouvoirs.
Ce n’est plus le cas de la Belgique.

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Le despotisme est contraire à la nature de l’homme, a dit Montesquieu, mais qui pourrait parler de despotisme dans la mesure où la Belgique ne serait déjà plus un Etat atténuant ainsi la volonté des uns contre la volonté des autres, puisqu’une frontière séparant des lois et des usages différents en ferait disparaître les effets ?
Il n’en demeure pas moins que la Belgique n’est « presque » plus, que le roi est dans la hiérarchie du sommet un monarque à titre provisoire et qu’enfin tout formateur d’un gouvernement n’aura d’aucune manière le droit de considérer sa mission comme le sauvetage de l’Etat belge.
On a déjà perdu trop de temps à tenter de raccommoder l’inracommodable. La N-VA tout nationaliste qu’elle est, paraît, de loin, plus réaliste que le PS de Di Rupo, malgré des objections qui laissent planer un doute sur l’intelligence du concept nationaliste flamand, à l’observation des raisonnements des hommes de ce parti.
On n’a pas encore compris en Wallonie qu’il est inutile d’avoir raison contre le plus grand nombre. Et que s’obstiner dans cette voie, c’est nier le rôle absolu du plus grand nombre dans le déroulement de la démocratie. La Flandre nous offre l’opportunité de redevenir majoritaire dans des entités séparées. Saisissons là.

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