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Le désespoir surmonté.

Qu’est-ce qui a bien pu nous rendre mabouls ?
Même les socialistes à l’ancienne ont fini par baisser les bras. Ils guettent avec les autres les frémissements de la reprise.
A y regarder de près, le capitalisme et le communisme ont la même finalité : le productivisme, pour une forme de progrès basé sur la croissance. Les profits pour les uns et les plans quinquennaux réussis pour les autres ne réussissent qu’à nos «élites » : les actionnaires et les dignitaires de l’appareil, une seule et unique race de profiteurs.
Vilfredo Pareto les confond dans une même et unique classe sociale dont le but est identique depuis des engagements différents.
Le socialisme qu’il soit à la Guesde ou à la Jaurès se voulait entre les deux. Il aurait presque réussi à faire la synthèse jusqu’en 1980, en alliant l’actionnariat aux « représentants de la Nation », si la croissance ne s’était pas interrompue. Le chômage massif depuis plus de dix ans, avec une crise sans pareille du capitalisme en 2008, voit la fin des illusions.
On ne peut plus faire patienter le monde du travail par des augmentations de salaire et des petits avantages, pour faire croire que chacun profitait de manière juste et équilibrée de la prospérité générale.
Aujourd’hui l’actionnariat et les dignitaires des appareils n’entendent pas partager le pain noir. Pourquoi le feraient-ils, puisqu’ils ne partageaient déjà pas équitablement le pain blanc ?
Le stade suivant passe nécessairement par une prise de conscience du monde du travail quand l’actionnariat appuyé par les partis lui demandera un « effort » de compréhension.
La prise de conscience n’est pas gagnée d’avance pour la reconstruction d’une gauche. Des signes avant-coureurs supposent même le contraire. Un courant de droite s’est emparé des foules. Marine Le Pen et Bart De Wever font des cartons et remplissent les salles quand ils tiennent des propos populistes. Le vieux serpent de mer maurrassien remonte à la surface des abysses où on le croyait descendu à jamais, il complète le zoo, avec celui d’Anvers, plus nationaliste.
L’amour de l’argent, l’argent bête, l’argent fou, aurait-il triomphé de tout, même du côté de ceux qui en seront toute leur vie dépourvus ?
Quand l’argent triomphe à ce point dans les relations économiques, dans le seul but du consumérisme, c’est un gage de prospérité, même s’il est imbécile et dépourvu de sens pour la plupart des gens. Hélas ! le bougre s’étend aussi naturellement aux relations non mercantiles, art, religion, éducation.

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Quand il a fini par amalgamer et confondre la vente des petits pois et l’œuvre d’art, une seule certitude : la civilisation fiche le camp. La société entre en décadence.
Bernanos en atteste déjà dans « La France et les robots » : la multiplication des machines développera d’une manière presque inimaginable l’esprit de cupidité. Et encore, il ne savait pas que les progrès en cette matière allaient miniaturiser la machine au point que la plupart des gens avec des I-Phone, des Tom-tom et des Smartphones sont de véritables petites usines ambulantes, sauf qu’ils ne produisent rien, tandis que la machine coûte !
L’ennemi le plus machiavélique et le plus destructeur de toute vie de l’esprit et de toute morale altruiste, c’est le capitalisme industriel qui nous l’a procuré. Vient à sa suite, le capitalisme financier, qui achète et qui vend sans produire et reste calfeutré dans les banques, en-dehors des quelques pas qu’il fait à la Bourse. A eux deux, ils détruisent toute trace de vie spirituelle avec le consentement et la complicité de ceux qu’ils asservissent.
En guise de conclusion, je citerai à nouveau Bernanos, parce qu’il fait un lien avec une ancienne chronique qui traitait de l’optimisme et du pessimisme et qu’il donne lieu, malgré tout, à espérer.
« L’optimisme est une fausse espérance à l’usage des lâches et des imbéciles. L’espérance est une vertu (virtus) une détermination héroïque de l’âme. La plus haute forme de l’espérance, c’est LE DÉSESPOIR SURMONTÉ.

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