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Tous coupables !

On en parle d’abord à mots couverts. Des groupes se forment. C’est toujours à cause des autres que l’on en est arrivé là. C’est plutôt rassurant d’être à part, de n’être pas responsable de ce qui arrive, de paraître moins con dans l’opinion que l’on a de soi !
Arrivé quoi ?
Mais la crise de la dette !
Les propagandistes de la peur en Flandre s’attachent plus à dire que ce sont les Wallons qui ont entraîné les Flamands dans la spirale de la dette nationale, que d’embarquer les mêmes sur les revendications qui touchent la langue et le droit du sol.
Pourquoi ?
Mais parce que les deux ont été liés et qu’il est plus facile de parler d’une crise financière qui va atteindre le portefeuille de tout le monde et qui désigne formellement les autres, plutôt que de se lancer dans l’apologie d’un nationalisme, toujours suspect aux yeux des démocrates, surtout qu’il prend le chemin de la dictature ; et d’autant que certaines revendications atteignent un grotesque dont les Flamands eux-mêmes, à l’exception de quelques drôles de la N-VA et du CD&V, perçoivent l’absurdité.
Et comme la critique sur la façon de gérer ce qui est commun avec la Flandre est plus facile à faire que traquer linguistiquement les habitants d’une commune flamande qui s’obstinent à parler français, on fait d’une pierre deux coups.
On devient nationaliste et flamingant en assimilant les discours sur l’économie d’à peu près tous les élus de la Flandre. Cela vient sans s’en rendre compte.
Quelqu’un qui depuis son enfance entend dire par ses parents, puis par les partis que les Wallons piquent les sous des Flamands, peut difficilement penser avec ses propres neurones.
Il n’y a pas que Karel De Gucht (1) qui met de l’huile sur le feu de façon ignominieuse, en-dehors des habitués de la N-VA dont c’est le fonds de commerce. Alexandre-le-petit De Croo, Van Rompuy junior, Stefaan De Clerck et jusqu'à la modeste Brigitte Grouwels, du gouvernement régional bruxellois, tous s’y sont mis et ont, d’une façon ou d’une autre, servi la cause capitaliste à travers la cause flamande. Car, attention, il ne s’agit de critiquer en aucune façon le système économique. Si nous en sommes arrivés là, c’est essentiellement à cause du citoyen laxiste et, particulièrement, à cause du citoyen wallon, super laxiste ! Telle est l’opinion majoritaire.
Les médias viennent à la rescousse de l’opinion flamande à force de répéter que si la crise de la dette est terrible, c’est parce que nous avons été trop dépensiers. De la crise de la dette à la crise tout court, il n’y a qu’un pas. C’est parce que nous avons vécu au-dessus de nos moyens, que le système économique est mis à mal.
Eh bien ! rien n’est plus faux.
Au contraire ! C’est bien parce que nous avons dépensé inconsidérément que la crise économique a mis plus de temps à nous sauter à la figure.

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Nous voilà préparés, prêts à entrer dans l’aire de la culpabilité évidente.
Un culpabilisé ne fait pas un révolté, pardi !
Les Flamands pensent que tout ce qui leur arrive financièrement de désagréable, c’est de notre faute et nos économistes nous disent que le système économique ne fonctionne plus à cause de nos folles dépenses.
Responsabilisés à mort, nous voilà docilement à la botte de nos entrepreneurs en quête de la fameuse règle d’or à la française qui nous pendra sous le nez dès que Di Rupo aura plié un accord pour un gouvernement (l’emprunt limité à 3 % du PIB, proposition de Sarko).
Di Roublardo espère que nous applaudirons à des perspectives de restriction « nécessaires », quasiment patriotes : sécurité sociale, pension, enseignement, vente d’entreprises publiques, enfin ce qu’il en reste… la liquidation du patrimoine des deux communautés aux plus offrants, sans compter des augmentations de TVA en douce, des manipulations d’index, des impôts déguisés et des taxes « innovantes ».
Jamais, pendant que nous suerons sang et eau pour calmer le créancier, ne nous viendra à l’esprit la nature perverse du capitalisme financier et combien nos dirigeants de Belgique et d’Europe sont responsables depuis 2008, d’avoir favorisé ces marchés avides et inutiles, coupables de plomber notre avenir et celui de nos enfants.
A aucun moment, nous n’entendrons la vérité sur l’origine de la dette, terrassés par la pensée unique, matraqués par nos bonimenteurs d’Etat !
Nous sommes déjà complètement occupés à nous demander ce que vaut encore un euro, dans la valse silencieuse des étiquettes, alors qu’on jure que l’inflation est maintenue à un taux raisonnable !
Tant mieux, diront nos mentors, ça les occupe !
Alors, oui, tout compte fait Flamands et Wallons inconscients et à moitié stupides, se rejoindront en qualité de victimes sans le savoir et comme nous sommes plus bêtes encore que nos politiciens le pensent, nous sommes capables de nous taper dessus, tout en convenant de notre coresponsabilité mal partagée.
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1. Magazine Grand Angle sur les coulisses de l’Europe. Dans l’appréciation des Commissaires européens, catégorie « Bonnets d’âne » : Karel De Gucht : un gâchis ! Le portefeuille qui lui avait été confié était immense : le Commerce. Mais la diplomatie que requiert ce poste ne convient pas particulièrement au profil rentre-dedans du Commissaire européen au libre-échange qui semble plus préoccupé par la politique de son pays, la Belgique, que par la relance des négociations commerciales. Sans parler de ses propos, plus que limites, sur le « lobby mondial des juifs ».

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