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Eloi contre Eloois ?

C’est inouï ! A lire les commentaires de presse sur la réussite d’Eloois Di Roublardo, on se croirait à la première d’Hernani de Victor Hugo. La salle est enthousiaste à l’exception d’irréductibles adversaires du Maître. Sauf que personne n’a vu la pièce, c’est-à-dire ne l’a pas détaillée à la loupe ! (1) La claque est-elle payée par des bailleurs de fonds tapis dans l’ombre ? Les peuples wallon et bruxellois applaudissent-ils spontanément ou bien la presse grossit-elle l’événement, parce qu’il entre dans l’intérêt des patrons de presse et des bailleurs de fonds qu’il en soit ainsi ?
Le chœur des gens qui font « ouf » doit être impressionnant.
Un an et trois mois pour un seul accord, alors qu’il reste le financement, les mesures d’économie et la formation d’un gouvernement, ce n’est pas demain que Leterme prendra ses quartiers à l’OCDE.
A défaut de savoir de quoi il retourne, on se perd en menus détails : la dramatisation d’Eloi, le retour hâtif du monarque, la mine très élaborée de Di Roublardo dans la scène de « la crise à son paroxysme » ; mais, on se fiche du monde !...
Comme on ignore ce qu’Eloi a concédé à Eloois, il faut quand même rappelé que voilà une crise sur une chose qui ne posait aucun problème pour les Francophones, puisqu’ils ne demandaient rien. Elle était donc essentiellement flamande. Donc, cet accord concède des modifications favorables aux Flamands puisqu’on sort de l’ancien statuquo. Le jeu des tuyauteries est défavorable aux Francophones. Maingain et le FDF ont sans doute des raisons de faire le foin qu’ils font au MR.
Cela veut dire que les compensations ne sont que des chimères, que les bourgmestres non nommés l’ont dans l’os, que l’agrandissement de Bruxelles aux communes à facilités ne se fera pas et encore moins le fameux couloir reliant la capitale au Brabant wallon. Maingain deviendrait cet insurgé sympathique et soutenu par les gens, comme le fut José Happart. Sauf que Happart avait quelque chose à négocier : son ralliement au PS, tandis que Maingain n’a rien de tel.
Aujourd’hui, c’est Charles Michel qui reprend le rôle du socialiste liégeois Gruselin bradeur des Fourons, dans le fil de l’histoire et Maingain tient le rôle du cocu. Il le fait très bien, du reste, indigné et tout…

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Donc, les Belgicains vont avoir fort à faire pour nous vendre le triomphe d’Eloois !
Rudy Demotte peut bien organiser une séance spéciale pour remettre le grand cordon du mérite wallon à Eloi Di Rupo, et Albert se fendre d’une distinction équivalente…
Le seul intérêt de ce premier accord, sera de surveiller du coin de l’œil ces « messieurs-dames » des gazettes afin de savoir s’ils font leur métier de journaliste ?
Qu’on sache enfin, laquelle des deux communautés va perdre ou gagner un deuxième Fourons.
Quant à s’émerveiller de la prestation, d’Eloois, voilà longtemps que je ne me fais plus aucune illusion sur ce type. Sa tare essentielle, c’est qu’il n’est pas socialiste. Il poursuit des objectifs conservateurs : laisser-aller au gré des humeurs économiques, pas de modification ou presque dans le système politique, maintien d’un Etat avec souverain, parlement et tout le tremblement sans se demander si ce système d’apparence démocratique, l’est réellement, etc. C’est un stalinien inversé !
C’est aussi un homme du passé qui a une vision du socialisme périmée, qui croit encore pouvoir s’accorder avec un capitalisme d’il y a cinquante ans.
Un homme enfin, qui ne voit pas la marche de l’histoire et qui est en train de passer à côté du véritable rôle qu’il aurait dû jouer : entraîner les gens de Wallonie à plus de fierté et de courage, même si cela devait entraîner des sacrifices que, de toute manière, la société capitaliste nous imposera à sa façon.
Il échappe à Eloois qu’une société puisse être critiquée en profondeur, surtout venant d’un socialiste. Sa poudre aux moineaux n’est qu’une cartouche de l’ultralibéralisme qu’il tire pour frimer.
Mais le temps n’est pas à la critique. Il est à la louange et au bonheur ressenti comme un soulagement par une grande partie de la population. On devra encore avaler bien d’autres couleuvres, avant de voir le « héros » finir la législature sur les marches du trône, comme les gens de San Valentino avaient prédit.
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1. En gros, la scission de BHV voulue par les Flamands est accomplie. Les six communes de la périphérie conservent des liens avec Bruxelles : électoraux et judiciaires. Les bourgmestres de ces six communes pourront déposer, le cas échéant, un recours à une instance indépendante.

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