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Un jeudi noir ?

Ce jeudi soir, les dirigeants de l'Union européenne se retrouveront à Bruxelles pour un sommet sur l’euro et l’alliance des Etats membres de l’Europe.
Il est impossible d’en préjuger l’issue. Ce blog n’a donc pas pour but d’en relater les péripéties, ni les solutions qui auront été retenues ; mais pour faire un état des lieux sur les fautes et manquements qui ont été commis et qui coûtent cher aux citoyens.
Le citoyen est très mal informé depuis les sources habituelles d’information à savoir les porte-paroles des gouvernements, les radios et télévisions et surtout par les experts délégués des banques et des officines de l’économie. RTL et la RTBF sont journellement responsables du bourrage de crâne par des loustics dont la mission n’est pas d’informer, mais de rassurer.
L’éclatement de la zone euro pourrait très bien se produire ce week-end ou dans quinze jours, selon les prédictions d’Attali, faisant de l’Europe deux zones : l'une au Nord, conservant l’euro, l'autre au Sud par l'exclusion d'une poignée de ses membres. L’histoire de l’économie mondiale a des exemples. Le plus récent (2002) est la suppression de l'ancrage du peso argentin au dollar, après la cessation de paiement du pays.
La faillite complète du système monétaire de l’Europe, c’est-à-dire chacun des pays reprenant son ancienne monnaie, serait une catastrophe encore plus grande que le scénario de la scission Nord-Sud, qu’on ne peut pas exclure. C’est Jean Pisani-Ferry, du cercle de réflexion bruxellois Bruegel, jamais invité à la télévision, qui l’affirme.
Tous les ingrédients de la panade sont là. Les dirigeants politiques ont tergiversé trop longtemps. La Banque centrale européenne pourrait cesser d'aider les pays trop endettés par manque de liquidité et la dette de l'Italie pourrait ne plus être honorée par défaut de la capacité des Italiens de financer des intérêts trop élevés. Si les taux à dix ans des emprunts italiens se maintiennent à 9 %, le pays serait incapable d'éponger sa dette de 1 900 milliards d'euros.
L'idée de réduire le prix des biens exportés et de renchérir celui des importations, s’appelle l’inflation, évaluée entre 30 et 40 % des pays du Sud et entre 19 et 20 % des pays du Nord, pour une diminution conséquente du poids de la dette. Pour les ménages, la note est imbuvable. Cela équivaudrait à revenir au pouvoir d’achat des années 60, les salaires étant réduits du jour au lendemain des pourcentages d’inflation ! Les épargnants d'Europe du Sud et d'ailleurs verraient de leur côté, leur patrimoine fondre.
C’est dans cette perspective d’inflation que les partis libéraux belges étaient si demandeurs de la désindexation des salaires ! A noter quand même que la Belgique est déjà sur ce chemin avant tous ses autres partenaires, puisque la valse des étiquettes est bien plus importante ici qu’ailleurs.
Nos bonimenteurs tapent sur les agences de notation. Elles ne font que traduire le climat actuel, comme tout bon économiste devrait le faire, s’il était invité à la place des hommes de paille des banques dans les studios de la télé et de la radio.
Les agences et certains investisseurs se posent la question de l’utilité de la purge des budgets visant à assainir le marché de la dette, comme le fait Di Rupo dans son programme de gouvernement. Ainsi, le PS dans son orthodoxie farouche au capitalisme mondial ne s’est même pas posé la question de l’efficacité de la méthode ! On taxe le citoyen, et, en l’appauvrissant, on met à mal tout espoir de relance et on tue la croissance.
Joseph Stiglitz, 67 ans, Prix Nobel d'économie en 2001, ex-conseiller économique du président Bill Clinton (1995-1997) et ex-chef économiste de la Banque mondiale (1997-2000), depuis qu’il critique les grandes institutions financières internationales, la pensée unique sur la mondialisation et le monétarisme, a perdu toute crédibilité parmi les manipulateurs de nos sources d’information. Et c’est profondément regrettable pour que le public sache au moins la manière dont les Etats vont livrer leurs propres concitoyens, pieds et poings liés aux spéculateurs.
Dans une récente interview au « Monde », Stiglitz dénonce les carences de l’Europe dans les taux de change et d'intérêt. Lui aussi estime l’austérité de l’Europe inefficace.
Cependant, l’Europe est entre la main des partis de droite. Quand on voit en Belgique que la popularité de Bart De Wever est en grande partie alimentée par le sentiment qu’il a su créer dans l’opinion flamande une Flandre entretenant la Wallonie à grands frais, alors que nous avons une histoire commune et un passé qui vit la Wallonie aider la Flandre, on peut avoir des doutes sur l’esprit de solidarité en Europe.
Dans la logique du marché, les pays qui vont mal sont responsables et doivent donc se débrouiller. C’est comme si, passager du Titanic, je voyais sans réagir la partie la plus exposée s’abimer bientôt dans les flots, me trouvant du côté sec et momentanément en sécurité.
Si jeudi soir, on ne trouve pas la parade à cette sottise vénérée par la droite comme une vérité première, les Grecs avec 30 % de chômage des jeunes et l’Espagne avec 44 %, d’ici le premier trimestre 2012, sans relance de l’économie, pourraient atteindre 60 % , ! Alors amis lecteurs, on pourrait avoir une émeute généralisée dans ces pays, avant que d’autres suivent.

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La crise, qui a dévasté la planète financière, suite à la chute de la banque Lehman Brothers en 2008, est loin d’être finie. Ce qui se passe aujourd’hui n’est qu’une suite. Ceux qui ont dit le contraire sont de fieffés menteurs.
Depuis 2008, les organismes de crédit et les banques manipulent et trompent les gens sur leurs biens, et spéculent sur l’espoir d’un argent facile, en oubliant de dire que plus il est facile, plus il est risqué.
Après la bulle immobilière noyant d’hypothèques impayées les organismes bancaires, l’esprit créatifs des banquiers a contourné les normes de prudence base de toute bonne gestion.
La droite capitaliste a applaudi, la gauche a suivi. C’était le désastre assuré.
Aujourd’hui les banques, à peine relevées de pertes historiques et alors qu’elles avaient reçu des aides gouvernementales, accordent des bonus monstrueux aux dirigeants de ces entreprises ! On a délégué chez certaines banques des individus comme Dehaene, ministre d’Etat, qui s’y est rempli les poches, sans rien faire pour qu’elles ne replongent à nouveau…
On a envie de dire, que puisque gauche et droite sont d’accord, la seule conduite à avoir est de balayer tout ça… de faire autre chose. Oui, mais avec quel consensus, puisqu’apparemment si on revotait en Belgique, on remettrait les mêmes en selle et peut-être pire ?
Alors, quoi ? S’en foutre ?

Commentaires

Si c'est sur les prédictions d’Attali que vous vous basez pour écrire cet article, alors nous pouvons dormir en paix! Attali étant (avec Paco Rabane) le champion des prédictions erronées!

Évidemment non.
J'ai cité Attali pour l'anecdote et aussi, comme il se trompe sur tout, peut-être arrivera un jour où il mettra un terme à la loi des séries ?

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