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Monsieur Viktor

Il fallait s’y attendre. Sans avoir jamais tenté de réaliser un semblant d’Europe sociale, avec la montée des droites et l’alignement des gauches sur le programme convenu de la société libérale, rien n’interdisait qu’un jour dans un petit Etat test, une droite extra dure prenne le pouvoir et finisse par ses excès de scandaliser tout le monde.
C’est fait aujourd’hui avec la Hongrie de Monsieur Viktor.
Viktor Orban, c’est de lui qu’il s’agit, en s’alliant à pire que lui, s’est farci la Hongrie avec une majorité suffisante pour se tailler une nouvelle constitution, qu’il sera difficile de changer par la suite, tant la gauche et le centre seraient incapables de réunir la majorité requise des 2/3, même s’ils étaient l’alternative aux excès de Monsieur Viktor.
L’Union européenne est emmerdée par son avatar de droite hongrois, exactement comme l’épicier qui ne s’est jamais occupé que de la vente de ses petits pois, sans s’intéresser au salaire de la vendeuse et qui se retrouve au tribunal du travail. Ici, le tribunal, c’est l’opinion déjà traumatisée par la récession et toutes les joyeusetés d’un système à ses limites.
Ce cas de figure n’est pas prévu par les Traités européens. C’est tout le drame de l’Europe qui perd, mine de rien ; chaque Etat n’en faisant plus qu’à sa tête.
C’est ainsi qu’Eloi Di Roublardo, notre humble et talentueux premier ministre, envoie l’Europe se faire foutre, alors qu’elle vient de lui retourner sa copie du budget dont elle estime faux le déficit calculé par notre gouvernement.
C’est un pas d’Elio vers Viktor qui estime que l’Europe n’a pas à s’occuper de ses oignons.
A noter que l’Europe et Elio se trompent. A voir les affaires comme elles tournent, l’erreur d’Elio sera encore plus grande que celle que l’Europe a chiffrée.
Pour en revenir à la Hongrie, il paraît que la nouvelle version de l’Etat a fait revenir les agents des services secrets dans la rue, comme au bon vieux temps de Kadar puis de Miklós Németh.
C’est curieux comme d’un bord à l’autre, les méthodes se ressemblent, alors que les doctrines divergent !
Vous me direz, une loi qui rend les sans-abri éventuellement passibles de peines de prison, résout les problèmes de logement, certes, mais de telle manière qu’on préfère encore la belle étoile.
Idem pour les sans-travail, Viktor les oblige de travailler sur des chantiers publics. Je sais bien que notre droite bien nationale en rêve aussi, mais tout de même, on fait un pas vers les camps de travail, le travail obligatoire et pourquoi pas pour bientôt, le baraquement collectif avec des barbelés autour ?
Evidemment, ce sont les Roms qui sont visés. En Belgique, pour Monsieur Bart, ce serait les Wallons.
On voit bien comme le capitalisme aux abois use d’expédients, selon la formule de tout régime totalitaire qui se voit controverser.
La Belgique n’est pas la Hongrie, mais qui sait ?

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L’opinion hongroise n’étant pas suffisamment manipulée, Viktor a procédé à des purges dans les instances de la télé, déplacé des journalistes et licencié les plus récalcitrants, regroupement des radios, télévisions et agence de presse nationale en une seule entité supervisée par un Conseil des médias dirigé par une créature de Viktor Orban.
Bruxelles maîtrise bien jusqu’à présent l’opinion. Celle-ci, bien travaillée par des médias complices, est favorable aux efforts à fournir et à la chasse aux chômeurs « qui ne veulent pas travailler ». Mais, jusqu’à quel point ? C’est toute la problématique de Monsieur Elio qui pourrait se transformer en Monsieur Viktor si les circonstances l'y poussaient. Son parti croupion ne serait pas contre. Un congrès bidon, et hop, ce serait emballé et pesé. La dérive d’Elio deviendrait le nouvel axe socialiste du pacte de gouvernement.
La vraie gauche se réveille en Hongrie, encore un peu sonnée et surprise du dérapage de ce gouvernement qu’elle a quand même élu.
Mais, c’est comme en toute chose, et la Belgique n’y échappe pas non plus. Ce n’est pas le peuple qui gouverne, mais ceux qui le font en son nom et souvent contre lui.
C’est pourquoi, ne nous réjouissons pas trop vite que c’est en Hongrie que cela se passe. Tous les pouvoirs se ressemblent quand ils sont aux abois.
Comme Monsieur Viktor, Monsieur Elio vient de dire « non » à l’Europe.
Dorénavant, il ne faut plus chercher une opposition entre la gauche et la droite susceptibles de faire des ministres et de gouverner. L’opposition est ailleurs. Elle est en-dehors du système.

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