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La morale aux chiottes.

Les récents et les moins récents déménagements de nos élus, vers des cieux plus cléments, ouvrent une interrogation qui touche à la morale et qui n’a été relevée par personne.
Cela tient à une confusion regrettable entre exercer un métier et être parlementaire.
A la recherche d’un emploi, on ne place pas en premier lieu l’aspect moral du métier que l’on va exercer, ni encore moins l’éthique de l’entreprise et l’honnêteté de ses dirigeants. Ce qui importe, c’est de gagner sa vie, en échange de sa force de travail.
La représentation des concitoyens n’est pas du même ordre. Elle devrait être tout le contraire. Or, elle ne l’est pas. On assiste à une compétition entre des individus pour une place convoitée, qui ressemble à un entretien d’embauche.
C’est la raison pour laquelle les président(e)s de parti sont si courtisés. Ils jouent le rôle du chef d’entreprise. Ils font et défont des carrières.
Les déménagements de titulaires entrent dans une stratégie pour l’emploi, visant à un positionnement meilleur.
Le premier but de la politique n’est-il pas de représenter une population dont on est issu, parce qu’on la connaît le mieux, parmi laquelle on a vu le jour et/ou vécu une grande partie de sa vie ?
Les déménagements stratégiques ne nous disent-ils par le contraire ?
Alors que les pires turbulences sociales, dues à une économie mondiale complètement détraquée, sont à venir, il est grand temps de retrouver en politique le chemin de la vertu (Robespierre) et de l’exemple venu d’en haut, "la révolution sociale sera morale ou elle ne sera pas" (Charles Péguy).
Voilà une première règle morale dont semble s’émanciper les élus sans état d’âme.
Les sacrifices, qu’on nous promet, doivent être proportionnés à la capacité contributive de chacun. Ceux qui décident de ces sacrifices ont deux obligations, pour être crédibles. Ils doivent montrer l’exemple, en ayant conscience qu’ils vivent des contributions du public ; et ils doivent se compter parmi les hauts revenus.
L’affaire des 5 %, les explications de Chastel, le silence de Di Rupo, le train de vie de l’Etat, les cumuls, montrent à suffisance que les élus vivent désormais au-dessus de NOS moyens !

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Dans ces conditions, comment veulent-ils rester crédibles ?
Et comme l’opposition de droite et surtout flamande n’offre, en cas d’alternance, que plus de restrictions (lire les discours de De Wever), comment ne pas voir qu’une pareille situation ne peut pas rallier la population dans un sursaut national, puisque la donne est truquée ?
Il faut mettre un terme aux abus existant, qu'il s'agisse du cumul des indemnités publiques, de l'opacité en matière de frais de représentation et de patrimoine.
Les déclarations de patrimoine sont insuffisantes. Elles ne sont contrôlées par personne. Certains, comme les Happart, n’ont jamais voulu s’y plier. Pourtant, ces mystères entourant cet argent, somme toute public, devraient être levés et ce qu’ils révèlent contrôlés par des journalistes, dont ce devrait être en grande partie le métier.
Pourtant, le désir de servir ce pays honnêtement existe toujours.
Mais, les immoralistes profitent de l’honnêteté d’autrui pour se cacher derrière la vertu collective. Ils se pavanent aux premières loges. Quand on leur fait remarquer que leurs fils rejoignent le peloton des élus, ils nous rétorquent « que ce n’est pas une tare d’avoir un père qui fut ministre ».
Et cela n’en devrait pas être un, si ce n’est qu’en étant trop répandue, cette chose est ambivalente. Elle dissimule plus d’imposteurs que de gens honnêtes.
Où et dans quelle conscience, les mots de Léon Blum «Le socialisme est une morale, presque une religion" résonnent-ils encore, dans les milieux faisandés de la direction du PS ?
Et dans quel genre d’école le MR a-t-il puisé les fondements du libéralisme d’un Adam Smith, tant cité, qui passa sa vie à concilier économie et éthique et qui écrivit à la fin de ses jours « Si nous désirons la richesse, ce n’est pas pour des satisfactions matérielles illusoires qu’elle peut nous donner. C’est parce qu’elle nous apporte l’admiration des autres, une admiration teintée d’envie ». Evidemment, au vu des « carrières » libérales, on peut aussi estimer que l’amour de l’argent, pour le confort et le ragoût de vivre au-dessus de la condition moyenne, coïncide avec l’admiration teintée d’envie qu’il suscite.
Si pour commencer, ceux qui diffusent les nouvelles de nos élus, les critiquaient plus qu’ils ne les encensent, peut-être que le public deviendrait plus intelligent !

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