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Romney ou Santorum ?

Obnubilés par la crise, nous voilà stupéfaits de l’incapacité du gouvernement à faire payer les responsables de la panne du système, les événements venus d’ailleurs s’empilent les uns sur les autres, et nous n’en extrayons que quelques nouvelles violentes ou apaisantes ; c’est à peine si nous jetons un regard sur la sarkozye et la préparation de l’électorat français à l’élection de Hollande ou la réélection de Sarkozy.
Et l’Amérique dans tout cela ?
Obama a disparu des grandes manchettes des journaux, depuis qu’il a déçu l’électeur belge de gauche et conforté celui de droite dans son incapacité de booster l’économie américaine pour un nouveau départ. On lit bien, de loin en loin, quelques lignes sur les caucus républicains, mais on a perdu pied dans la course à l’investiture d’un candidat républicain à la Maison Blanche. En fait de nouvelles de là-bas, on bute sur les commentaires enthousiastes de « The Artist » et la joie de Dujardin aux Oscar.
Les journaux ont pratiquement fait l’impasse sur la campagne présidentielle américaine.
Pourtant, il s’y passe des choses intéressantes et assez semblables à notre gestion embarrassée de la crise européenne, à bien des égards, proche de la nôtre.
Afin de rendre les choses plus familières, on pourrait imaginer un duel Bayrou, président démocrate des Etats-Unis (Hollande est trop à gauche pour les USA) et ses deux challengers républicains, Mitt Rommey, l’équivalent de Nicolas Sarkozy et Rick Santorum qu’incarnerait très bien Marine Le Pen, quoique du sexe opposé.
Les prétendants républicains sont nombreux et d’horizons variés. Je ne retiendrai que ces deux là. Ce sont les « clients » les plus sérieux pour la présidence.
On pouvait penser avant les premiers votes par les Etats, que cela aurait été une promenade de santé pour Rommey.

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Si les électeurs républicains ont tant de mal à sélectionner un candidat pour faire face à Barak Obama, le 6 novembre, c’est parce que Mitt Romney a beaucoup de mal à s'imposer dans une Amérique confrontée aux préoccupations économiques et sociales.
Au départ, Romney, grosses fortunes, belle gueule, marié à une blonde plantureuse était placé gagnant certain, dans une lutte avec une autre belle gueule, grosse fortune et femme oxygénée ; mais, et c’est la nouveauté de la crise, ses outsiders sont Newt Gingrich, financé par un milliardaire qui peut allonger en cash 100 millions de dollars pour la campagne, dont l’étoile vient de pâlir soudainement devant plus hyper conservateur que lui : Rick Santorum.
Alors là, c’est du concentré de Bush père et fils.
En gros, mort aux taxes, vivent les dividendes et point d’orgue final : l’Amérique a toujours raison d’aimer les plus riches. On voit que Rommey peine à conserver une faible avance dans la vague conservatrice en réaction au chômage galopant et à la désindustrialisation de l’Amérique dans ses points forts : l’automobile et la chimie (les textiles voilà longtemps que c’est fini). Même l’Etat du Michigan dont il est originaire n’a pas fait confiance à 100 % à Rommey, les 30 délégués de cet Etat ne vont pas en bloc au vainqueur mais, à égalité presque avec Santorum.
Voilà qui fait l’affaire d’Obama me direz-vous. Pas nécessairement, car ce qui se passe aux USA est révélateur de la désespérance des foules qui ne savent plus à quel parti se vouer, ni surtout à quelle conviction se rattacher.
Rommey n'arrive plus à convaincre un électorat en proie au chômage et à l'insécurité économique. Son passé de milliardaire lui colle à la peau. Leah Pisar (Les dieux sont-ils tombés sur la tête?) rapporte que « …la semaine dernière à Detroit, la capitale automobile du Michigan, qui souffre tant de la crise, il n'a rien trouvé de mieux à faire que d'énumérer le nombre de voitures américaines qu'il possède. Celui qui se voulait un bon patriote, n'a pas compris combien le fait de décrire les deux Cadillac qu'il a offertes à sa femme choquait ses auditeurs. »
Santorum, comme Marine Le Pen, fait feu de tout bois. Il plaît même aux plus démunis qui ne voient pas en lui le démagogue sans conviction bien arrêtée, mais celui qui va rendre confiance et refaire de l’Amérique le leader incontesté de l’économie mondiale. Bref, il promet tout ce qu’on veut, en échange des voix qu’il puise n’importe où. A y regarder de près, c’est le leader d’une Amérique qui croit toujours dur comme fer que la liberté de faire n’importe quoi pour devenir riche ne doit, en aucune façon, subir des empêchements de l’Etat et de la morale, quand elle se mêle de donner des leçons aux riches sur la nécessité d’aider les pauvres. Les pauvres sont même utiles, puisqu’ils montrent « l’état désolant de ceux qui ne travaillent pas ».
Les Républicains montrent de la résignation pour le candidat du pire. Ils ont le même embarras que les Européens face à l'économie qui marque le pas, à l'emploi, la croissance en panne et la dette colossale. Ils ressentent aussi une absence de programme dans le débat international, que va-t-on faire demain avec l’Iran, et comment les USA comptent-ils finir la guerre en Afghanistan ? Bref, aucun débat de fond, un peu à la manière dont Di Rupo est venu à bout en Belgique de 541 jours de tergiversations, sans que l’on sache vers quelle société nous allons.
Le fameux Super Tuesday du 6 mars nous en dira un peu plus sur ces élections entre républicains, avec ses 10 primaires simultanées.

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