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Question de courage…

Questions à la Une de la RTBF, avec un titre accrocheur « Faut-il craindre la montée de l’Islam », n’a pas fait que des heureux, malgré le bon travail de Deborsu apprécié par tout le monde pour sa liberté de ton. Philippe Moureaux, et Madame Laanan, sont parmi ceux qui n’ont pas apprécié. Le premier l’a dit dans des propos incendiaires, la seconde le dit sans le dire, mais qui n’en pense pas moins, dans une réaction molle, à l’image de ses petits nounours du nouvel an.
Faut-il y voir chez l’un, un mariage mixte, qui l’aurait conduit à traduire à sa manière « la paix des ménages » et chez l’autre, un inaltérable amour des origines, le tout accommodé à la sauce d’une politique opportuniste ? Voilà qui serait de nature à tempérer « le Goebbels de la Propagandastaffel » de l’impétueux septuagénaire du PS.
Pour une fois qu’un journaliste se déboutonne et montre la vie réelle dans les quartiers rongés par la montée de la misère et de la religion musulmane, il fallait bien que cela soit encore des socialistes qui s’empressent à défendre Allah, source pour eux d’une rentrée de voix des musulmans naturalisés belges. Et c’est dommage d’en arriver à situer le problème à ce niveau, tant nous devrions nous montrer solidaires des populations immigrées qui souffrent plus que toute autre de la crise et du chômage.
A la question « Faut-il craindre la montée de l'islam ? », question majeure aujourd’hui à laquelle des partis, comme le parti socialiste, s’opposent en faisant le jeu des intégristes musulmans pour de basses raisons électorales, il faudrait aussi y adjoindre une autre question « Faut-il craindre le manque de courage des politiques et des journalistes, face à la montée du souffisme ? ».
Question tout aussi importante que la première, tant il a fallu la réaction imbécile de Moureaux pour que ce problème de la laïcité, dans un système démocratique asphyxié par une religion exclusive, fasse l’objet de commentaires indirects. Et encore, l’outrance de Moureaux a-t-elle rendu service aux journalistes qui craignent de s’aventurer dans le domaine du sacré. Ils étaient soulagés de ne parler que de la vulgarité des propos tenus, redoutant d’en faire trop sur le fond.

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C’est le cas de David Coppi, journaliste au Soir, dans le 11 h 02 du jour :
« Oui, Moureaux a dérapé, oui, il a dépassé les bornes sur ce point. Bien que les propos exacts du bourgmestre de Molenbeek ne soient pas aussi directs, on comprend clairement ce qu’il a voulu dire. Les allusions au nazisme ou encore à la désinformation qui régnait sous Goebbels, c’est aller trop loin. Déceler dans le reportage de « Questions à la Une » des connotations islamophobes est une chose, rapprocher ses journalistes à la propagande nazie en est une autre. Maintenant, on le sait coutumier de ce genre d’interventions, mais certaines comparaisons sont à éviter. Celle qu’il a faite ne peut être assumée ni par le politicien qu’il est, ni par ses connaissances d’historien. Ce n’est que comme formule provocatrice qu’il peut la défendre. ».
Rien, strictement rien, sur ce que David Coppi a retenu de ce reportage. Que Moureaux ait déconné à Maghreb TV on s’en fout, Deborsu a-t-il, oui ou non, soulevé un problème important, celui de la laïcité dans une démocratie ?
Le journaliste n’y répondra pas.
Martine Simonis, la secrétaire générale de l’Association des Journalistes Professionnels (AJP) a beau s’indigner «Informer sur les religions devient, et pas seulement en Belgique, de plus en plus difficile pour les journalistes. Les propos inacceptables de Moureaux contribuent à rendre impossible un débat serein sur ces thèmes et ils sont en outre dangereux pour la profession », on reste convaincu que le sujet n’est pas traité comme il le devrait par manque de courage. Le reportage de Deborsu était pourtant une occasion à saisir.
Les journalistes belges ont perdu le courage par inadvertance pourrait-on dire. La perte de courage, c’est comme une maladie. Elle survient insidieusement, puis s’installe comme une évidence qu’on n’aurait su éviter. Cette infirmité est de confort. On s’y habitue plus vite qu’une initiative qui est une forme de vitalité dont le journalisme a le plus besoin.
La volonté est quelque chose d’organique.
Comment apprendre le courage dans une profession rongée par le sous-emploi, employant des pigistes jamais nommés, sous la menace d’un coup de gueule d’un industriel « qui a le bras long », employés par une direction qui poursuit d’autres buts que celui d’informer, estimant avec ses intérêts personnels ce qu’elle décide d’être de l’intérêt général !
Le public sans le savoir a répondu à ce manque de courage par un doute devenu universel sur l’information de la grande presse, des télévisions et des radios.
Comment redonner confiance ?
En prenant courageusement les informations comme elles viennent et en n’hésitant pas de les traiter à contresens s’il le faut, de l’opinion des partis, des médias et des vérités officielles.
Bref, de quoi se faire lourder du Soir vite fait !
En créant Mediapart en France, certains journalistes ont répondu à cet inconvénient. Par cet exemple, on revient au courage…

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