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Une Europe à vomir !

Dis-moi d’où tu viens, et je te dirai qui tu es.
Plus difficile à faire qu’à dire. S’il y a des dissimulateurs se sont bien les économistes qui nous infligent leur présence dans les médias et qui feignent de nous parler au nom du bon sens, alors que la main sur le cœur ils n’oseraient jurer, qu’ils ne sont pas motivés par autre chose que leurs convictions.
L’économiste Olivier Pastré tempête dans Le Monde (1) contre les projets visant à sortir de la monnaie unique européenne. Il se donne pour mission d’expliquer aux Français les plus fragiles et les plus soumis à la désinformation, quels sont les risques d’un abandon de l’euro.
Il est présenté dans le journal en qualité de professeur d’économie à l’université Paris-VIII.
En manipulant la souris sur Internet, on se rend compte que Pastré préside aussi la banque tunisienne IMBank, est présent dans le conseil d’administration de la banque du Crédit municipal de Paris (CMP Banque), à l’Association des directeurs de banque, et enfin à l’Institut Europlace de finance. Il est vraisemblable que la liste ne s’arrête pas là. Pour en savoir davantage, il faudrait peut-être y consacrer plus de temps. Cependant le palmarès est déjà suffisamment fourni pour rendre plus ou moins suspecte la croisade de Pastré pour l’euro !
Qu’à cela ne tienne, il intervient chaque samedi matin dans l’émission de France Culture « L’Economie en questions », dont il est coproducteur.
Je ne mets pas en doute la sincérité d’Olivier Pastré en écrivant cela. Ma remarque porte sur la difficulté du public de se fonder une opinion sur les thèses touchant à l’économie de quelqu’un qui volontairement ou non cache une partie de ses casquettes.

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On pourrait étendre ce petit jeu à l’ensemble des techniciens « économie, justice, social ». Dans une société comme la nôtre où le travail en solitaire et sans appui est quasiment impossible, les professeurs de ci, les porte-paroles de ça, viennent tous de quelque part là où ils gagnent leur vie et où – selon toute vraisemblance – ils sont payés pour étoffer le discours de l’institution qui les nourrit, et non pour être le soir le contraire de ce qu’ils sont le jour.
Même les universités n’échappent pas à cette normalisation des esprits dans le sens de l’orthodoxie libérale. Je dirais même plus, les universités reproduisent l’opinion majoritaire sans état d’âme.
Or, l’opinion majoritaire est faite justement par des éléments pêchés dans les journaux, dans des conférences-débats, des émissions de radio et comme dans l’actualité de l’élection présidentielle, par des séances télévisées
Depuis la rentrée 2011, François Lenglet est journaliste économique de BFM TV et directeur de la rédaction de BFM Business. Il est considéré comme un esprit libre. L’est-il réellement et le peut-il ? C’est lui que l’on voit régulièrement sur le plateau de « C dans l’air » et à l’occasion de la campagne présidentielle dans « des paroles et des actes » qui met en scène des candidats à l’élection présidentielle.
Justement dans l'émission Des paroles et des Actes, sur France 2, le 12 janvier dernier, François Lenglet a opposé à Jean-Luc Mélenchon un argumentaire appuyé sur plusieurs graphiques sortis d’une farde qu’il gardait sous le coude. Dans cette note, la commission économie du Parti de Gauche décrypte quatre "erreurs" !
Sans entrer dans les détails, il faut convenir que Lenglet en produisant d’une certaine façon ses graphiques dans l’intention de prouver ses propos, est au service d’une cause qu’il croit juste – et c’est son droit – mais qu’il défend avec des graphiques qui le sont moins.
Comment le téléspectateur ne serait-il pas « contaminé » par des propos tenus sur des matières difficiles dont il ne connaît pas les techniques, par des gens qui dirigent BFM business ou, comme en Belgique Martine Maelschalck de L'Écho, quotidien d'information économique et financière qui appartient à Mediafin, (Le Soir, De Morgen, etc.) ?
Que doit-il faire, le malheureux ? Faire confiance à ceux qui ont l’air de s’y retrouver ? Partager leurs convictions et se faire rançonner comme au coin d’un bois et excuser les rançonneurs ! Finir, en fin de compte, par trouver normal un travail moins rémunéré, des taxes qui augmentent et un niveau de vie qui décroît ?
Parce que c’est de cela qu’il s’agit dans ce domaine particulier de l’économie !
Tous ces économistes ont un point commun : ils ne veulent pour rien au monde changer la donne, modifier les règles, renverser les lieux communs du libéralisme !
Ils abhorrent tout défenseur d’une pensée moins contrainte par les profits, au nom d’une catastrophe que cela serait, si un vrai socialisme s’emparait du pouvoir financier. En attendant, ils agitent le spectre des désastres à venir avec une économie « socialisée », en essayant de camoufler les désastres réels de la crise d’aujourd’hui.
Avec le concours des médias, ils ont réussi jusqu’à présent à maintenir l’opinion dans la survivance de leurs vieux mythes. S’il le faut, ils ressusciteront l’ogre rouge le couteau entre les dents.
Ce soir même, à l’émission « C dans l’air », les journalistes étrangers qui entouraient Yves Calvi trouvaient les Français frivoles, légers… Dans leurs pays, l’extrême gauche avaient cessé d’exister au nom du libéralisme responsable, la gauche était centriste en diable et prête à tous les sacrifices pour rembourser la dette aux banquiers. En France parmi les dix candidats à l’élection présidentielle, deux n’étaient pas à leur place. La belle Sylvia de Sazars de Montgaillard s’accordait avec les autres pour trouver Nathalie Artaud et Philippe Poutou « originaux et illuminés ».
Au contraire, avec ces clowns à paillettes rassemblés autour de Calvi, cette Europe là me donne envie de vomir !
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1. Du journal Le Monde : « Christian Saint-Etienne s’affiche comme professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) sur France 24 et comme économiste et analyste politique dans les colonnes du Point. Jamais comme conseiller scientifique du Conseil stratégique européen, un cabinet de conseil en gestion de patrimoine. Elie Cohen, conseiller de M. Hollande, est « directeur de recherche » au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et professeur à Sciences Po sur France Inter ou dans Le Figaro. Jamais membre du conseil d’administration des entreprises Pages Jaunes ou EDF Energies nouvelles. Jacques Mistral ? Economiste dans les colonnes du Monde et sur France Culture, ou directeur des études économiques à l’Institut français des relations internationales (IFRI) dans l’émission « C dans l’air » (France 5). Pas administrateur de BNP Paribas Assurance. Daniel Cohen, conseiller de Mme Martine Aubry, se montre plus discret sur son titre de senior adviser de la banque Lazard — qui conseille par exemple le gouvernement grec sur la renégociation de sa dette — que lorsqu’il s’agit de rappeler sa qualité de professeur de sciences économiques à l’Ecole normale supérieure et à l’université Paris-I. » etc…

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