« Poppée et… Desiderius ! | Accueil | Physique et éthologie. »

Les traders ont un nouveau champion !

L’étonnant dans la dérive financière, c’est de voir l’Europe politique se comporter en fonction des soubresauts de la Bourse, comme si celle-ci était un double de Barroso, et les Agences de notation, un premier ministre bis de chaque Etat membre !
L’histoire récente de la Grèce et des pays à sa suite dans sa descente aux enfers, nous montre l’Europe quasiment à l’agonie, déléguer Van Rompuy pour supplier les Grecs d’accepter le nouveau plan de rigueur.
Comme les Etats-Unis sont dans l’attente de ce que décideront les financiers pour les mêmes raisons que nous, ils sont tout heureux que l’actualité braque ses projecteurs sur la seule Europe, ainsi ils pensent échapper au jugement des Agences et à la méfiance des Bourses.
Pourtant ça déménage pas mal aux Etats-Unis et la tuile qui nous est tombée sur la tête en 2008 « made in USA » pourrait avoir une sœur à l'identique. La semaine qui s’ouvre devrait nous faire savoir si 2012 sera de la même cuvée. En attendant, tout le monde est d’accord que les banques deviennent de plus en plus insupportables, sans oser le leur dire.
La banque JP Morgan Chase, la première banque américaine en termes d'actifs, annonçait après la clôture de Wall Street, une perte de courtage de deux milliards de dollars (peut-être trois). Cette perte serait due à un trader français (encore un !), Bruno Iksil, surnommé « la baleine de la City » ou encore "Voldemort", nom du magicien ennemi de Harry Potter. De quoi rendre jaloux Jérôme Kerviel, le trader qui mit presque en faillite la Société Générale, par des achats massifs et inconsidérés de produits toxiques.
A l’ouverture de la bourse de NY, JP Morgan perdait 9,03 % à 37,06 dollars. A 16 h 30, l'action ne s'était toujours pas reprise, cédant encore plus de 8%. Conclusion intermédiaire – ce n’est pas fini - JP Morgan vaut aujourd'hui 14 milliards de dollars de moins qu'hier !
C’est la plus lourde perte de courtage aux Etats-Unis depuis la crise des subprimes de 2008.
Qu’avons-nous à voir dans le micmac me direz-vous ? Mais tout, puisqu’il existe l’effet domino qui a très nettement accéléré les culbutes en 2008.
Sauf que, si à grand peine on éponge toujours les effets casino de la perte de 2008-2009 à grands renforts d’aides des Etats, une deuxième crise de cette ampleur en 2012 n’est plus possible. Les Etats sont exsangues. La récession a fait des ravages. La croissance forte qui pourrait sauver les industries est exclue. On assisterait donc à une cascade de faillites des banques et des millions d’actionnaires, comme des millions de pensionnés rentiers, seraient sur la paille, entraînant des fermetures d’entreprises en masse.
Mieux que Kerviel, Voldemort serait l’Armageddon des temps modernes. C’est lui qui serait sur le point de creuser le tombeau du capitalisme mondialisé, dans lequel disparaîtraient quasi totalement le système économique et l’idée libérale que l’on s’en fait.
Le patron de JP Morgan, Jamie Dimon, a commenté la catastrophe en énonçant des erreurs et un manque de rigueur, concluant par une autocritique rarement entendue "Nous avons été stupides".

68f100.jpg

Depuis quelques temps les électeurs pensent que les banquiers ne sont pas stupides tout seuls, quand on sait comment les Etats leur donnent quitus de tout ce qu’ils entreprennent, que le public les suit et, même s’il traîne les pieds, il s’en va quand même déposer des fonds chez des gens déclarés stupides !
« C'est le troisième "frenchie", après Fabrice Tourre et Jérôme Kerviel, à se faire connaître de la finance mondiale pour avoir fait perdre des milliards à son employeur (Huffington Post). »
L’affaire de JP Morgan tombe au plus mal pour les USA. Obama comptait sur un redressement du dernier trimestre pour être réélu facilement, et faire croire que l’incendie de la dette n’est pas éteint, mais est circonscrit et contenu.
L’effet domino se fait déjà sentir et pourtant la perte est toute fraîche. De grosses banques américaines enregistraient de fortes chutes : Bank of America (-2,21% à 7,53 dollars), Goldman Sachs (-3,89% à 102,19 dollars), Morgan Stanley (-4,55% à 14,89 dollars) ou Citigroup (-3,62% à 29,54 dollars).
Une bonne chose pourtant : les stocks de brut sont à leur plus haut niveau depuis 22 ans aux Etats-Unis. Le baril à la baisse devrait faire diminuer le prix des carburants à la pompe, à moins qu’un intermédiaire ne rafle la mise, comme cela s’est déjà vu.
L’inquiétude pour l’Europe reste évidemment la Grèce. C’est clair que le marché américain compte sur les péripéties de l’euro et la quasi faillite de la Grèce et peut-être de l’Espagne, pour faire oublier que le dollar est la monnaie la plus endettée au monde.
Peut-être va-t-on revoter en Grèce, suivant une technique d’une démocratie qui fait voter autant de fois qu’il faut pour obtenir une majorité qui correspond à ce que veulent les Autorités.
Je souhaite à François Hollande bien du plaisir pour son entrée au club de l’Europe ultra capitaliste.

Poster un commentaire