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Le cas Martin.

On a eu droit à toutes les invectives, toutes les diatribes au sujet de Michelle Martin. Fallait-il, ou non, accéder à sa demande de libération conditionnelle ?
Cette libération possible produit son effet dans l’opinion publique. L’impact énorme de l’affaire Dutroux est toujours aussi cruellement ressenti.
On ne ferait pas tant d’histoires pour une immonde crapule dont le procès n’aurait pas été sur toutes les gazettes, diffusé dans tous les médias.
Voilà bien la preuve de l’influence des gens qui nous informent. De l’importance des manchettes dépendra un autre procès, en-dehors du procès lui-même, celui de l’opinion publique !
Ici, on voit bien l’importance de l’opinion publique malgré le baratin qui entoure l’indépendance de la justice. C’est évident que les juges en tiennent compte. Ils l’ont ménagée en refusant plus d’une fois la remise en liberté de Michelle Martin, alors que, par sa conduite, elle y avait droit.
Ceci dit, ce dont a été rendue responsable Michelle Martin est ignoble et inqualifiable. Eût-elle accompli le même forfait sur des personnes âgées, que l’opinion publique l’aurait oubliée. Elle aurait été libre depuis cinq ans et se serait remariée avec n’importe qui dans l’anonymat, aurait tondu sa pelouse et donné son opinion à la voisine, par-dessus la haie, sur la dangerosité des étrangers dans nos villes et nos villages.
Porter atteinte à l’intégrité physique d’enfants est une transgression qui ne se pardonne pas. Elle a touché au tabou très tendance sur la protection de l’enfance.
Un automobiliste, ayant fauché des scouts en file indienne sur une route de campagne, n’a pratiquement pas fait de prison. Les dégâts sont importants. Des morts, mais la malchance ou la maladresse sont des circonstances à décharge pour des conducteurs qui, d’une certaine manière, sont des meurtriers qui ne sont pas jugés comme tels.
Alors, si Michelle Martin reste en tôle, malgré les dispositions de la loi qui stipulent que dans son cas, elle peut sortir, c’est que l’opinion a estimé qu’elle ne méritait pas qu’on les lui appliquât. Seulement, cela ne se trouve dans aucun code, d’où l’effarement de la justice qui s’effraie que, si longtemps après les faits, l’opinion se souvienne encore des horreurs de l’affaire Dutroux.
Il n’y a pas trente six solutions. La plus raisonnable, c’est qu’on lui lâche la grappe et qu’elle s’efface dans la nature à la seule condition de ne plus jamais faire parler d’elle. Avec la meute qu’elle a aux fesses, cela paraît difficile.
Les autres solutions procèdent de la vindicte publique et du ressentiment.
a) On passe outre à la loi et elle purge l’entièreté de sa peine.
b) On rétablit la peine de mort et par un effet de rétroactes toute la bande à Dutroux passe à la casserole, comme les juges de Vichy ont procédé pour faire plaisir aux Allemands, en exécutant des communistes.
c) On toilette la loi en stipulant que lorsqu’il y a mort d’hommes avec préméditation, les peines deviennent incompressibles.
En vieille routarde des prisons, l’expérience qu’elle en a et les connaissances qu’elle y a nouées, trop âgée pour faire pute et trop jeune pour couler des jours paisibles dans les profondeurs d’une retraite, son compte est bon. Le pire pour elle va commencer.

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A la grande satisfaction de l’opinion publique, elle va peut-être estimer l’horreur de ses crimes : ses enfants partis vivre leur vie sous un autre nom, sans parent et sans ami, un avenir terrifiant dans le mépris de tous, et si les remords lui venaient ? Pourtant, c’est une récidiviste, donc une dure à cuire et une dissimulatrice. Il ne faut pas se faire d’illusion sur son repentir.
Alors, la prison à vie serait peut-être préférable.
D’autant qu’avec l’ambiance actuelle, sa vie est plus en danger dehors, que dedans.
Ce qui a le plus scié Jean-Denis Lejeune et qui me surprend aussi, c’est l’absence d’émotion sur son visage de cire, son manque d’explications de son rôle dans les extravagances criminelles de Dutroux. Qu’a-t-elle fichu en tôle pendant seize ans ? Du tricot ? S’est-elle intéressée à quelque chose ? Peut-elle s’exprimer sur son action par rapport à la morale ?
Oui cette femme est une énigme. Elle nous aura frustrés de sa part de vérité.
Oui, qu’elle aille au diable ou chez les sœurs, et qu’on n’entende plus jamais parler d’elle…
Dommage que pour ce cas, il y ait des journalistes- voyeurs.

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