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Les rédactions sont en vacances.

Nos mentors de la nouvelle – bonne ou mauvaise - des gazettes et des télévisions le voudraient bien ; mais, le monde ne s’arrête pas de tourner parce que le personnel se dore au soleil, les pieds dans l’eau.
Qu’importe, il faut quand même quelqu’un devant les machines à recracher l’événement.
Les voltigeurs de presse font les petits trajets, les agences d’information, les grands.
C’est ainsi que depuis que Papa Daerden a rendu son tablier, l’un ou l’autre Rouletabille descend de Bruxelles sur le plateau d’Ans, histoire de récolter quelques témoignages qui sont à la gratitude des foules, ce que les chrétiens déposaient jadis dans des chapelles, qui n’étaient pas ardentes, sous forme d’ex-voto.
-Sous des allures désinvoltes (le mot n’est pas de l’interviewé) Papa était un homme de cœur.
-Je suis toute retournée (ce n’est plus à la force des bras du défunt), il m’a relogée dans une maison de la commune. Je ne l’oublierai jamais.
Tout ça est gentillet, ne mange pas de pain et n’exige pas un lourd matériel. Une Citroën C1 pour la caméra, le son et l’homme devant l’objectif pour la glose, et c’est plié !
On a de la fourniture jusqu’à lundi, jour J de l’éternel départ !
Mais les gros trucs en extérieur ?
C’est là qu’on voit ce que la presse écrite et la presse télévisée n’ont plus en Belgique : de grands reporters capables de prendre des risques et de nous ramener des prises de vue perso avec les commentaires autour, dans des situations où ça pète de partout et où il vaut mieux passer inaperçu de certains régimes autoritaires, qui n’aiment pas les étrangers.
Est-ce beaucoup trop cher, pour les équilibres financiers défaillants de nos journaux ? Ou parce qu’il n’existe aucune volonté de regarder ce qui se passe dans le monde par nous-mêmes ?
Les Agences qui fournissent la matière font à leur manière. Cela ne signifie pas que ceux qui s’exposent sont des farceurs, mais nous n’avons quand même que des impressions de leur point de vue. Un Américain va centrer son article sur ce qui intéresse les Américains et peut-être moins les Européens, il va nous mettre dans la tête une seule impression, alors qu’il devrait y en avoir 36 et recoupées par des avis différents. Un Français ou un Belge n’aurait pas vu la situation de la même manière.
Nous sommes devenus Américains dans notre vision du monde sans le savoir !

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Bref, du point de vue international nous faisons dorénavant confiance à des gens que nous ne connaissons pas. Tout ce que nous savons, c’est qu’ils sont pro occidentaux, pro américains évidement, partisans de l’économie mondialisée et pour une démocratie représentative par la pluralité des votes.
Autrement dit, nos informations sont formatées, calibrées et favorables aux USA.
Cela s’est vérifié encore dans les affrontements du mercredi 8 août, entre pro palestiniens et l’armée égyptienne dans le désert du Sinaï.
Les informations dans lesquelles, même de manière indirecte, l’Etat d’Israël est impliqué, font particulièrement tendance dans ce qui a été écrit précédemment.
C’est à tort que l’Etat d’Israël doit être compté dans les démocraties ouvertes, laissant travailler librement les grands reporters. Il y a des zones interdites, des rapports suspects dès que sont impliqués des gens qui témoignent de Gaza ou des colonies d’Israël en Cisjordanie qui, sous le premier ministre, Benjamin Netanyahou, n’ont jamais cessé de grandir.
S’est-on jamais intéressé au sort des Bédouins laissés pour compte et habitants nomades de cette région désertique du Sinaï ? Que faire pour survivre ? C’est ainsi que les Bédouins y favorisent le trafic, dont celui des armes. La répression qui s'en suit crée un cercle vicieux de rejet de l'État. Et puis, il y a les partisans salafistes dont le nombre croit parmi les jeunes à mesure que la situation se dégrade. Sophie Pommier nous l’explique dans des articles de fond. Pourtant elle n’est pas grand reporter. Elle est chercheuse et grande spécialiste de l’Egypte.
Et voilà où le bât blesse chez nous.
Nous n’avons jamais que de gentils perroquets bien parés aux devantures de nos écrans et des journalistes bien poli, un peu dégarni sous la casquette par vingt ans de pantouflages dans nos rédactions. Et qu’interviewent-ils, ces gentils animateurs de nos soirées ? Nos politiciens, avocats roublards qui vendent d’abord la carte postale de leur promotion, des spécialistes à la langue de bois et nourris dans le sérail de la banque et des affaires, des Belges moyens dont la caractéristique est d’être très moyens, ainsi qu’une poignée de syndicalistes qui, comme certains insectes de Provence qui s’en vont par deux et qu’on appelle « gendarmes », ne sont jamais vus qu’avec un casque vert et un casque rouge, toujours ensemble et heureux comme tout.
Nous n’aurions donc chez nous aucun bel esprit, aucun chercheur, aucune pointure, aucun séditieux, aucun contradicteur ? C’est à ce point vide ?
Sommes-nous des attardés mentaux pour que nous nous en contentions ?
Est-ce le destin des Belges de s’informer à des émissions comme C’dan l’air, sur France 5 ? Pourquoi n’est-on pas capable de faire cela en Belgique ?

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