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Une catastrophe annoncée.

L’approche du 14 octobre y est certainement pour quelque chose, les activistes de l’Open VLD qui avaient cru malin de faire tomber le gouvernement Leterme déclenchant la plus longue crise de l’histoire parlementaire de la Belgique, sont en passe de remettre ça en menaçant Di Rupo suite aux propositions du PS de taxer le grand patrimoine.
Théâtre, gesticulation, sans doute, mais aussi lucidité des partis flamands devant l’effrayante perspective de se faire proprement éliminer de la scène politique après les élections communales du 14 et probablement le raz de marée de la N-VA.
En témoigne La Libre à propos de la confection du budget 2013 et de l’envie des socialistes de s’aligner sur des réformes « en douceur » à la François Hollande qui ne plaisent pas aux libéraux.
A la lumière des dérniers événements, on se rend compte que c’est à bout d’idées et de ressources que l’on s’est résolu à la formation d’un gouvernement patchwork et non pas grâce au génie du compromis du bourgmestre empêché et nouveau postulant à Mons, Di Rupo.
On ne l’a pas dit à la formation de la coalition actuelle, mais ce gouvernement, est un expédient. C’était ça ou de nouvelles élections et un désastre certain pour les partis traditionnels. Le seul mérite de Di Rupo était d’être là au bon moment, avec un PS sans autre leader que lui, accrochés aux bottes du montois.
Désastre différé, sans doute, parce que le mois prochain sonnera l’heure de vérité.
Les partis tous rassemblés par la peur s’étaient dits, nous avons quelques mois devant nous pour trouver une parade à la montée de la N-VA. C’est peut-être un engouement passager des Flamands. L’opinion est parfois tellement versatile !
Hélas ! les derniers sondages sont pires que ceux qu’on redoutait déjà !
De ce point de vue, le gouvernement Di Rupo aura été nul, malfaisant même, dans un constat d’impuissance pour régler les problèmes de société et les problèmes économiques, globalisés depuis la mondialisation.

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La naïveté de Wouter Beke et de De Croo fils – le SP n’étant pas concerné par le grignotage de la N-VA ou si peu – c’était de croire que le règlement (approximatif) de BHV allait satisfaire les Flamands qui se détourneraient de l’adulation de Bart De Wever. Apparemment, si la séparation est bien effective, les nouvelles lois sont tellement complexes qu’un juriste moyen pourrait embarrasser n’importe quelle cour constitutionnelle. Il est très facile de faire croire aux Flamands qu’ils ont été roulés dans la farine, même si des efforts ont été faits pour que la séparation soit effective sans léser les parties.
L’erreur, c’est d’avoir traîné trop longtemps pour faire ce gouvernement. Le temps perdu ne se rattrapera pas et dès le départ les délais, avant la première échéance électorale, étaient trop courts pour que le « ja » de Wouter Beke soit payant.
Le CD&V a devant lui l’exemple de la LDD (Lijst Dedecker) pour savoir comment il pourrait se dissoudre dans l’ambiance délétère qui règne en Flandre. A cet égard les interviews des vieilles gloires du parti comme Marc Eyskens sont significatives. On est toujours plus libre de dire ce que l’on pense quand on est près de la sortie pour raison d’âge.
La situation du pays est donc beaucoup plus grave qu’avant le gouvernement Di Rupo. Celui-ci par son effort de complaisance à la cour et aux partenaires libéraux va peut-être faire perdre la majorité absolue des socialistes en Wallonie.
Que son fidéicommis, Laurette Onkelinx, relance la taxation des riches et pique au vif les libéraux flamands, c’est plus qu’une réplique à Didier Reynders qui se croit toujours ministre des finances pour défendre des accords avec la Suisse sur le contrôle des banques, et Van Quickenborne qu’un rien met hors de lui. C’est le constat de l’obsolescence d’une politique de réconciliation nationale dans le culte d’une Belgique bourgeoise et royaliste. C’est la reconnaissance de l’impossibilité de concilier des partis que tout oppose, et que seule la peur de Bart De Wever réuni.
Et la crise dans tout ça ?
Si l’on en juge par les faits, Di Rupo aura été un des plus mauvais dirigeants de l’après-guerre ! Non pas que ce type n’eût pas fait merveille dans un autre climat pour les sociaux-démocrates toujours majoritaires au PS, un peu à la Hollande, mais les circonstances ne le lui ont pas permis.
Il est vrai que l’homme est un artiste incontesté quand il s’agit de tirer son épingle du jeu. Après le 14, il sera intéressant de savoir sur qui le bon apôtre va faire retomber l’échec de sa politique au Nord du pays et chez les socialistes wallons.

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