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La presse est unanime.

Les journaux et les politiques occidentaux sont unanimes : les talibans du mollah Mohammad Omar qui ont détruit les statues géantes de Bamiyan le 26 février 2001, en dépit de la mobilisation internationale, sont des voyous.
Les islamistes d'Ansar Dine, en appliquant la charia au Mali, ont détruit des mausolées à Tombouctou. Ils s’apprêtent sur leur lancée à raser une mosquée. Le prétexte ? Ils agissent en représailles à la décision prise par l'Unesco de classer Tombouctou au patrimoine mondial en péril ! Si leurs compères de Bamiyan sont des voyous, les autres ne valent pas mieux.
La gauche, la droite, la presse, tout le monde occidental partage la même opinion : réunis en bandes armées, les talibans ne valent pas la corde pour les pendre.
Des immatures poussés au sacrifice par les mollahs, aux intellectuels musulmans sortis d’Oxford et responsables des attentats du 11 septembre 2001 à NY, pervertis par les songes creux d’un islam massacreur, tous gredins mélangés, voilà qui est pure racaille.
On serait d’accord sur tout, si on n’avait pas jeté un regard sur les grands moralistes qui jettent l’anathème sur la voyoucratie en 2012.
Hélas !... les détenteurs de la vertu de l’Amérique, de la France, de l’Angleterre feraient bien d’en rabattre un peu sur leur prétention à dire le droit en la matière.
Certes le combat est juste, certes il faut dénoncer le crime et ils font bien de le faire, mais quand même, on les a moins vus en faire autant chez eux.
Du plus lointain passé, au présent le plus près de 2012, sous divers prétextes des exactions graves ont été commises par les « amis de la morale » excédés par la dépravation des autres.
Les guerres n’ont été que des prétextes pour assouvir le vice et le désir de richesse de nos plus nobles représentants, à la soldatesque la plus avinée.
Les dégâts les plus graves au Parthénon furent occasionnés en 1687 par un bombardement ordonné par le Vénitien Morosini. Les obus de Morosini y mirent le feu, faisant sauter une grande partie du bâtiment. Le coup de grâce fut toutefois donné en 1800-1801 par lord Elgin, ambassadeur de Grande-Bretagne à Constantinople, qui amputa le monument sans scrupule en le dépouillant de la plupart de ses sculptures, pour les vendre au British Museum, qui les expose encore sans honte aujourd’hui, indifférent aux recommandations et aux appels de l’Unesco, dont la Grande-Bretagne est membre.
1687, 1800, c’est loin de nous ? Voulez-vous de plus récentes destructions, des chapardages moins anciens ? Je vous rappelle que les voyous afghans et les islamistes maliens se contentent de détruire pour détruire. Ce sont des voyous désintéressés, en quelque sorte.
L'ancien palais d'été était une merveille, considéré par les Chinois comme le palais des palais. En 1860, sous le règne de l'empereur Xianfeng, le site du Yuanmingyuan est pillé, saccagé et incendié par les troupes franco-britanniques.
Il reste un beau morceau de littérature écrit par Victor Hugo sur le sujet : « Cette merveille a disparu. Un jour, deux bandits sont entrés dans le palais d’Été. L’un a pillé, l’autre a incendié. L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits. Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voilà ce que la civilisation a fait à la barbarie. Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre ».
Basculons au siècle suivant : le Viêt-Nam dans les années soixante, assailli par les troupes américaines. Le programme militaire américain Ranch Hand (1961 à 1971), visait la destruction totale du couvert végétal. La communauté scientifique internationale se rendit vite compte, de l’ampleur des conséquences environnementales et sanitaires. À la disparition de vastes surfaces de forêts, de mangroves et d’autres formations végétales, qui affaiblit durablement la biodiversité des écosystèmes, s’ajoutent la pollution des sols et des eaux. Dès 1974, les rapports de l’Académie nationale des sciences américaine mentionnent le nombre de missions aériennes et les quantités d’herbicides déversées. Ils révèlent l’ampleur du phénomène.

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Dans ce cas de figure, les Américains ne se sont pas remplis les poches, c’est donc le cas le plus proche des destructions imbéciles des talibans, tant décriés et exécrés.
Des exemples fourmillent plus près de nous, en dresser l’inventaire nécessiterait bien plus qu’une chronique.
Ce qu’on peut reprocher aux « grandes voix occidentales » qui se font entendre pour sauver « le patrimoine inestimable » de l’humanité mis en péril par des « cons », c’est qu’ils se taisent sur les « cons » de leur nationalité.
Et ça, voyez-vous, ça me gêne tellement que je n’ai pas envie de joindre ma voix aux leurs.

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