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J’y suis, j’y reste !

Alors que cela devait rester une affaire purement occasionnelle, le parlementarisme, rouage essentiel de la démocratie, est devenu un métier, avec toutes les conséquences d’une occupation professionnelle : compétitivité interne dans les partis, dégradation des mœurs politiques, mensonge et langue de bois élevés au rang d’éléments majeurs de la réussite, revendications salariales, etc.
Il est devenu courant que l’électeur n’élise pas son député. C’est le parti qui le désigne. C’est-à-dire que c’est un très petit nombre de personnes qui, à l’intérieur même des structures, décident des places.
C’est tout naturellement que ces corps constitués nomment parmi leurs pairs ceux qui leur ressemblent le plus. En-dehors de quelques contre exemples, c’est tout naturellement la profession d’avocat qui arrive en tête.
Cela bien rodé, ficelé, empaqueté, il n’y a pas de raison que cela change.
C’est pourquoi, il n’y aura jamais une loi interdisant le non-cumul des mandats, malgré les grandes déclarations des trusteurs professionnels.
Il serait pourtant assez simple d’interdire la professionnalisation de la politique, en rendant inéligible tout parlementaire à l’issue d’un deuxième mandat pour la législature suivante.
Il est inadmissible que certains avocats n’aient jamais plaidé et ont vécu confortablement toute leur vie en représentation du peuple !
Jacques Julliard (Marianne 819) cite l’exemple de Jacques Chirac qui a passé sa vie entière dans les palais de la république : « …jamais il n’en est sorti ; jamais il n’a exercé une profession, jamais de sa vie il n’a payé un repas de sa bourse. »
La Belgique fourmille d’exemples de ce type. Combien de temps, Louis Michel a-t-il exercé son métier de professeur de langue ? Herman De Croo a-t-il seulement travaillé six mois dans le privé ? Se souvient-on à Mons d’une carrière quelconque du bourgmestre empêché ?
Leur seul argument consiste à nous faire croire que l’on n’acquiert une bonne expérience, qu’en étant sans cesse reconduit dans le « métier ». C’est une belle blague qui ne tient pas la route.

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L’histoire nous prouve justement le contraire. Tous les grands événements, par exemple la révolution brabançonne de 1830 ou la Résistance à l’occupant en 40-45, ont été le fait pour la plupart d’inconnus soudain placés en pleine lumière, tandis que les professionnels de la politique attendaient de savoir quelle tournure prendrait les événements pour choisir leur camp.
Je laisse la parole à Julliard : « …si l’élection est l’honneur de la démocratie, la réélection est son fléau. Le souci de la réélection est à la base de toutes les lâchetés, de toutes les faiblesses, de toutes les capitulations. Vous voulez la démocratie, dites-vous, vous voulez l’égalité ? Alors organisez la rotation des citoyens au pouvoir ! Pour que la vie politique soit quelque chose pour tous, il faut qu’elle cesse d’être tout pour quelques-uns. »
Le drame d’aujourd’hui, c’est le manque de franchise des professionnels de la politique solidement ancrés dans les Institutions avec le seul objectif d’y atteindre l’âge de la pension.
Comment voulez-vous qu’ils n’aient pas conscience de se tirer une balle dans le pied en votant le non cumul sur deux législatures ?
Que feraient-ils dans la vie civile, ces donneurs de conseils, sinon, pour les plus chanceux, rentrer dans leur administration d’origine ! Quant aux autres, confrontés à l’âpreté de la lutte pour le pain quotidien, inutile de dire que plus d’un se retrouveraient au chômage, tant le parachutage pour service rendu dans une douce sinécure, même si elle n’est pas impossible, serait quand même plus difficile.
Les temps ont changé. Le public a troqué l’admiration béate contre un scepticisme aigu. Les universités produisent chaque année des milliers de diplômés capables d’exercer « le métier » avec le maximum de compétence. La vie civile regorge d’intelligences qui ne demandent qu’un terrain d’application à l’exercice de la démocratie. Il y a des manuels qui ont autant de compétences que des intellectuels. Le parlement n’est pas un Bois-sacré propriété de quelques-uns. Au vu des choses comme elles vont, il serait peut-être bon que l’on songe à y réintroduire des Représentants de toutes les origines et compétences.
La démocratie est à ce prix.

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