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Où sont les Hommes d’Etat ?

Nos gourmands de libéralisme ont-ils négocié avec Lakshmi Mittal sans avoir lu les journaux financiers anglais et américains, mieux encore, ont-ils lu les accords qu’ils ont contresignés avec les syndicats, avant les Français Ayrault et Montebourg ? Se sont-ils fiés aux syndicats pour la fin du chaud à Seraing et « le dégraissage » en douceur des personnels remerciés ? Une majorité se serait peut-être faite dans le personnel au vu des propositions avantageuses octroyées aux prépensionnés et ce qui aurait provoqué un accord rapide sur cette seule perspective ?
Des précédents fâcheux existent. L’affaire du contrat signé par le duo Happart-Kubla avec Ecclestone sur les Grands Prix automobiles à Francorchamps et notamment la clause « secrète » devrait éclairer sur la capacité de négociation de nos « élites ». La réponse sublime de Happart, à figurer dans les dictionnaires, concernant cette clause secrète devrait rester gravée dans les mémoires : « J’ai signé un document en confiance, puisqu’il était rédigé en anglais, langue que je ne connais pas « !
Alors, nos gourmands d’avenir régional, ont-ils bien pesé le pour et le contre en engageant l’avenir du bassin liégeois, avec pour partenaire un Arcelor-Mittal rongé par les dettes ?
La diminution du tonnage d’acier nécessaire sur le continent suite aux difficultés de l’Europe en crise et le ralentissement à l’échelle mondiale ont déstabilisé le groupe, ralenti voire occasionné des pertes à l’entreprise.
Seuls l’Inde et la Chine, là où Mittal n’est pas implanté, connaissent encore une progression, quoique fortement ralentie en 2012, même si l’entreprise fait des efforts considérables pour ouvrir bientôt un grand centre sidérurgique en Inde, pays d’origine du PDG.
La société paie toujours les conséquences de la crise de 2008-2009. Fin mai 2008, le groupe était coté à plus de 63 euros en Bourse, il se situe décembre 2012, un peu au-dessus de 12 euros !
Lakshmi Mittal qui détient plus de 40% du capital, a perdu les quatre cinquième de son portefeuille financier sur 3 ans ! La valeur en Bourse du groupe est inférieure à 25 milliards de dollars, alors que sa dette s’établit au troisième trimestre à 23,2 milliards !
Autrement dit, si Arcelor-Mittal avait été une banque, compte-tenu des réserves obligatoires de toute institution bancaire, il serait actuellement en faillite !

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Une dette élevée n’est pas trop grave pour un groupe en progression. C’est comme un Etat, la croissance du PIB la rend supportable, peut-être même nécessaire pour les investissements. Mais la conjoncture est plutôt inversée. Et là, Mittal est au plus mal.
L’excédent brut d’exploitation (l’Ebitda) a chuté verticalement au troisième trimestre. Il est descendu à 1,3 milliard de dollars, il était de 2,4 milliards le trimestre précédent. Les prévisions pour le quatrième trimestre ne sont pas encourageantes. Pour l’ensemble de l’année, le groupe compte arriver à une dette ramenée à 22 milliards pour un Ebitda de 7 milliards, soit un rapport de 3,1 entre les deux (Financial Times).
Est-ce Marcourt ou Demotte qui a signé pour le nouveau contrat Mittal ? Pourvu que le signataire connaisse l’anglais !
Les chiffres cités ont leur importance : les prêts bancaires ne sont accordés à l’entreprise qu’avec des «covenants», des clauses qui limites ce rapport à 3,5 de plafond. Si le plafond est dépassé, les banques peuvent exiger un remboursement des prêts accordés dans un délai très court et, surtout, si cette mise en demeure est faite, ils en refuseront à coup sûr de nouveaux.
On voit ainsi que cette entreprise n’est pas certaine de son avenir et qu’elle pourrait se désengager de l’Europe ipso facto, créant ainsi un vide effrayant, puisqu’elle s’est ingéniée à écarter toute concurrence les régions qu’elle occupe en Belgique, en France et en Espagne.
Evidemment, couper les crédits d’une entreprise, c’est le meilleur moyen de la couler et de couler la banque prêteuse avec elle. Les dettes astronomiques, comme il est dit plus haut, déstabilise la réserve de garantie.
Standard & Poor’s et Moody’s ont baissé ces derniers mois, les notes accordés aux emprunts du groupe, celui-ci passant ainsi en catégorie spéculative.
Encore une fois, les parties intéressées à l’avenir de ce groupe sont elles vraiment au courant de la situation fin 2012 ?
Il faut déplorer aussi le manque de traduction des journaux financiers anglais pour la presse spécialisée en français.
On dirait que la presse jette un voile « pudique » sur les dégâts de la mondialisation, le capitalisme financier et le pouvoir des multinationales.
L’effet Di Rupo est-il si anesthésiant ?

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