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Il neige. Et alors ?

Il neige. Bon. On le sait en regardant par la fenêtre. On n’a pas besoin de lire les journaux pour le savoir. Pourtant, nos gazettes sont pleines d’avis sur la chose. Autoroutes, ponts, verglas et compagnie, on tremble, on a peur et puis en bas de page, on apprend qu’il y a trois centimètres de neige et que les routes en prévision ont été sablées.
En sus de cette non-information viennent les compléments : la prudence sur les routes, l’avantage des pneus neige, etc. On se rappelle que l’année dernière, Melchior Wathelet nous avait fait peur en ayant l’intention d’obliger les automobilistes d’équiper leurs véhicules de pneus neige, pendant les mois d’intempéries.
Sage précaution, sans doute, mais inadaptation du ministre à se mettre à la place des gens à mini budget et qui ont toutes les peines du monde à faire le plein et à changer leurs pneus lisses. Lui-même archi criminel de mettre une taxe maximale sur un équipement causant des dizaines d’accidents graves, par défaut d’être trop lisse.
Ce cycle hivernal d’informations « capitales » est particulièrement efficace pour noircir le papier quand on n’a pas grand-chose à dire. Certes, il y a des préoccupations, des sujets évidents qui intéresseraient davantage, il faut croire que c’est mal vu aujourd’hui de parler de la crise en termes alarmistes, de critiquer le gouvernement Di Rupo et même d’émettre un avis sur l’abominable homme des neiges – c’est de saison – qu’est devenu Mittal.
Nous sommes devenus les victimes d’un consensus général du non-dit. C’est une sorte d’indigence des gens de la presse quotidienne, un peu comme à l’usine où l’ouvrier voit bien ce qui ne va pas, mais n’ose pas le dire de peur de se faire virer. On suppose que les personnels du Soir, de la Libre et de la Dernière Heure ont des familles à nourrir, des enfants qu’on espère universitaires dans dix ou quinze ans. On les comprend, certes ; mais curieux métier pour lequel on paie ceux qui l’exercent au prorata de ce qu’ils taisent !
Bien sûr, il y en aura toujours quelques-uns qui sont très exactement à leur place, parce que, ce qu’ils ont à dire, correspond exactement à ce qu’on leur demande.
C’est ainsi que cette semaine, Anne Delvaux du Soir a pris son pied en participant à la conférence de MM. Verhofstadt et Cohn-Bendit qui pensent, c’est leur droit, que l’Europe ne réussit pas, parce qu’on ne fait pas « assez d’Europe ».
Cela serait sans doute vrai, si le volet social de l’Europe n’était pas assez poussé. Comme il est inexistant, dans cette Europe à l’anglaise, c’est-à-dire essentiellement mondialiste et de libre entreprise, on frémit qu’il y ait encore plus d’Europe !

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Je ne suis pas le seul à penser que le déficit des opinions non-exprimées dans les journaux est du même type que le déficit de démocratie de la représentation globale des citoyens.
Que ce soit dans les journaux, comme à la Chambre et au Sénat, le régime est en réalité censitaire.
Les élites sont partout pour freiner le progrès des droits de la multitude. Ils œuvrent dans l’industrie, comme pour les lois, à établir des situations actionnariales et à promulguer des lois les plus favorables à leurs intérêts.
Egoïstement, cela se comprend. Collectivement, cela est un crime.
Comment se fait-il que les ouvriers et les employés soient si peu représentés aux Assemblées soi-disant représentative du peuple belge ?
Comment peut-on accréditer ce genre d’élite qui écrit et professe au nom d’une classe sociale qu’elle ne connaît pas ou si peu, au point qu’elle ne soit pas capable de démêler le pseudo du vrai ?
Bien sûr, tous ces gens vous diront le contraire. Ils soutiendront mordicus que, sinon eux, du moins un aïeul a connu le pain noir et le charbonnage.
Il y en a même qui réclameront un passé ouvrier pour avoir exercé un job d’étudiant, durant les vacances entre deux années d’études.
Reste que cette méconnaissance générale d’une large majorité de la population, plonge le pays dans une social-démocratie honteuse et inadaptée. Cette méconnaissance explique le désintérêt pour la politique et cette apathie générale à l’exercice du droit de vote.
C’est peut-être l’effet recherché par l’élite ?
Dormez en paix, mesdames messieurs des rédactions, il neige, voilà l’essentiel.
Dors en paix, Elio Di Rupo, ministre intègre, s’il y a un coup de froid demain, le petit personnel à ton service poussera le chauffage central.

Commentaires

Ah, que c'est bien dit, vous m'étonnerez toujours mon cher Duc.

" Les élites sont partout pour freiner le progrès . . . "
Vos élites de la société ne sont pas les miens . . .
Arrétez votre char et votre censure qui n'accepte aucune opinion qui vous contrarie . . .

Comment pouvez-vous le savoir ?
Pour le reste, peu de choses me contrarient. Je préfère le soleil à la pluie, la Vénus callipyge au mannequin portemanteau de Lagerfeld, un travail bien fait méritant une bourse bien pleine.
J'accepte la critique et la contradiction;cependant, je ne suis pas fou au point de trouver cette époque formidable et les hommes de pouvoir merveilleux. Si c'est votre cas, j'ai toujours eu de l'empathie pour les gens simples et heureux.

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