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La joie résiliente.

On aurait tort de croire que ceux qui ne sont pas d’accord avec le système et qui l’écrivent, sont des hypocondriaques grincheux et propres à finir leurs jours dans un asile d’aliénés, atteints d’une incurable mélancolie.
Au contraire, protester et n’être pas d’accord a quelque chose de vivifiant et de tonique, de vivant aussi. L’apathie d’une foule qui écoute trois ou quatre gros prétentieux attablés sur une estrade a quelque chose de répugnant.
Comme si un type, même inspiré, condensait la réflexion de deux cents personnes, au point de dire exactement ce que chacun a sur les lèvres.
Certes, dans les deux cents, il y en a un tiers qui ne pensent pas, un autre tiers qui ne pensent pas juste et le troisième qui s’en fout et qui a l’intention de ne plus jamais remettre les pieds dans une salle à subir des discours. Trois tiers de deux cents, restent deux types qui peuvent dire autre choses, qui sont mille fois plus intéressants que les personnages de tribune ; mais alors, qu’ils le disent, qu’ils ne se laissent pas dominer par plus chiants, qu’ils fassent du bruit, qu’ils pètent s’il le faut, mais, nom de dieu, qu’ils vivent et ne s’en laissent plus conter.
Les imposteurs qui semblent nous diriger pour aller quelque part, agitant des plans et des contreplans, en réalité ne savent pas eux-mêmes où ils nous mènent.
Ils se défendent en traitant ceux qui ne croient plus en eux d’aigris, de populistes, d’extrémistes ou pire d’irréfléchis, c’est-à-dire de cons.
Pour eux, c’est simple, être sage consiste à dire que toute tentative de changer la vie, d’être autrement et de faire autre chose est un effet d’un trouble mental, d’une absence d’un coefficient favorable entre l’intelligence et le nombre d’années passées à l’université. Ils ne se sont pas adaptés à la démocratie, ils l’ont adaptée à eux. Et, en l’adaptant, ils ont coupé les couilles à tout le monde. L’inadaptation c’est de ne pas savoir chanter comme un castrat dans leur chorale.
C’est faire de l’opposition destructive, contraire de l’opposition constructive. Cette dernière consiste à ramasser un crayon qui se serait échappé de la serviette d’un leader et de le lui rendre en enlevant son chapeau.
Pauvres fous eux-mêmes qui nous poussent à rester dans les rangs, à respecter le chef qui marche devant, qui nous conduit sans hésitation vers des catastrophes.
Mais s’il me plaît à moi de dire que le FMI se trompe, que l’Europe se trompe et que Di Rupo nous trompe, et qu’en plus je dis tout net qu’il faut rire de tout, que la vie est belle, et que celui qui ne combat pas pour ses idées dans la joie et la bonne humeur, a tort. Parole à écrire cela, en plus de me croire grincheux et contradicteur né, ils pourraient me prendre pour un pervers.
Pauvres gens, que les gens de pouvoir, ceux qui veulent toujours avoir raison, qui parlent pour les autres et ne vivent que pour eux-mêmes, les sous qu’ils ramassent en ne faisant pas grand-chose, le pouvoir qu’ils aiment d’accumuler et qui fait, comme tous les pouvoirs boule de neige.

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Moi, je me trompe, souvent. Il m’arrive de raconter des craques comme eux, mais c’est à cause des événements comme ils les racontent. A d’autres moments, je mens comme je respire, mais ça m’est égal, je ne poursuis pas un but lucratif, je ne dis pas des choses délibérément pour me mettre quelque chose de côté que les autres n’auront pas. Je me moque même à la limite de ceux qui croient que j’écris tous les jours pour me faire valoir ; alors, que c’est tout simplement un exercice salutaire que je conseille à tout le monde, comme la meilleure gymnastique de l’esprit qui soit.
Voulez-vous que je vous dise: je me fous de ce qu’ils peuvent penser de moi, pour tout dire, je dis assez souvent du mal d’eux pour qu’ils me disent des choses désagréables.
Cependant, ils ne me les diront pas, car, je ne compte pas. Je ne peux pas entraîner des centaines de gens à descendre dans la rue sur un de mes coups de gueule. Ils le savent. La notoriété ne s’acquiert pas dans les endroits que je fréquente. Pourtant, je ne suis pas le seul, nous sommes des millions dans mon cas ; mais qu’un seul, fédère un quartier, une école, un parti derrière lui, qu’un chanteur fasse un tube qui passe sur des radios pendant une semaine, qu’un animateur de télé réussisse à s’auto admirer et que cela plaise à quelques millions d’oisifs qui ne savent comment passer une soirée, alors ce type est intéressant. Même s’il dit des conneries, tout de suite ils répliquent, malheur si ce qu’il avance n’est pas vérifiable, on mettra des avocats dessus et on lui fera recracher une partie des sous qu’il a gagnés. Aussi ne disent-ils souvent que des âneries, des choses sans importances. C’est ça qui intéresse le pouvoir : remplir l’espace avec rien !
Que je le dise, ils s’en fichent. Que Paul Jorion l’ait dit depuis le début de la crise, que les économistes du FMI et d’Europe sont des foutriquets qui ne connaissent rien, alors ils font gaffe pour qu’on n’entende ce populiste nulle part.
Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Krugman, prix Nobel de l’économie quand même, bien que cette institution… « Si le FMI dit lui-même qu’il s’est trompé, cela signifie que tous les autres se sont trompés encore plus ».
Eux, se tromper ! Krugmann est fou, il faut qu’on l’emmure vite fait.
C’est Chamfort qui l’a écrit et cela devrait figurer au fronton des grands centres de rassemblement : « La journée la plus perdue, est une journée où je n’ai pas ri ».
Je dois dire que, de ce point de vue, jusqu’à présent, je n’ai pas perdu mon temps.

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