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Bluette avant saignée.

Montebourg est un ministre qui s’habille « Made in France » pour faire de la publicité afin de promouvoir des produits français.
A-t-il raison ?
Le danger est visible. C’est celui de la toute grande proximité du pouvoir politique et du pouvoir économique.
L’écueil ?
On ne peut pas vanter les qualités d’une entreprise, et l’extraire du contexte libéral et donc on démontre par cette démarche, qu’on est volontaire pour la promotion d’un système qui laisse sur le carreau des millions de personnes, et qui tente par tous les moyens, de se refaire une santé en rognant sur les dépenses sociales. Tout juste joue-t-on les bons offices en faisant les yeux doux au système, au point que l’eau dans son vin ne soit plus que de l’eau au vin.
Pire, en engageant une correspondance avec le patron américain de Titan International, Maurice Taylor, sur la reprise ratée de Goodyear, on se met au niveau de la finance internationale et l’on se dégrade soi-même.
Le ministre a sans doute voulu que son courrier soit publié, si bien que l’autre en a fait autant. Ainsi, on aura droit à tous les poncifs et tout le cynisme du monde de l’argent, est-ce bien malin ? Montebourg ne risque-t-il pas de nourrir un certain extrémisme économico-financier dont la patronne du MEDEF, Laurence Parisot, pourrait tirer les ficelles en faisant croire aux Français que pour rétablir les comptes, ce sont les salaires, les pensions et les assurances santé et chômage qui doivent faire des efforts pour sauver l’entreprise française ?
C’est un peu le même débat en Belgique qui oppose Laurette Onkelinx, vice-Première PS au gouverneur de la Banque nationale, Luc Coene.
Le duel épistolaire qui se joue des deux cotés de l'Atlantique, pourrait être le début d’une prise de conscience des deux bords, à savoir que le modèle américain, imposé au monde entier d’un capitalisme sans entrave et pratiquement sans règle, a montré ses limites et sa préférence à l’élitisme financier. Or, les buts poursuivis en politique, n’est-il pas d’assurer aux populations le confort et le bien-être du plus grand nombre ?
Que se passera-t-il quand les illusions habilement entretenues par les tenants du business se dissiperont par la force des choses et la montée de la misère ?
Le PDG du fabricant américain de pneus Titan International, Maurice Taylor, est clair dans sa démarche. Il croit que son profit passe par la diminution des salaires, la mise à pied sans précaution et sans garantie des personnels licenciés et il appuie cette certitude sur d’autres de façon aussi sincère, à savoir que l’ouvrier français travaille trois heures pour six heures prestées, que les syndicats sont les maîtres du terrain et que lorsqu’on en a assez de prester les trois heures « réglementaires », on fait grève pour en diminuer le nombre !
Je crois Taylor sincère dans la lettre qu’il a envoyée à Montebourg. N’a-t-il pas les droits du détenteur des biens pour le faire ?

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On voit bien que les travailleurs ne peuvent plus dialoguer avec ce capitalisme-là. Malheureusement, c’est celui qui a cours en France, mais encore en Belgique et partout en Europe.
De ce point de vue, les échanges épistolaires entre les deux hommes, ne sont pas qu’un combat entre Valmont et la marquise de Merteuil, quoique pour les sociaux-démocrates et les socialistes aujourd’hui, c’est bien « les liaisons dangereuses » que les protagonistes du drame, Montebourg et Taylor, jouent à la face de l’Europe en lieu et place de deux forces contradictoires qui vont, dans le futur, s’affronter jusqu’à la mort de l’un des deux : soit le triomphe de l’argent par le biais d’une pseudo-démocratie ou le triomphe du peuple.
Il n’y a pas d’autres alternatives.
Et si ce combat n’est pas trop perceptible encore, nous le devons aux partis socialistes d’Europe qui jouent leur va-tout, avant de passer pour traîtres à la cause qu’ils défendent.

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