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L’insubmersible.

Le Vif publie un « hommage » à Laurette Onkelinx. Le magazine la dit inamovible. Pour être inamovible, elle l’est et on ne peut pas dire le contraire. Elle l’est même tellement, qu’on se dit « mais bon sang, au PS, ils ne doivent pas être nombreux à pouvoir prétendre diriger le parti et le pays ! On voit toujours les mêmes… Ils seraient deux, trois maximum avec le concierge… ».
Ministre sans interruption depuis vingt-et-un ans, on ne voit qu’elle dans les ministères. Sa spécialité englobe tous les genres. Elle est forte dans tout et prudente avec ça ! Jamais en défaut. Même Di Rupo, pourtant difficile, ne lui reproche qu’une chose : elle n’est pas un homme. C’est dommage. Il aurait pu l’épouser.
C’est la militante des premiers rangs. Et encore pas aux extrémités, non, bien au centre. C’est sa place. C’est une centriste du premier rang. Elle a du métier, sans avoir jamais vraiment bossé. Il faut qu’on le sache, s’il le fallait, elle ferait plombier. Il ne le faut jamais, voilà tout.
Elle ne sentait plus Seraing. Son territoire de la conquête, dès qu’elle sut lire les livres d’images, c’était Schaerbeek, une question de feeling.
La section locale constituée de nuls, se morfondait en peignant des calicots de bienvenue. Elle arrive, en impose, commande. Elle est la chef que Picqué attendait pour dégager en 2014. En standby, présidente PS de Bruxelles-ville, lui va. Dès qu’elle entend « présidence » elle prend. Et qui sait, demain, présidente du PS, dès que Paul Magnette aura fait une boulette ?
Tout lui est permis, jusqu’à chanter l’Internationale et lever le poing, ce qu’Elio ne fait plus depuis qu’il est premier ministre, neutralité oblige. Avant non plus, du reste, mais il était déjà premier : le premier président du PS à ne plus lever le poing en chantant l’Internationale.
Son Internationale à elle, ce n’est pas de faire la révolution, mais de faire emballer à la table des puissants, les restes des repas dans des monos d’alu pour ses pauvres. C’est attentionné, non ?
Quant à la pluralité, la diversité, oui, elles sont nécessaires camarades. Elle tient au projet de limiter le nombre de mandats des personnels politiques. Le hic : ils ne sont pas suivis.
Les gens des sections sont trop nombreux à faire artisans et tenir des faucilles et des marteaux. Ils ne valent rien, car ils ont été gâtés par le travail.
Ils ne savent plus très bien où situer la social-démocratie.
Onkelinx n’a jamais détenu beaucoup de mandats. Elle préfère la qualité à la quantité. Un mandat qui paie bien vaut trois mandats qui paient mal. C’est logique après tout.
Le Vif, bien entendu ne voit pas la carrière d’Onkelinx manquer de démocratie. Une star de la politique ne saurait manquer de rien.
Impossible de passer en revue toutes ses qualités. Elles sont considérables. Les meilleures sont celles qu’on ne voit pas. La femme d’Etat qui prend des risques, méprise la carriériste. C’est chez elle un conflit permanent. Elle collabore avec elle-même, c’est la femme d’Etat qui gagne toujours.
L’étonnante collaboration de la carpe et du lapin, entre l’ex sérésienne et le père Ma Gloire de Mons, existe depuis vingt et un ans. Trapézistes sous chapiteau, leur numéro est si au point qu’ils passent d’un trapèze à l’autre les yeux fermés. En maillot, ils sont encore très bien tous les deux. Ils n’ont pas forci, à peine ridés, ils sont parfaits, le public en redemande. La brève carrière d’avocate de la recordwoman d’emplois ministériels, est remarquable. C’est la seule du barreau qui n’a jamais plaidé ou si peu, que ça n’aurait nourri personne. Un seul inconvénient, malgré son zèle à défendre les travailleurs, elle ne sait pas ce qu’est une journée de travail. Pourtant elle pourrait ! Elle reste parfois seize heures à la table de négociation sans dormir.
Comment a-t-elle survécu à trois présidents de parti, écumé tous les emplois dans les ministères, déjoué les pièges à la fois de la sociale-démocratie et des gouvernements forcément plus libéraux que socialistes par les temps qui courent ? …et, en même temps, conserver la confiance des syndicats et slalomer entre l’obligation de jouer le jeu de l’économie libérale et s’alarmer des destructions du social en Belgique ?

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Jacky Morael, le La Rochefoucauld dont les journaux s’arrachent les pensées a dit d’elle « …représenter le bouclier socialiste, protecteur des petites gens ». On l’aurait cru plus fin observateur. C’est mieux, quand il nous dit que, le leitmotiv de la dame « sans nous, ce serait pire », est son fonds de commerce. On retrouve chez Morael, le Chamfort que le monde entier croyait égaré dans La Rochefoucauld !

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