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Marianne : une affaire française !

Le Soir a trouvé la formule. Un article vous intéresse, vous cliquez sur le titre. Après trois phrases, histoire de vous appâter, vous lisez « la suite est réservée aux abonnés ». C’est de bonne guerre. Sauf que vous avez la faculté de remonter aux sources en cliquant sur les mots clés et ainsi de reprendre le brouet initial, sorte de plat de consistance du journaliste et de vous faire une opinion sur Internet.
Le lecteur a aussi une idée du genre d’articles réservés aux abonnés et, chose intéressante, les journalistes qui font tendance et qui reflètent le mieux la pensée des patrons.
Ce dimanche c’est Pascal Delwit, politologue à l’ULB, qui dit poliment aux internautes sans abonnement au Soir « circulez ou payez ». Manque de bol, cet augure de la bourgeoise attitude s’est intéressé à des statistiques qu’en deux clics vous pouvez consulter ailleurs. Qu’il en déduise que le suspense de 2014 sera dans la lutte entre De Wever et Peeters, je ne sais pas combien sa pige lui rapporte, mais n’importe tenancier d’aubette aurait pu en écrire autant et pour moins cher.
Cette formule « censurée » du Soir n’est pas neuve. Mediapart l’a bien en main depuis belle lurette. La différence tient dans un constat peu favorable pour la presse belge. Mediapart ne roule pour personne et surtout pas pour un parti. Ce journal en ligne est conçu par de vrais enquêteurs, à la différence de la presse belge, qui vit sur des infos retransmises depuis les Agences, parfois recopiées sur le Huffington Post, l’édition d’Anne Sinclair.
Il faut malheureusement en venir au ratage du « nouveau » magazine Marianne Belgique. J’ai été un lecteur assidu de l’édition française. J’ignore quels sont les accords qui ont été signés entre la rédaction française et la belge ; mais, à voir avec quelle constance le nom de Pascal Vrebos paraît, on peut se douter que la star de RTL est bel et bien partie prenante de ce deal.
Les Français sont-ils à ce point mal informés de la presse belge ? Les lecteurs belges de Marianne France s’attendaient à autre chose qu’une variante du Soir magazine : une revue pertinente quand elle est parisienne et conformiste, quand elle est bruxelloise.
A force d’admirer les compromis des partis du royaume, de compter pour rien les quelques voix indépendantes qu’on traite avec le dédain farouche de ceux qui savent, le journaliste belge est incapable de sortir de l’ornière dans laquelle les patrons de presse le nourrissent, mal d’ailleurs.

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L’éditorial de cette semaine dans Marianne Belgique résume à lui seul le naufrage de ce qui aurait pu être le pied de nez à l’autosuffisance belge. Monsieur Vrebos, sous le titre « Un imam d’enfer » retrace la carrière d’un modéré l’Imam Hassen Chalghoumi de Drancy, ce qui n’en fait pas une histoire belge mais bien française. Qu’a-t-il fait ce curé musulman ? Il a cosigné un livre avec David Pujadas, sur l’art d’être Arabe et bon bourgeois. Alors on comprend tout ! Vrebos est l’exacte réplique du roitelet d’antenne 2, en Belgique miniature.
Et nous voilà parti pour une tirade éditoriale de la modération et du bon sens, que personne ne pouvait mieux claviériser que Vrebos.
La couverture de Marianne « Indépendance – Intelligence – Irrévérence » est trompeuse. Ce n’est qu’une parade d’histrion. Les anciens lecteurs de Marianne France ont dû le ressentir comme moi : à la lecture, les trois devises n’étaient plus qu’une arnaque. La suite un long pet de jeune fille en fleur réservé aux abonnés.
Vrebos fait de l’Emmanuelle Praet sans le savoir. La presse belge a inventé le stylo interchangeable et la verve pour tous.
C’est dommage ! Rendez nous Marianne France.

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