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Transgenre : ni gauche, ni droite.

Les sondages – on sait que leur seul intérêt est interrogatif – donnent une vision de ce que pourrait être les élections de 2014.
En Flandre, une course poursuite perdue du CD&V et gagnée par la NV-A, dans les deux cas de figure probables, la première est catastrophique : la NV-A et le Vlaams Belang seraient majoritaires, la seconde, la Flandre et le Fédéral ne pourraient se passer du concours de la NV-A pour les formations régionales et fédérales d’un gouvernement.
En Wallonie, un autre facteur rétablirait une vraie gauche, encore timide il est vrai, avec quelques députés PTB, MG et l’une ou l’autre formation très localisée, à condition de faire liste commune. Cette représentation inédite ferait perdre des plumes au PS, mais pas toutes puisque certains socialistes centristes voteraient pour une autre formation traditionnelle. On note aussi que le PS, transgenre, c’est-à-dire ni à gauche, ni à droite, ne perdrait pas sa majorité à la Région.
Il n’est pas étonnant que l’électeur de gauche en Wallonie tente d’échapper à la fatalité de voter pour un PS qui joue à ressembler au MR. La grande crise de 2008-2009 est passée par là, et elle est loin d’être terminée.
Elle est l’élément révélateur de la fin d’un mythe celui de la social-démocratie. Le progrès social s’est arrêté, maintenant le PS se charge de mettre en pratique la régression sociale.
On ne peut plus cacher l’évidence : le PS n’est plus qu’un parti du centre, en concurrence directe avec le MR et le CDH.

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Cette gauche de compromission et de collaboration est en déclin partout en Europe dans les pays où la crise est la plus violente.
Le PS français au pouvoir, majoritaire seul, est encore plus comptable de l’échec de la social-démocratie que le PS de Di Rupo, puisque Ayrault pouvait prendre des mesures qui auraient été approuvées même par le parti de Mélenchon, sans compromis avec quiconque. Il ne l’a pas fait gardant une politique du centre très controversée au sein même du parti.
Résultat : élimination du Parti socialiste au premier tour de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, l'ancien fief de Jérôme Cahuzac.
Et on n’a pas tout vu. C’est la huitième défaite du parti depuis que la cote de popularité de Hollande est au plus bas. Et ce ne sera pas la dernière.
L’interview de Hollande dimanche sur M6 n’a pas rassemblé grand monde devant les écrans. Le film « La chance de ma vie » sur TF1 a fait plus d’audience.
Cependant, il serait présomptueux de voir le PS en Wallonie et en France prendre des claques au seul bénéfice d’une autre gauche. Une partie de l’électorat socialiste s’en va sans la moindre gêne voter pour le MR en Belgique et pour le Front National en France.
En quittant des plateformes lui assurant traditionnellement une bonne fortune électorale, le PS s’aventure vers un centre déjà bien encombré de concurrents aux dents longues.
Pour bien comprendre ce que les partis politiques ont fait de la démocratie, il faut revenir à ce bon vieux Alexis de Tocqueville. Ne pas le laisser aux mains partisanes d’un Reynders qui se l’approprie est quasiment un devoir de salubrité publique.
Alexis de Tocqueville (1) a bien cerné la société de 1830, qui va comme un gant à la société socialo-libérale d’aujourd’hui : «…le triomphe de la classe moyenne avait été définitif et si complet que tous les pouvoirs politiques, toutes les franchises, toutes les prérogatives, le gouvernement tout entier se trouvèrent renfermés et comme entassés dans les limites étroites de cette bourgeoisie, à l’exclusion, en droit de tout ce qui était en-dessous d’elle… Non seulement elle fut ainsi la directrice unique de la société, mais on peut dire qu’elle en devint la fermière. Elle se logea dans toutes les places, augmenta prodigieusement le nombre de celles-ci et s’habitua à vivre presque autant du Trésor public que de sa propre industrie. »

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1. Alexis de Tocqueville « Souvenir », page 30.

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