« Un as du veston réversible. | Accueil | Retenue et retenues. »

Nicolas Bedos, l’arroseur arrosé.

Nicolas Bedos a cru qu’en hurlant avec les loups, il pouvait passer pour un bon humoriste, enfin quelqu’un à qui on ne l’a fait pas.
Dieudonné qui était par terre, était-ce le moment de lui filer une mandale ?
Je n’irai pas jusqu’à dire que c’était à ça que Nicolas Bedos pensait en présentant une facette de son talent devant le public de Ruquier, mais tout de même !...
La merguez de Bedos dans sa chronique pour l'émission "On n'est pas couché" diffusée sur France 2, avait quelque chose d’excessif qui en faisait plutôt un boniment de foire pour la présentation d’un monstre exceptionnel, qu’une réplique, en plus fin, à des textes d’un pseudo-humoriste classé subversif sur ordre de Valls.
Ne sait-il pas, le malheureux, que les monstres fascinent et que les bonimenteurs sont leurs faire-valoir ?
Pourtant, j’avoue avoir bien ri l’autre dimanche dans les premières minutes du sketch de Bedos. C’était bien parti. Hélas ! le comique français ne sait pas faire court. Il s’admire trop pour faire sobre. Alors, il devient ringard ou odieux. C’est ce qui est arrivé à Bedos.
Avoir à côté de soi un chauffeur de salle comme Ruquier est plus gênant qu’autre chose. En effet, après les premiers moments de surprise, le rire de l’animateur avait quelque chose d’outré qui devait sans doute encourager Bedos à en remettre, mais qui devint bientôt très vite dur à supporter à Natacha Polony et aux deux autres compères, à ses côtés.
A la quenelle, Bedos opposait la merguez. Si la première sent son petit fasciste, la seconde était plus vulgaire que déstabilisante. La difficulté quand on veut faire un portrait charge d’un humoriste, c’est d’éviter de trop en remettre par rapport au modèle qui l’est déjà, le public ne s’y retrouve plus.
Le petit cador des rues, maghrébin et inculte, imaginé par Bedos pour dire toutes les horreurs possibles sur la shoah et les Juifs à sa place, est tellement poussé à la caricature, qu’il ne doit pas en exister plus de deux ou trois de ce type sur le pavé parisien.
Ce qui fait que le public pourrait penser que Bedos s’est défoulé en dévoilant les sucs indigestes de son propre fonds de commerce.
Si c’était pour démontrer que Bedos en connaît plus que Dieudonné sur les Juifs, c’est réussi. En somme, Bedos serait un antisémite rentré, on devrait au moins en supposer la possibilité, après avoir vu le sketch.
Bedos affublé d'une barbe et d'une moustache postiches laisse entendre que l'interdiction du spectacle de Dieudo n'était pas la meilleure idée: "C'est la méthode François Guillon, tu te fais censurer, et tu deviens le Jean Moulin de la rigolade française direct".
La suite est moins réussie. Nicolas Bedos enfile les blagues racistes et antisémites en prenant les beurs pour des cons. C’était d’un parfait mauvais goût. Natacha Polony avait l’air mal à l’aise. Je l’étais aussi.

184u00.jpg

Reprocher à Dieudonné de régler ses comptes dans ses sketchs et en faire des tonnes, voilà une bonne méthode pour entrer soi-même dans la mise en boîte.
Par ailleurs, dans une interview précédente, Nicolas Bedos donnait des conseils aux pourfendeurs de Dieudonné « il faut redoubler d'impertinence et ne pas lui laisser le monopole de la provocation, à condition d'avoir du fond. »
C’est justement ce qu’il n’a pas.
Et j’en suis triste pour lui.
J’appréciais bien ces chroniques sur Marianne France, avant que Vrebos reprenne le magazine pour la Belgique et en faire un papier à mettre aux chiottes.
« Asu Zoa », le nouveau spectacle remplaçant « Le Mur » interdit est, en gros, la compilation de l’ancien (à ce qu’on dit), moins les quelques mots qui ont fait tiquer les ligues et Manuel Valls.
Le résultat qui n’est peut-être pas voulu est inespéré pour l’humoriste censuré. Le sous-entendu a beaucoup plus d’impact que l’attaque frontale. Un silence vaut dix fois un mot de trop comme shoah ou chambre à gaz.
Mais, comme on ne peut interdire un spectacle pour ses non-dits et ses silences, on a l’impression que ce sont les autorités qui se sont fait avoir.
Si bien que, ce pauvre Bedos, sa merguez et tout le mal qu’il s’est donné pour l’envoyer à son destinataire, j’ai bien l’impression que c’est lui qui l’a dans le cul.

Commentaires

Parfaitement d'accord.

Poster un commentaire