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Dès que je le peux, je me barre !

Le questionnaire que 210.000 jeunes Français ont rempli en 2013 sur l’initiative de France Télévision est un concentré de dynamite.
On y retrouve l’ambiance sombre des années du romantisme hugolien. On pleure beaucoup, on est désespéré et parfois d’un geste théâtral, on se tue…
Vingt ans n'est pas le plus bel âge de la vie. Une génération perdue, l’expression s’entendait déjà bien avant14 et se retrouva dans l’entre-deux guerres, juste avant le Front Populaire qui redonna aux jeunes un peu de rouge aux joues.
Près de la moitié des sondés pensent que leur vie sera pire que celle de leurs parents. Un jeune sur trois est persuadé qu’il ne connaîtra jamais autre chose que la crise.
Le trait marquant semble que le discours de crise s’établit de façon permanente et est devenu depuis 2008 et pour très longtemps, l’était naturel du système.
Les 18-25 ans ne croient plus à une société qui récompense le mérite. Ils ont le sentiment que la société française ne leur donne pas les moyens de montrer ce dont ils sont capables.
Ce sont les jeunes les moins lestés de bagages scolaires qui montrent le plus d’inquiétude. On pouvait entrer jadis dans une entreprise au bas de l’échelle et finir directeur ou fondé de pouvoir. Aujourd’hui, c’est tout à fait impossible. Sous l’effet de la contraction sociale des clivages infranchissables séparent désormais les travailleurs.
Quand Philippe Clay chantait « Mes Universités », il ne croyait pas que celles-ci ne s’apprendraient plus dans la rue. C’est le cas ! Et c’est toute une richesse intellectuelle qui disparaît au profit d’une cuistrerie corporatiste.
C’est un peu le même phénomène qui s’est implanté en Belgique depuis la fin des Trente Glorieuses, dénommées comme telles quoique n’ayant nullement résolu le chômage, ni éliminé la misère sociale.
Cet effet d’abandon par la société d’une « génération sacrifiée » est perceptible aussi en Région wallonne et il est tout à fait regrettable que les partis au pouvoir n’en aient pas déterminé les causes et chercher les moyens d’en réduire les effets. C’est la grande lacune de tous les programmes électoraux, à propos d’une jeunesse qui ira du temps partiel à l’emploi précaire, sans oublier des périodes de chômage, préjugeant des pensions incomplètes, des revenus au bord du seuil de pauvreté.
Tous évidemment craignent qu’à l’occasion du triste constat de l’avenir de la jeunesse, celle-ci n'en vienne à critiquer ouvertement, plutôt que les conséquences du système, le système lui-même.
Élio Di Rupo aurait l’air fin après avoir descendu le drapeau rouge, de constater que celui de l’Europe a le bleu qui déteint.

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Les mesures prises récemment à l’encontre des chômeurs qui tarderaient à retrouver du travail sont mal vues en Wallonie. L’étude française revient sur ce sujet brûlant. Ce qu’en pensent les jeunes Belges est probablement identique au sondage du « Monde » : « Les jeunes valorisent d'autant plus le travail qu'il leur échappe, un quart d'entre eux connaissant le chômage. Seule une toute petite frange le rejette, envisageant de vivoter en marge du système. 81 % des répondants disent que le travail est important dans leur vie. Et pas seulement pour gagner de l'argent. La moitié déclare que travailler sert avant tout à s'épanouir. « Qu'ils soient soucieux de l'équilibre vie privée - vie professionnelle ne veut pas dire que la valeur travail se perd ».
Rien n'est plus faux que les clichés sur une « génération feignasse », écrit Camille Peugny.
La droite raffole des clichés du chômeur indélicat, qui vit au crochet de la collectivité et qui au moyen de combines et en se contentant de peu, joue au rentier comme les bourgeois qui ont réussi et qui ont pignon sur rue, vivent de combines plus ou moins légales et se contentent de beaucoup. Les premiers sont conspués et les seconds servent d’exemple éthique à Didier Reynders.
Les discours sur la décadence ont toujours existé. Le pouvoir étant détenu en général par des personnes âgées explique cela. C’est même un paradoxe d’un pouvoir partagé entre vieux de s’occuper des besoins de la jeunesse.
La jeunesse pense que la particratie ne changera pas leur vie, les figures de proue feraient bien de gamberger là-dessus.
Peut-être un bon coup de torchon ?

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