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Pim, Pam, Poum à la Télé.

Pour une fois, une certaine unanimité s’est faite parmi les critiques pour descendre en flamme un film qu’ils n’ont pas aimé.
C’est rare et mérite d’être rapporté. Mais ce n’est pas la raison de cette chronique. Ce fait n’en est que le support.
Un mot quand même sur le bide.
Pascal Légitimus, Didier Bourdon, Bernard Campan ont commis une suite du film sortit il y a quinze ans sur les écrans « Les Trois Frères », titre repris : « Les Trois Frères. Le retour ». Ce n’était pas une bonne idée.
En gros les Belges pensent avec le critique du Soir que « Les Inconnus auraient pu s’abstenir de revenir ».
« Le récit des retrouvailles forcées des trois frères autour des cendres de leur mère et surtout d’une ado qui parle djeun’ et deale de la drogue veut ratisser large : les fans de la première heure et les gamins qui se marrent des sketches des Inconnus visionnés sur le web. Gros hic : ni les uns ni les autres ne vont trouver leur bonheur dans ce « retour » cinématographique. Les Inconnus d’aujourd’hui ont pris un fameux coup de vieux. Leur humour aussi. Et ça se sent. Leur comédie est un recyclage fatigué du premier opus qui, lui, avait du tonus. Cette fois, pas d’idées nouvelles, pas de dynamisme, pas de saveur. En un mot : pathétique. »
Voilà pour les journaux belges.
Les Français sont à l’avenant.
Les Inconnus ont mis de gros biftons dans le film, et ils comptent bien récupérer la mise plus un petit bénef. C’est normal. Ils se sont débrouillés pour qu’en France, leur bidule passe dans 900 salles. Ce n’est pas mal.

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La question concerne l’accès à la montre de ce qu’on crée. Pourquoi un navet a-t-il plus de chances d’être montré au public qu’un film, peut-être meilleur et qui reste anonyme ?
L’art est aujourd’hui tombé dans les filets du pognon. Qui est riche s’en tire, qui est pauvre reste anonyme et tombe dans le rendement médiocre, ou il reste inexistant.
Cette définition est capitale, elle permet dans l’art comme partout ailleurs de cloisonner les genres, de baptiser produire et distribuer ce qu’on veut, même contre l’avis des critiques. Elle met en cause directement les radios et télévisions de l’Hexagone et de la Belgique, les maisons de la culture et les organisateurs de spectacle.
Tout a été immédiatement ouvert aux trois compères pour « Le Retour ». Dans l’immédiateté de leur réception les « journalistes » qui les ont reçus, avant d’avoir vu le film, les ont interviewés et questionnés. Les médias se sont empressés de servir la soupe aux auteurs. Tous ont été unanimes : un film qui rappelle le précédent, tout en renouvelant le genre, etc.
Il n’est pas dit en Belgique que Fadila Laanan n’aurait pas été saisie d’une admiration sans limite, si on lui avait demandé son avis devant des caméras. Hakima Darhmouch avec force clins d’yeux, sourires extasiés et bonne humeur communicative aurait fini par faire croire aux Frères ennemis eux-mêmes qu’ils n’étaient pas loin du chef-d’œuvre. Anne-Sophie Lapix les reçoit dans « C à vous » ce soir. Elle n’est pas là pour les traiter de ringards, mais pour servir la soupe, elle aussi.
Au demeurant, ce trio est sympa, dans le bon ton, l’amusement des familles, le contraire de Dieudonné, rassurant… Ce qui m’intéresse c’est cette grande connivence qui les protège et qui va finir par faire passer un film raté pour un bon !
Voilà un exemple de ce pourquoi la culture fout le camp.
La notoriété agit comme un passe-droit qui fait obstacle à d’autres artistes, sans même que les bénéficiaires en abusent.
Les responsables de la culture qu’ils soient des politiques, des galeristes, des éditeurs, des dispensateurs de subsides, des animateurs culturels, des ministres et des échevins de la culture sont autant de freins à l’art. Dès qu’une star lance un produit, on se précipite, alors que la plupart des artistes ne seront jamais reconnus comme tel. On passe à côté de talents dont on n’a pas idée et on empêche d’accéder au statut d’artiste à des gens dont le simple tort est de n’avoir pas le profil attendu.
Les artistes du star system rassurent les bourgeois en faisant croire que la paresse intellectuelle des « élites » est, au contraire, le filtre délicat par où des intelligences sensibles passent. Ils fournissent la matière à gloser à la fois grasse et stérile qui empêche une forme d’art moins conventionnelle qui inquiète. Le bourgeois entend rester le dispensateur du goût et l’arbitre des manifestations de l’art.
C’est bien la première fois que la critique est unanime. Même les lèches-bottes n’ont pas osé la contredire. Voilà qui valait la peine d’être signalé.

Commentaires

Sa Majesté RICHARD III ne tolère que les commentaires de ses vassaux qui louent son intelligence, son expertise et ses chroniques toutes pertinentes et omniscientes !
Censurés et bannis, tel est le sort réservé par anathème aux dissidents.

Sa Majesté RICHARD III ne tolère que les commentaires de ses vassaux qui louent son intelligence, son expertise et ses chroniques toutes pertinentes et omniscientes !
Censurés et bannis, tel est le sort réservé par anathème aux dissidents.

Voyons, Monsieur Henry, reprenez-vous devant les gens !
Vous n'ignorez pas comme je vous tiens en grande estime. Eh quoi ! ce bégaiement... Vous doublez vos interventions à présent ? Vous ne croyez pas qu'une suffit ?
Bien à vous et à bientôt, peut-être, sur la toile.

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