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Un peu, beaucoup ou pas du tout ?

La récente déglingue d’une députée européenne par son chef de parti qui avait décidé de placer un syndicaliste, créature de bureau de la CSC, montre que Lutgen se fait une drôle d’idée de l’UE. Il n’est pas le seul. L’Union Européenne est devenue une sorte de poubelle fourre-tout des appareils. On y place et on y déplace ses créatures « en attendant mieux » dans une ambiance tout à fait particulière, puisqu’il y a un fort courant franco-anglais conduit par des gens qui y sont dépêchés par leur parti pour détruire l’Europe de l’intérieur.
Si on joint à ce courant, les députés Verts assez désabusés d’une Europe sociale en panne, pratiquement inexistante, il n’y a plus grand monde. Les derniers partisans de l’UE sont des centristes. Les partis socialistes ont un pied dedans et un pied dehors par la diversité de leurs courants et notamment leurs oppositions internes, sauf le PS belge où le caporalisme des chefs exclut la liberté d’opinion.
A parcourir les listes des candidats belges à l’Europe, on est saisi du nombre de « vieux » que les chefs de parti envoient pantoufler sur une voie de garage en remerciement des services rendus. Ils y vont sans y aller vraiment. On ne les verra guère à Strasbourg siéger au parlement. Ils n’ont qu’une vague idée de ce qu’ils pourraient y faire, parce qu’ils sont sans conviction, ou comme Rollin sans culture européenne.
Tout n’est pas négatif dans la récompense que constitue une place utile que les César octroient à leurs affidés. Certains s’y sont formés et y trouvent une nouvelle vocation. C’est le cas de Guy Verhofstadt, « recasé » après avoir été premier ministre et qui s’y est fait une place, au point de postuler au remplacement de Barroso.

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Être chef de parti aujourd’hui, c’est presque être chef de gang. On y suit le vent porteur et on dépend d’une opinion qui ne contrarie les chefs que lorsqu’ils ne l’ont pas assez manipulée. L’opinion est aujourd’hui à forte tendance eurosceptique, en partie produite par le manque de social de la vague libérale. Cependant, les travailleurs ont contribué à envoyer les Bleus à l’Europe par défaut de discernement. Le nationalisme, l’isolationnisme et le protectionnisme ont fait le reste
Tout le monde se plaint de l’Europe et j’ajoute mon lamento aux autres. Pourtant, elle n’est pas la cause de tous nos maux, elle n’en est que la caisse de résonance et son impuissance à changer l’ordre des choses n’est que le reflet de la nôtre à conspuer la mondialisation d’une part et à en laisser profiter nos « élites » de l’autre, sans réagir vraiment.
Faut-il arrêter les frais d’une Europe « qui ne sert à rien » ou donner à l’Europe une seconde chance ? Contre un courant de droite qui s’affirme partout, faut-il militer pour « plus » d’Europe ? Le ralliement des partis socialistes à l’économie bourgeoise fait craindre, en effet, que « plus » d’Europe signifie aussi plus de misère sociale.
Ne serait-ce pas stupide de déconstruire l’Europe alors que les peuples y ont investi beaucoup de leur travail sous la forme de milliards d’euros, même s’ils n’en ont pas le retour escompté ? La montée des dangers devrait quand même nous faire réfléchir que les petites nations individuellement sont sans voix et qu’elles ne peuvent opposer une force au monde hostile que réunies.
La mondialisation étant loin d’être heureuse, il devient urgent de savoir se servir de l’Europe au même titre que de savoir se servir d’un parapluie quand il se met à pleuvoir.
Le vieux continent a quasiment épuisé ses richesses naturelles. Il conviendrait de ne pas trop pleurer sur ce qui n’existe plus. C’est le moment d’avoir des idées.

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