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Bolshie au Bolchoï.

À un mois des élections pour l’Europe, on est bien embarrassé comme le bidule, déjà décrié par tout le monde, est en train de perdre ses quilles en Ukraine.
Vladimir Poutine s’est dit prêt à intervenir si ses intérêts étaient menacés dans l'est de l'Ukraine. Et ils le sont, après la relance d'une "opération antiterroriste" par Kiev contre les séparatistes russophones.
Normalement, après que la Commission européenne ait pris de haut « l’intolérable » ingérence des Russes dans les affaires intérieures de l’Ukraine, la menace d’intervention de Vladimir aurait dû recevoir une réplique « verte » de l’Europe.
Avec quoi ? On a mis tout dans le commerce, rien dans le social, rien dans des moyens de protection et d’attaque. L’Europe est un souk gratuit pour quelques-uns et hors de prix pour les autres.
Je n’ignore pas qu’à l’escalade, les gestes malgracieux pourraient succéder aux mots, les tanks massés et les missiles pointés.
Si les Russes sont capables d’aligner dix mille chars et cent mille hommes sur leur frontière avec l’Ukraine, on ne peut qu’applaudir Obama qui dépêche six cents soldats en Pologne ; mais est-ce suffisant ? Et l’Europe, elle a l’air de quoi ?
Tout à fait sérieusement, quand on n’est pas capable de suivre, c’est comme au poker, on se couche.

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Comme je ne suis pas belliciste pour un sou, ce que j’en dis n’est pas pour pousser l’Europe au crime, mais pour lui reprocher qu’elle est déjà allée trop loin. C’est comme une folle enchère, nous sommes capables d’en faire tant qu’on veut, mais en réalité nos cris ne reposent pas sur des crédits illimités à l’Ukraine, ni des forces armées que nous aurions rassemblés à la hâte.
On s’est fait avoir par Poutine. Cet homme voulait la Crimée. Ce qui aurait pu être un acte de guerre fut une opération de com. calculée. Mais comme le président russe n’était pas certain des réactions de ses manœuvres postopératoires, il s’est arrangé pour soutenir les russophones en Ukraine de l’Est et ainsi faire diversion.
Moralité, on oublie la Crimée, tandis qu’on s’effraie des activités des milices russes déguisées en patriotes russophiles ukrainiens, pour foutre la pagaille à un gouvernement provisoire ukrainien qui ne sait où donner de la voix et qui attend toujours que l’Europe montre ses muscles à ses frontières.
Il n’y a pas que le compromis international à Genève de dépassé, le noyautage par Poutine de l’Ukraine russophone dépasse aussi les espérances du Kremlin. Les milices qui ont joué leur rôle en Crimée, veulent remettre ça plus au Nord. Poutine un moment pris de court, se dit pourquoi pas ? Il n’a devant lui que des mous du genou ! Le ton est monté de nouveau entre Moscou et les Occidentaux, qui s'accusent mutuellement d'orchestrer les actes de leurs partisans.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ne nous l’a pas envoyé dire "Une attaque contre des citoyens russes est une attaque contre la Russie". Ce n’est pas la Commission de Bruxelles qui pourrait en dire autant des Européens de l’Union.
Et si devant une Europe obnubilée par le commerce et les bonnes affaires, sans armée véritable, il prenait à Poutine l’idée de revoir les statuts de ces petites républiques qui s’étaient constituées après l’effondrement de l’URSS ? On n’aurait plus qu’à faire semblant de regarder ailleurs, pendant que Poutine arrange, modifie, assortit ses nouvelles frontières.
Qui pourrait l’empêcher ?
Barroso à un mois de la retraite ? Obama, président indécis dans sa gestion de sa politique étrangère ? Les six cents GI en Pologne ?
L’Otan est "préoccupée". Voilà longtemps que l’Otan n’est plus vraiment opérationnelle en Europe. Elle n’est là que pour le symbole.
Quant à la menace d’isolement de la Russie, même si celle-ci ne vit pas en autarcie, il est certain que l’Europe se tirerait une balle dans le pied en durcissant l’isolement.
L’Ukraine doit 3,5 milliards de dollars à Gazprom.
Historiquement, on n’a jamais vu autant de citoyens européens se désintéresser de l’Europe et du drame ukrainien à ses frontières. Il n’y a que les polonais et un peu les Allemands de l’Est pour s’inquiéter de la situation en Ukraine.
Pourtant, on en aura fait des tonnes dans les journaux sur la libération de Kiev par le peuple ukrainien pro-occidental.
Cette passivité est due à la politique de Barroso. Le commerce et les actuels pourparlers d’un pacte atlantique de libre échange négociés en secret et en-dehors de l’opinion ont déjà récolté des fruits : tout le monde se fout d’une Europe qui fait du commerce sa priorité et du social sa bête noire.
Alors l’Ukraine…

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