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Après le 25, on fait quoi ?.

Le temps n’est pas le même entre l’électeur moyen et le candidat en addiction de pouvoir d’ici au 25 mai.
La grosse majorité des Belges se fiche éperdument des partis et des amoureux du pouvoir qui s’y précipitent « pour que ça change ». Évidemment cela ne changera pas, de l’accession au petit pouvoir de conseiller communal, au grand pouvoir des ministres.
Les têtes de gondole, en premier lieu, savent combien le pouvoir leur échappe à partir du moment où ils veulent vraiment changer les choses de première importance. Au-dessus des lois ordinaires, il y a les lois de l’économie universelle, des Régions, il y a l’Europe, il y a outre l’échéance électorale, celle de la limite d’âge, même si certains l’outrepassent et attendent la mort « stoïquement » au banc des députés.
Ce qui énerve l’électeur, c’est d’entendre les élus nous parler du changement, alors que sur eux le changement n’a pas prise. Alors, comment pourraient-ils le vouloir pour les autres ?
À croire que d’une élection à l’autre, les générations d’électeurs se suivent et qu’à chaque fois, le « client » se retrouve tout neuf devant l’urne. Ainsi, il n’aurait pas entendu le discours de foi en l’avenir, que lui souffle un ministre que son père connaissait déjà. Si bien que c’est nouveau pour lui, la crise de 2008 et comme depuis six ans qu’elle dure, il entend dire que nous nous en sortons très bien ; la frontière linguistique presque cinquantenaire qu’on lui sert comme la ficelle qui lie ensemble les deux parties du paquet cadeau de la Nation ; l’Europe, comme la pure merveille qui ne demande qu’un Prince charmant de gauche pour s’épanouir et qui se contente d’affreux Jojo de droite que l’électeur de gauche précisément, lui envoie régulièrement.
Les changements se sont inversés. Avant, les candidats nous promettaient des réductions du temps de travail et des augmentations de salaire et on applaudissait. Aujourd’hui, ils nous promettent moins de restrictions que prévues, moins de chômeurs et plus de sévérité pour ceux qui restent, des diminutions de salaires modérées et nous applaudissons.
Alors, l’attente du 25 mai n’en finit pas.
Vivement qu’on sorte de cette formalité, que ceux qui sont élus depuis toujours en reprennent pour 5 ans, que les candidats pistonnés par père et mère entrent dans la ronde des mandats et qu’enfin le 26 mai, qu’ils s’arrangent pour nous foutre la paix.
Ceci serait un discours antiparlementaire et antidémocratique, si ce scepticisme immense d’une forte majorité de citoyens n’était, au contraire, le signe d’un formidable besoin de changement. C’est-à-dire du besoin d’une réelle démocratie.
Car le constat du citoyen est sans appel.
Ce n’est donc pas une attaque contre la démocratie. C’est un appel de l’électeur à l’attention des mandataires. L’électeur sait ce qui ne va pas et ce n’est pas dans son apparente indifférence, qu’il faut chercher.
Les élus sont les seuls responsables.

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Les partis sont de vastes lieux de copinage où il est de bon ton de rester entre soi. La politique y est perçue comme un métier. On le voit bien dans les rares cas où l’opinion défait « une carrière » pour une autre. Le sortant a la rancœur du licencié injustement lourdé par son patron. Les indemnités sont devenues des salaires. On établit des barèmes. On se les vote soi-même, c’est plus certain ainsi d’être bien payés.
Une réelle hiérarchie s’établit en-dehors de l’électeur, laissant le choix des places de rééligibilité à des patrons de parti.
Pourquoi Maggie De Block est-elle populaire ? Parce qu’elle est l’exception qui confirme la règle du beau mannequin, faiseur de phrases grammaticalement correctes, mais intrinsèquement insipides. Mine de rien, ce critère seul dénature la représentativité nationale excluant les professions, faisant la part belle à l’avocat parmi quelques diplômés d’exception, tous d’ailleurs très loin d’obtenir des résultats en fonction de leur CV de dix-huit pages.
À la longue, l’électeur trouve cette démocratie répugnante et mal faite. Ce n’est pas la sienne. Ce dégoût favorise l’extrême droite qui, une fois au pouvoir, ne sera là que pour accentuer les travers de ce qui ne passera plus bientôt pour une démocratie, mais pour un système maintenant l’électeur sous l’emprise des réélus.
Alors, c’est quoi le 25 mai ? Une formalité notariale au cours de laquelle les élus traditionnels viennent renouveler un bail emphytéotique, qu’ils ont déjà signé il y a 99 ans !

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