« L’honnêteté de l’élu. | Accueil | La politique en difficulté. »

Trois en un.

Avant les élections, chacun retenait son souffle.
Personne ne souhaite passer dans la catégorie des devins. Le métier de politologue et celui d’économiste se nourrissent « d’après coup ». La voyance est trop pleine d’aléas. On ne parle d’un mur qu’à son pied. Justement, quelqu’un a écrit à la craie sur celui de l’école où je vote « Votez Ali Baba, lui n’a que 40 voleurs ».
Puis on vote. On y prend l’électeur pour une sorte de génie. On lui demande de faire un choix par la seule étude des sondages et le radotage de quelques malheureux, tenus à l’œil par le patron du journal auquel ils appartiennent. Il prend trois bulletins et entre dans l’isoloir. Lui qu’on infantilise cinq années durant au cours desquelles personne ne lui demande un avis, le voilà à déterminer de quoi la majorité sera faite.
Et pour quoi ?
Des chefs de parti nommeront à des emplois ceux et celles qui leur auront plus. Ils enverront au parlement de Strasbourg des fins de carrière, des planqués et des antieuropoéens qui iront, ou n’iront pas dormir dans les travées de l’hémicycle, une fois par mois.
Les coalitions auront le grave défaut de toujours : celui d’y inclure presque tous les partis, vidant l’opposition d’une opinion contradictoire. Les programmes fondus dans un pot commun annuleront l’originalité et la diversité, dans un processus de nivellement de la gauche et de la droite. Ce n’est pas pour rien que notre spécialité, ce sont les lacquemants de la Foire d’octobre, aussi plats qu’une majorité de coalition.
Pour les questions intérieures, des curieux venant de l’étranger (France Inter), auront été stupéfaits de voir que des communes de dix mille, vingt mille habitants sont régies par des lois qui obligent la municipalité de parler une langue que la majorité des habitants ne parle pas, alors que celle qu’ils parlent se trouve bel et bien dans le répertoire des trois langues nationales.
Et sur ces décombres, cette immoralité et cette injustice considérées comme disant la morale, des citoyens devraient avoir la science infuse et déterminer l’action « juste » d’un pays !
Ne serait-il pas plus sage de dire que la démocratie n’existe pas en Belgique et que les autorités de ce pays, avec l’accord tacite des habitants, procèdent à un rituel qui a l’allure d’un simulacre.
Nous pratiquons le « devoir » citoyen, sans avoir les moyens et la capacité d’en apprendre la matière. Un peu comme l’étudiant qui part à l’oral au pif, sans même avoir ouvert un livre. Nous sommes victimes d’avocats qui disent le Droit constitutionnel en oubliant le droit des gens.

2jijaai.jpg

Pourquoi les partis principaux en Wallonie restent-ils stables ? Sauf grosse connerie, ils y resteront longtemps. Nous adhérons par paresse, par inculture et/ou tradition, à trois grandes familles politiques. Pour les mêmes motifs, nous allons en très petits nombres, vers une quatrième ou une cinquième famille avec des pieds de plomb, en plein désarroi et, après avoir été déçus par les trois premières. Nous envoyons aux affaires des gens qui sont censés représenter quelque chose que nous ne percevons pas nous-mêmes.
La conclusion est évidente. La démocratie pratiquée en Belgique est un leurre, une fausse garantie d’expressions. Des aventuriers en usent pour nous abuser.
On le voit bien avec le PS. Tous les dirigeants actuels devraient être exclus du parti pour ne pas en respecter les statuts.
On le voit bien avec le MR. Tous les dirigeants historiques ont été les larbins de Jean Gol dans une ambition carriériste de pseudo renouvellement du message libéral. Leurs objectifs ont évolué en fonction des nécessités d’adapter les principes aux circonstances.
On le voit bien avec le PSC qui a muté CDH, en fonction de la désertion des églises, afin de conserver une audience que les fidèles de la messe de dix heures ne remplissaient plus.
Les électeurs ont conscience qu’on est arrivé au bout de quelque chose et qu’au-delà nous touchons au grotesque et à la caricature.
La raréfaction des emplois, dans une société finie, fourniront encore longtemps des candidats à cette supercherie (les cas Maroy, Rolin, etc.). Ils viendront renforcer le corps des élites qui tient les bâtiments publics avec les lois, comme Kiev tient les aéroports rebelles.
Les militants politiques professionnels résistent, comme les animaux de compagnie résistent, à l’envie de courir libres dans les prairies avoisinantes, quand ils mangent au chaud la pâtée quotidienne et que leur maître est en réalité leur esclave.
On s’en souviendra, des trois en un, des urnes de mai 2014 !

Poster un commentaire