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Un muguet déjà fané.

Les premiers mai se suivent et commencent drôlement à se ressembler.
Les défilés et cortèges fondent comme beurre au soleil, les discours n’ont plus cette rhétorique des conquêtes à venir, la foule se disperse plus vite que les feuilles mortes du boulevard d’Avroy par grand vent.
Venir applaudir aux défaites, à la régression sociale, aux chômeurs flingués, alors qu’il devrait y avoir de la colère, des éclats, des discussions vives entre camarades, non merci !
On ne sent plus d’antagonisme entre le socialisme d’opposition et celui de la social-démocratie, parce que les premiers ne veulent même plus entendre parler des seconds, quand les Péess feignent de ne pas savoir de quoi on parle.
La FGTB regroupe sous sa bannière une troupe d’un seul tenant, alors que jadis, chaque commune avait sa section, comme le PS d’ailleurs.
Pour ces personnages officiels du parti et du syndicat, l’heure est à la collaboration avec un gouvernement dirigé par un socialiste, même si ce gouvernement accède aux affaires courantes pour un temps indéterminé, mais qui sera probablement long.
Est-ce que la gauche se serait ralliée au centre en-dehors du bruit et de la fureur qui étaient l’ordinaire des anciens premiers mai ?
Ce serait plutôt un autre genre de réserve pour une manifestation organisée par des dirigeants qui ne parlent plus le langage, simple et droit, qui faisait rugir les foules de plaisir. Il faut croire que d’autres encore se sont abstraits des foules pour les discothèques (le 1er mai on fait la grasse matinée), le football ou une virée à la campagne quand le soleil est de la partie.
L’assoupissement ne s’explique pas en l’attribuant à une population heureuse et apaisée. Ce serait plutôt le contraire. Le discours de Marcourt au kiosque ne sera entendu que de ceux qui doivent être vu pour des raisons professionnelles ou politiciennes.
Il n’aura à convaincre personne, puisqu’il n’aura devant lui que des convaincus.
Marcourt et Demeyer, piètres orateurs, donnent l’impression, à chaque prise de paroles qu’ils ne sont pas animés de la conviction profonde que le bon tribun fait partager à la foule.

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C’est à ce point qu’on doit en grande partie l’effacement au niveau national de cette ancienne puissante fédération liégeoise du parti, entubée par le Hainaut d’Élio.
Que dire aussi du programme que le PS, avec l’appui de la FGTB, a défendu au cours de cette législature, sinon que les conquêtes sociales ont fait place à des reculades et que ce n’est pas encore fini.
Alors voilà les orateurs coincés. Que voulez-vous qu’un Marcourt socialiste raconte contre le Marcourt ministre ?
Déjà mauvais pour la prise de paroles, il doit aussi marcher sur des œufs en parlant du bilan du ministre de la région.
Ce sera bien la première fois que je n’irai pas sentir le vent de la fronde sur le boulevard en ce premier mai, parce qu’en ces temps de désillusion profonde, la fronde est ailleurs.
Un parti et un syndicat se liguant pour plomber un premier mai, il fallait le faire ! Je n’aurais jamais eu le courage d’aller voir ce gâchis. Vous verrez que dans les prochaines années, il n’y aura même plus de cortège, juste une réunion aux Terrasses et un verre de bière…

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