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Un peu d’Histoire.

Dans le numéro 888 du nouveau Marianne, une interview de Dominique Simonnot par Bertrand Rothé retrace le parcours étonnant du parti socialiste français dans sa confrontation parfois tragique avec les grévistes, les mouvements ouvriers spontanés et toutes les initiatives des travailleurs victimes de l’oppression capitaliste.
La journaliste s’attache à décrire les grandes grèves des mineurs de 1948.
C’est accablant pour le pouvoir. Robert Lacoste et Jules Moch étaient des ministres socialistes dans le gouvernement qui réprima les grévistes. Dominique Simonnot a retrouvé un article du Monde daté du 28 octobre 1948 qui reprenait une conférence de presse de François Mitterrand qui était, en quelque sorte, le porte-parole du gouvernement. Le futur président socialiste de la République y rappelait que la loi « permet à la troupe, après sommations, de tirer sur les grévistes » et, c’est ce qui s’est passé, dit la journaliste, ajoutant qu’il y a eu six morts.
On n’en attendait pas moins de ce socialiste, décoré de la Francisque sous Pétain en 1942.
Il y a toujours eu une grande similitude entre les mouvements de grève en France et ceux de Belgique.
Pour celles et ceux qui se frottent un peu à l’histoire ouvrière de Belgique, cette dureté et cette absence de compassion pour – en gros – ceux qui devraient être le tronc central du socialisme, pourrait sans trop de peine coller aux grandes grèves de Belgique au cours desquelles le parti socialiste et dans une certaine mesure la FGTB se sont associés pour couler le mouvement de révolte, jusqu’à exclure les récalcitrants du syndicat et du parti.
Lors de la grève générale de 60-61, la classe ouvrière fut à deux doigts de s’emparer du pouvoir politique par une insurrection. Les travailleurs furent trahis par leurs directions traditionnelles au sein de la FGTB, et surtout par le PSB. D’ailleurs pour prix de sa trahison, le PSB entra au gouvernement.
Et puis ce furent les dérives de Lambion, ancien résistant, ex bras droit de Renard, devenu président de la Régionale liégeoise de la FGTB, excluant du syndicat sept délégués de Cockerill pour avoir suivi la décision de l’Assemblée de poursuivre la grève, alors que le syndicat avait conclu un accord secret avec la direction, sous la pression du PSB.
C’est loin tout cela, mais c’est de l’Histoire. On peut retrouver les traces de ces actions peu démocratiques dans les pièces de la FAR (Fondation André Renard), certes arrangées par certains, mais c’est le lot de tous faits anciens d’avoir droit aux commentaires et aux interprétations, guidés par des intérêts divergents.

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Pour en revenir à l’article de Marianne, pour conclure, à propos de la grève de 1948 des mineurs en France, je citerai la question de Bertrand Borthé et la réponse de Dominique Simonnot.
Question : Quand Daniel Amigo, un des anciens mineurs, affirme que les socialistes « n’ont jamais rien su faire d’autre que trahir », qu’en pensez-vous ?
Réponse : Cette histoire leur donne raison à une nuance près. Car, quelques années plus tard, Sarkozy par la voix de Christine Lagarde, a formé un pourvoi en cassation contre l’arrêt qui reconnaissait, en 2009, leurs licenciements abusifs et leur allouait 30.000 € à chacun. Et, en 2013, Pierre Moscovici en a ajourné le remboursement.
Quittons cet exemple français pour revenir au socialisme à la belge.
L’actuelle dérive du gouvernement de Di Rupo, le suivisme docile du PS à la « fatalité » de l’économie libérale, le silence radio de la FGTB et la loi du silence sur les « résultats négatifs » de ce gouvernement méritent que l’on se pose la question « Comment le socle du PS est-il encore, en partie en 2014, fait des travailleurs pauvres, des petits pensionnés et des exclus du marché du travail ?
Si vous avez une réponse à cette question…

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