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Vive la Votation !

La Suisse n’est pas un paradis social. Le fric y resplendit de mille feux. On sait aussi que la Suisse culmine les précautions pour la protection des avoirs planqués dans ses banques, dont une partie est fournie par nos « grands » Belges qui y déposent des fonds depuis toujours. Reynders en a eu des listes qui sont conservées dans des coffres-forts du ministère des Finances, dans un secret absolu.
Mais la Suisse est aussi le seul pays d’Europe qui puisse se vanter d’un système unique de votation (mot ancien dont nous avons perdu l’usage et le sens).
La votation est utilisée lors de différents types de référendums organisés trois ou quatre fois par an. Les citoyens s’y prononcent sur la politique fédérale, cantonale ou communale. Le point capital réside dans le fait que le résultat d'une votation est contraignant ! Les autorités sont dans l'obligation d'appliquer le résultat du vote, quelle que soit la volonté populaire.
Quand on a vécu la manière dont le gouvernement Di Rupo a escamoté tout espoir pour le peuple à donner son avis à propos du Traité européen de Lisbonne, on a compris qu’en Belgique, il est exclu d’entrer dans l’élaboration d’une quelconque démocratie, autre que celle du simulacre.
Les Suisses vont voter le 18 mai pour un salaire minimum de 4.000 francs suisses bruts (3.300 euros) ou 22 francs suisses de l'heure (18 euros), en-dessous duquel l’industrie ne pourra plus recruter.
Voilà qui en bouche un coin à notre belge-attitude, aux nationalistes conservateurs et aux conservateurs tout court, économistes infatués, professeurs et donneurs de leçons, dans leurs exorcismes anticrises.
Ce salaire minimal – écrit la Dernière Heure – s'il est adopté, sera le plus élevé au monde. A titre de comparaison, le salaire horaire minimal en France est de 9,43 euros. En Espagne, il est de 5,05 euros et en Allemagne il sera à 8 euros à partir de 2015. Le journal ne nous parle pas de celui de la Belgique, par pudeur, sans doute.
On se doute bien que ceux qui dorment sur leurs magots, n’entendent pas le faire fructifier un peu moins en sacrifiant une parcelle de leurs gains aux autres. La Suisse aussi a sa N-VA et consorts, tous socio-libéraux en diable, c’est-à-dire ligués pour que ça ne change pas.
Mais, il y a cette bouche d’air de la votation à laquelle les Suisses sont fortement attachés et que des socialistes aux libéraux helvètes, le personnel politique voudrait sinon condamner, du moins « arranger », à sa manière.
C’est surtout les revenus dégagés par la politique qui pourraient être menacés lors d’une votation suivante. Ce serait un peu comme si nos parlementaires étaient réduits à des indemnités comparables au salaire moyen du travailleur belge, par une décision qu’ils ne maîtriseraient pas et à laquelle ils seraient obligés de se plier.
On voit d’ici les pauvres gueules des Marcourt, Antoine et Demotte et même celles de l’échelon en-dessous, les petits maîtres des Communes et les grands leaders syndicaux : à la même soupe que Mimille des Forges ou Gu de Mittal-Basse Meuse.
Vous vous rendez compte, les homologues suisses du gang des Michel devoir acheter leur maison sur vingt ans en l’hypothéquant ! Reynders empêché de placements en immobiliers à Liège, puis à Uccle, à cause de la minceur de ses indemnités !

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Cette votation, bien sûr, ce n’est pas pour demain en Belgique et on n’est pas sûr qu’elle gagne en Suisse. On est plutôt certain du contraire. Toujours selon la Dernière Heure, « ce texte, qui a pour but de donner "un salaire digne" aux quelque 330.000 personnes qui travaillent pour moins en Suisse, a cependant de fortes chances d'être massivement refusé par la population, qui craint que de tels minima salariaux aboutissent à une hausse du chômage.
Ouf ! ceux qui font du fric à deux, trois cent mille l’année pour des prestations en cravate et complet trois pièces sont rassurés. Les Rouges ne passeront pas.
Le Sozialdemokratische Partei der Schweiz, l’équivalent du PS de Di Rupo est un farouche opposant de cette votation, avec le Conseil Fédéral (gouvernement), les partis de droite et les organisations patronales, il y a même un syndicat qui la trouve mauvaise avec eux.
Il vaut mieux disent ces braves gens au patrimoine rondouillet, un jeune au travail avec un petit salaire, que le même au chômage avec des indemnités encore plus basses.
Dans les milieux paysans, on menace d’augmenter de 25 % les laitues et les carottes et on ne sait pas de combien la tome de gruyère.
Si je comprends bien, il y a en Europe un consensus des couches dirigeantes pour que les salaires minimums n’augmentent pas afin que les salaires élevés profitent du pognon récupéré.
Même s’il échoue, ce référendum sympa, aura quand même permis à la population suisse et européenne de se faire une idée du système libéral.
La votation ? Une riche idée qui enlève le cache-sexe des opulents, et nous les montre à poil, formidablement quelconques, comme les voyous des prisons pour la fouille et la désinfection ou l’ouvrier de chaîne passant devant un portique au sortir de sa galère ou, encore, comme un attrape-couillon après les caisses de chez Carrefour.

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