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Reynders : suite de carrière difficile !

Mauvais signe pour le formateur Charles Michel, dit le Suédois, Reynders ne croit plus aux chances du MR de former un nouveau gouvernement avec Kris Peeters (CD&V). Il voudrait quitter le navire et pose sa candidature à l’emploi de commissaire européen.
La carrière de Reynders est bluffante. Il n’a jamais quitté un emploi sans la perspective d’en avoir un autre plus rémunérateur. Jean Gol, le tremplin commun à Louis Michel et lui, a été le premier étage de la fusée, des deux compères qui, entre parenthèse, n’ont jamais pu se sentir. Ils se font du blé depuis vingt ans, en semant de peaux de bananes, le parcours de l’autre.
On ne peut pas dénier un sens des bonnes décisions de carrière à prendre à cet avocat au départ et qui a très peu plaidé, s’il l’a jamais fait, avant d’entrer dans la carrière des grands commis de l’État. Sa décision de quitter Liège, où il a perdu tout espoir de devenir bourgmestre, procède du même calcul que Laurette Onkelinx qui a quitté Seraing presque en même temps. Trouver un point de chute plus central, c’est-à-dire Bruxelles, Liège ayant beaucoup perdu tant du point de vue libéral que du point de vue socialiste, a été l’objectif de ces deux bêtes politiques.
Laurette Onkelinx semble avoir mieux réussi dans ses nouvelles fonctions dans la capitale que Reynders, qui voit son emploi de ministre des affaires étrangères au gouvernement intérimaire Di Rupo arriver à son terme.
Bien sûr, l’adroit m’as-tu-vu peut espérer entrer dans le gouvernement du Suédois, sa demande de passer à la caisse de l’Europe, n’est pas que le désir d’améliorer ses actifs, elle est aussi la conséquence des craintes que Reynders peut avoir légitimement de se mouiller dans une aventure qui comporte des risques. Ceux-ci pourraient porter atteinte à sa carrière, jusqu’ici faite de petits paliers ascensionnels de plus en plus fructueux..
Déjà le Suédois et Kris Peeters avant même de signer avec De Wever un accord de gouvernement, devront aborder la question du survol de Bruxelles par les avions d’un aéroport qui, sans cesse revendiqué par les pointus, est uniquement flamand au sol, mais francophone dans les airs ! Le ministre N-VA Geert Bourgeois avait déjà fait savoir que le gouvernement flamand pourrait invoquer un conflit d'intérêts au cas où les francophones du gouvernement fédéral refuseraient la concertation. Le jugement du tribunal allant dans le sens des riverains bruxellois va évidemment compliquer les choses. C’était entendu, on se concentrerait sur l’économique et abandonnerait le communautaire dans le futur gouvernement. C’est raté.
Reynders est dubitatif. Il recrute désormais sa clientèle à Uccle et doit être prudent dans les prochaines semaines. Alors, commissaire européen serait l’idéal pour la suite, au vu des emmerdes qui s’annoncent au Fédéral !

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Elio Di Rupo s’amuse. Il connaît l’envie de l’autre de fuir le Suédois. Il n’a jamais tant apprécié son emploi bien payé de premier ministre qui consiste à faire de la seule figuration. Le nom retenu par les partenaires de la coalition suédoise ne sera manifestement pas connu avant la mi-août quand les co-formateurs entameront la deuxième phase des négociations, qui associera les quatre partis. On entend d’ici les reproches du Suédois à Didier d’Uccle.
– Qu’est-ce que j’entends, tu veux te débiner de tes obligations au MR ?
– Je la sens pas ton affaire. C’est trop casse-gueule. J’ai des frais, moi, une famille, des enfants à nourrir. Pourquoi tu crois que je fais de la politique ?
On ne vous dit pas la tête du Suédois qui joue son va-tout de président du MR dans cette affaire.
Aussi, le Suédois laisse courir les noms de trois candidats : Marianne Thyssen (CD&V), Didier Reynders (MR) et Karel De Gucht (Open Vld).
N’osant pas dire carrément à Reynders que si le MR boit la tasse, comme c’est probable dans les prochains mois, il aimerait bien que Reynders en boive une partie, aussi l’idée du Suédois serait de s'en remettre au jugement du futur président de la Commission. Junker ne cache pas sa préférence pour des listes de candidats, plutôt qu'une personnalité unique. La difficulté de Junker est de présider les Commissions paritairement équilibrées entre hommes et femmes. Aussi, Reynders craint que cette nouvelle manœuvre du Suédois laisse le champ libre à Junker qui choisirait Marianne Thyssen.
Ce n’est pas simple pour Reynders, ni pour ceux qui, à son échelon, espèrent beaucoup de fric dans les emplois futurs. En effet, plus il y a de pognon à ramasser, plus il y a d’ardents patriotes bon à tout, pour toucher le jackpot !

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