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Un pays concentré.

Benoît Lutgen n’a pas mis tout le monde d’accord au CDH, quand il a choisi l’option du PS de refuser d’aller au Fédéral avec la N-VA.
Un des affiliés chic du parti, Luc Willame, ex patron de Glaverbel, ne le lui a pas envoyé dire, puisqu’il lui a écrit une « belle » lettre que tous les journaux se sont empressés de publier.
En gros, les patrons ne sont pas sur la même ligne que l’impétueux Ardennais.
Luc Willame a aimé Di Rupo premier ministre, il a bien servi la cause patronale, mais il redoute un PS dans l’opposition qui entraînerait le parti du centre dans les affres de la contestation systématique.
Il aurait aimé un Benoît Lutgen indépendant du PS, sachant aller à la Région y réclamer pour le peuple et un Benoît Lutgen au Fédéral, pour sauver le pays et aider les patrons à refaire des bénéfices.
Willame souhaite un Benoît Lutgen centriste à la façon de Di Rupo premier ministre. Un président du CDH intégré dans la machine gouvernementale du Suédois et de Kris Peeters, plaçant des créatures défendant l’économie par de la rigueur partout.
Lutgen n’a pas assez d’ancienneté dans la politique. Il lui manque l’échine souple d’un socialiste et le sens des affaires d’un libéral. Ça viendra, que Luc ne s’impatiente pas.
Il a toujours été très difficile au CDH de naviguer à droite, tout en faisant bonne figure parmi les militants du syndicat chrétien. C’est un exercice où plus d’un présidentiable se sont retrouvés par terre. Ce fut le cas de Nothomb, trop à droite et de Gérard Deprez, trop ambigu. Joëlle Milquet n’a dû ses années réussies, que par une politique tourbillonnante qui ne construit rien et, par conséquent, ne risque pas de tomber en ruine, une politique qui ne laisse pas de temps pour réfléchir à autre chose. Sa seule réussite fut la mue du PSC en CDH, à un moment où l’idéal chrétien avait du mou dans les sacristies, avec l’abandon du public de la messe de dix heures, alors que Gérard Deprez s’en était allé au MR, cueillir un premier mandat européen de préretraité, pour assurer ses vieux jours.
Avec l’assaut des patrons « inquiets », Benoît Lutgen doit affronter les économistes officiels, héritiers des concepts économiques du temps de Léopold II, mais pas si dépassés que cela, puisque ce sont toujours les mêmes arguments aujourd’hui, depuis l’invention du chemin de fer par Stevenson.
On comprend mieux le parachutage de Claude Rolin (ex patron de la CSC) à l’Europe, pour y mettre au chaud ses pantoufles, au détriment d’Anne Delvaux.
Lutgen assure ses arrières centre-gauche, en prévision de la fronde de sa droite.
Le centre, qu’il soit de droite ou de gauche a toujours suscité la convoitise de tous les partis de gouvernement, dans une Belgique où plus personne, à part quelques fort-caractères, ne souhaite être autre chose que centriste.

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En s’abstrayant d’un fédéral qui se revendique haut et clair du centre et qui doit diriger le pays au nom de cet « idéal », Lutgen plonge le CV&P et le MR dans l’embarras, en même temps qu’il doit s’attendre à des révoltes intérieures.
Dans chaque électeur belge, il y a un centriste qui sommeille. C’est comme ça. La propagande des milieux financiers, patrons de presse et hauts fonctionnaires des médias a fini par payer. Tout le monde est au centre, voilà la nouveauté. Même Bart De Wever n’est pas contre. Ce n’est pas tant d’être raisonnable qui compte, c’est de le paraître.
Comme le propre du centre est d’être sans opinion, dans un esprit œcuménique de conciliation dans lequel se sont toujours les plus pauvres qui paient la facture, tous les partis de pouvoir sont d’accord.
Le centre est eunuque et fier de l’être.
Élio Di Rupo est le parfait centriste qui se puisse être. Il a l’avantage sur Lutgen d’entretenir l’illusion de passer pour le défenseur de la gauche, en même temps qu’il donne des gages aux classes moyennes et à l’industrie, en plus c’est un royaliste pur sucre.
Lutgen a devant lui un cas d’école. Il lui reste bien des choses à apprendre et notamment de Joëlle Milquet : faire croire de savoir tout et de commander à tout, sans être responsable de rien. Tout un art.

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