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Wenn ich Kultur höre…

Show d’avocats : après Milquet à la culture FWB, voici Reynders au fédéral.
C’est notre grand touriste Reynders qui a la charge de la culture fédérale, dans ses compétences de vice-Premier ministre. L’horaire est complet, entre les voyages d’inspection de nos ambassades, les séjours touristiques au titre de missionnaire économique dans les tournées bisness d’Astrid et Laurent, il pourra se faire photographier avec Modiano.
Voilà un agenda de tour-operator ministériel bien chargé.
Reynders, de passage en Belgique, pourrait peindre des décors, jouer de la clarinette dans l’orchestre national, faire l’hallebardier dans un drame d’Hugo au Théâtre des Galeries, etc.
Les accords de Michel avec les Flamands prévoiraient jusqu’à 30 % de subventions en moins !
Il est vrai que cela touche peu les créateurs qui sont peu ou pas du tout aidés. Écrire, peindre, composer de la musique, n’est pas un métier. Un vrai métier, c’est quelque chose où on s’emmerde royalement pour enrichir les autres. La création artistique, ça l’est rarement.
Ces 30 % vont faire mal aux rares métiers où, justement, on ne s’emmerde pas trop, parce qu’ils touchent à l’Art : régisseurs, costumières, maquilleuses, machinistes, seconds rôles, flûtistes d’orchestre symphonique ou animateurs des salles de la culture.
Sans aucune illusion sur le sens officiel donné à l’art, la culture est entrée en résistance depuis longtemps. Á part quelques chouchous des Autorités, des vedettes étrangères, des animateurs de chaînes radio-télévision, tout le monde y crève généreusement de faim.
Voilà longtemps qu’on ne subsidie plus que l’Art conformiste et patriote, célébrant les vertus, les parties carrées des sponsors avec les choristes, les belles manières des plaisantins, les suppôts des échevinats de la culture plus ou moins socialistes en Wallonie, nationalistes en Flandre.
Cela donne des Fadila Laanan, des Milquet et des Didier Reynders. Splendeur des mauvais choix et des diktats politiques, ces protecteurs des arts sont des variantes des aventures de Bisounours, d’In Fine la juriste et de Casimir-le-voyageur.
Il en est ainsi des Fregoli de la politique-spectacle. Ils finissent par ne plus faire que du spectacle.

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On se demande comment Didier-la-combine va bien pouvoir gérer ce qui va rester de la culture, lui qui n’est jamais là ? Dans son speech d’idolâtrie pour nous annoncer la bonne nouvelle, Chastel a cru faire le mariolle en rappelant la demande de synergies et de gain d’efficacité réclamée à l’ensemble des institutions fédérales par les grands esprits qui entourent Charles Michel !
Voilà le mot est lâché. En culture, Reynders a trouvé la synergie. Ce sera une sorte de spectacle total, une soirée théâtre philharmonie et folklore : Richard III du grand Will (évidemment) condensé en un acte, suivi du ballet Casse-noisette de Tchaïkovski alliant danse et musique, pour finir par Charlemagne contre Tchantchès, un spectacle de marionnettes liégeoises depuis la salle du Trianon à Liège.
Ce qui permettra aux danseurs, musiciens, comédiens et montreurs de se produire en une soirée, pour faire chômeurs les autres jours.
Mais il y a mieux, deux députées de la N-VA s’opposent à la création d’un musée d’Art contemporain à Bruxelles ! Non seulement avec les deux ministres on était mal, ave les N-VA en renfort ; c’est carrément le blitz de la culture… Ces dames auront dû lire la pièce de théâtre de Thiemann d’où est sortie la célèbre réplique « Wenn ich Kultur höre… », elles ont sorti leur goedendag.
Ce sera la kultur totalitaire ou rien ! Les autres, les décrocheurs de lune, les flemmards à la guitare, les naufragés du rock, les peintres du dimanche en huit, les fous de la plume et les toquards de la sculpture sur pattes de mouche pourront toujours s’adresser à l’échevinat de leur ville respective, en raison de l’économie ambiante, les portes des maisons de la culture leur seront poliment fermées au nez.
Reste une synergie à exploiter, un numéro de claquette d’un couple mythique Reynders et Milquet (nouvelle star de la culture de la fédération Wallonie-Bruxelles), les Ginger et Fred de la société de consommation.

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