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Les WC, le dernier havre.

La méfiance entre les personnels et le patronat est réciproque.
L’âpreté pour le profit de l’un, et la conscience accrue de la désolation des autres à perdre sa vie pour la gagner, aboutissent à ces petits bagnes en tôles peintes et sans fenêtres qu’on voit dans les zonings…
Cette société produit un système faisant de l’inégalité un levier qui pousse les chanceux à bénéficier d’un certain pouvoir par l’argent et les malchanceux à s’en prémunir, comme ils le peuvent, par des moyens dérisoires.
Les économistes ne peuvent pas sortir du dilemme d’une étonnante simplicité, à la question des ressorts de l’ensemble social. Ceux-ci se tendent toujours sur l’intérêt animal de chacun, à l’exception de rares altruistes noyés dans la masse consommant.
La rengaine officielle glorifie le travail tel que les productivistes le conçoivent aujourd’hui, propagande dérisoire à laquelle chacun fait semblant de croire, par commodité et intérêt.
Avec les sociétés anonymes de contrôle des absents, la méfiance patronale trouve, une manière de se défendre contre les abus, en suspectant tout le personnel subalterne de tricher.
Qui n’a pas un jour vécu l’intrusion à son domicile, d’un médecin inspecteur d’une de ces sociétés, n’a qu’une vague idée de ce qu’est une atteinte à la dignité de la personne. Il paraît que c’est légal de confier à quelqu’un que vous ne connaissez pas, votre état physique ou mental, sur la seule justification que l’individu à un diplôme de médecin.
Nous n’allons pas nous étendre là-dessus, puisque l’actualité met en scène, non pas un acteur du soupçon et de la défiance, mais une des sociétés anonymes qui propose ses talents au patronat.
Des pirates informatiques se sont emparés d’une partie des données du service de médecine de contrôle de Mensura. Ils ont obtenu des informations sur l’identité de centaines de travailleurs, s’écrie, indignée, la CSC…. Et pas seulement sur l’identité si l’on en croit la description du contenu de ces données de médecine : âge, maladies anciennes, état général, aptitude psychique, probablement aspect politique et moral de l’individu.
Les syndicats auraient dû s’inquiéter du phénomène bien avant que des hackers ne piratent Mensura..

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Déjà la qualité de médecin contrôleur est suspecte. Son rôle consiste à divulguer l’état de santé d’une personne. En principe, il ne lui est pas demandé un diagnostic, mais un avis sur la capacité de l’absent à revenir au travail immédiatement, sinon dans de meilleurs délais que suggérait son médecin traitant.
Or, on sait d’après les données piratées, que ce médecin-contrôleur contrevient au secret médical et élabore avec la complicité de son entreprise une sorte de fichier dans une banque de données à laquelle le client de sa société peut accéder.
Il est vraisemblable que ce fichier est interconnecté entre les différentes sociétés, de sorte qu’il constitue une sorte de classement en gros, moyens et petits fraudeurs et que l’embauchage se fait en fonction de la consultation de ce fichier.
Mensura, Securex, Medicat-Partner, Mediverif ou Contrôle médical Service, etc. la liste est longue de ces services spéciaux, sorte de DGSE ou CIA des employeurs. On est paré. Il manque le numéro matricule tatoué sur l’avant-bras, du malade récidiviste !
Pour une fois qu’un business de ce genre est mis en évidence par un fait-divers, c’est l’occasion d’exprimer un doute sur la réelle liberté dont dispose un citoyen au service d’un autre, dans cette société toujours appelée démocratie.
Je n’ai rien à cacher diront toujours et partout les imbéciles heureux qui font la joie de la pensée dominante. Tant mieux s’ils sont pourvus d’un tube digestif et de quatre membres actifs et sans que cela soit nécessaire dans leur cas, d’un cerveau. Mis à part ces vaillants qui déshonorent l’espèce humaine, qui n’a pas souffert un jour de l’envie de rester chez soi ?
Contrôlé partout, il restait encore deux situations dans laquelle le travailleur pouvait penser être libre : à son domicile, c’est raté ! Aux chiottes de l’entreprise, oui, d’accord, mais jusqu’à quand ?
Quant au fameux ordre des médecins, on l’a vu chipoter pour certains cabinets « rouges », menacer de radiation de « fortes têtes », pour les docteurs-inquisiteurs, on ne voit plus personne.
« Dans quelque maison que je rentre, j'y entrerai pour l'utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur… etc. »… l’amour du pognon tout de même, Hippocrate n’en est pas encore revenu !

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