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Les parfaits, les impurs et les exclus.

Sans recourir à des références de gens connus pour des raisons d’espace dans ce blog, les économistes d’aujourd’hui se divisent en trois catégories distinctes.
La première, la plus classique, la plus conforme à l’empirisme actuel, est celle qui participe au pouvoir économique, gère les livres de compte, conseille les politiques, sinon les suggère.
Nous voyons ses principaux interlocuteurs aux radios et télévisions. Nous lisons leurs chroniques et nos ministres des finances boivent leurs paroles.
Cette catégorie accompagne l’économie mondiale en admiratrice empressée. Son objectif est de mettre en adéquation la rentabilité avec ce qui se fait de meilleur marché, punissant sous forme de crédit à rembourser, les États qui conserveraient une attitude passéiste afin de préserver les valeurs sociales. Ces États, du monde occidental, produisent avec des salaires trop élevés par rapport au salaire mondial de base. Les pays à bas salaires ne prennent pas à charge les dépenses maladies et les dépenses d’inadaptation aux lois du productivisme, comme le chômage. Il est évident, que l’État qui peut puiser dans une réserve de mains d’œuvre à bas coûts et qui n’a pas de lois sociales (ce fut le cas longtemps de la Chine) donne le « la » et induit par son PIB à être approché et imité par les États « dépensiers ».
Les économistes de la deuxième catégorie épinglent les dérives de l’économie mondiale, profondément destructrice. La loi de l’offre et de la demande conduit à l’anéantissement de toute structure à valeur humaine et pousse l’humanité à sa perte. D’énormes réserves, résultant du travail des hommes, sont stockées dans des banques au profit de quelques propriétaires sous formes de devises, chaque jour voit s’accroître ce pactole. Il faut bien qu’il ait été tiré de quelque part. ? C’est le résultat d’un appauvrissement général, ce que les économistes de la première catégorie contestent.

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Les économistes de la deuxième catégorie considèrent que le système économique mondial est amendable et qu’il conviendrait de le réformer par de nouvelles règles freinant les appétits, diluant les concurrences afin qu’elles n’appauvrissent pas les pays « riches », de sorte que la concurrence ne joue pas sur les salaires, puisque par définition, elle les voudrait identiques partout. Il existe évidemment des barrières douanières et toutes sortes de mesures protectionnistes (les États-Unis en cette matière sont les champions), mais aucune règlementation mondiale n’a jusqu’à présent protégé un travailleur de base d’une société évoluée et bénéficiant de lois sociales. Ces économistes, plus vertueux que les premiers souhaiteraient que le nivellement mondial du travail ne se fasse pas par le bas, mais par le haut. Il est évident que naturellement la pratique journalière ne le permettra pas et qu’au contraire, le niveau s’effectue par le bas. Le processus est en marche depuis plus vingt ans déjà. D’où l’urgence que cette deuxième catégorie soit écoutée. Elle ne l’est pas. Bien du contraire, les efforts des États européens endettés pour alléger leur passif vont dans la voie des premiers.
Enfin la troisième catégorie d’économistes est essentiellement composée de ceux qui pensent que le capitalisme mondial n’est pas réformable et qu’il faut le détruire pour construire autre chose. Par rapport aux deux autres, cette catégorie est plus logique, mais elle est utopiste, parce que concrètement irréaliste. C’est le rêve postmarxiste des héritiers du socialisme des premiers temps. Il est fort improbable qu’une même envie de se débarrasser de la chape de plomb d’une économie mondiale oppressive vienne en même temps dans plusieurs grands pays du monde. Il faudrait pour cela que la vérité sur la mondialisation et des horreurs qu’on entrevoit sautent aux yeux de la multitude. Ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. Quant à faire « sa » révolution tout seul, les autres États capitalistes n’ont même pas à se donner le mot pour tomber à bras raccourci sur le téméraire.
La Belgique voit le triomphe des économistes de la première catégorie. Tous les pays d’Europe pratiquent la même politique. Est-ce pour autant qu’elle soit la bonne ? On sait ce que valent les certitudes et les risques d’un effondrement. Ceux qui ont analysé les causes de la crise de 2008-2009 n’auraient encore rien vu !

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