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Alain Gerlache et le populisme.

Alain Gerlache n’aime pas les trolls. Cependant, la définition du mot lui va parfaitement.
Un troll est un message susceptible de provoquer des polémiques, par exemple dans un débat conflictuel. L'expression peut aussi s'appliquer à une personne. Sans doute ne les aime-t-il pas, parce qu’il en est un ?
À la RTBF, chacune de ses apparitions me donne un certain malaise. Il sait tout et il tranche de tout, surtout quand une opinion populaire le heurte.
Pour certains, le populisme est le mal absolu. C’est son cas. Il fait partie de cette « élite » particulièrement remontée contre une opinion qui n’aurait pas été codifiée et aseptisée par ce qu’il est convenu d’appeler l’intelligentsia bourgeoise.
Il est tellement certain de ce qu’il avance, qu’il est incapable d’entendre un raisonnement contradictoire sans le soupçonner de populisme.
On a compris que ce journaliste multi fonctions navigue dans les eaux où l’ordre et la discipline règnent. Son gagne-pain c’est le lieu commun. Le consensus des élites pour une Belgique conformiste fait tout son programme.
Son dernier assaut contre les libertés ordinaires le dévoile dans son manque d’objectivité, lorsqu’il lui paraît que le populisme s’en nourrit.
C’est ainsi qu’Alain Gerlache, homme de rigueur, voudrait un contrôle sévère des réseaux sociaux. Il y a flairé une source de populisme malodorante, dans l’usage que certains trolls en font.
Voici ce qu’il écrit à ce propos et il s’y révèle parfaitement.
« … va-t-on vers des contraintes plus strictes sur les réseaux sociaux ? C’est en tout cas la fin du rêve de communautés qui s’autorégulent. Un fantasme derrière lequel les réseaux se sont longtemps abrités pour ne pas prendre leurs responsabilités. Ce ne sera pas simple. Mercredi dernier, la directrice des politiques publiques de Google reconnaissait devant le groupe libéral du Parlement Européen que YouTube est incapable de filtrer les contenus vidéo liés au terrorisme. Et Slate publiait une enquête qui démontre de le réseau de photos Instagram sert aussi de plateforme à la prostitution cachée. Il y a du boulot. »
Évidemment Google est un énorme bazar. Il y a des sites néfastes, nauséabonds, tout ce qu’on veut. Mais la question est toujours la même : « Quels sont les critères et qui va les interpréter pour clôturer un compte d’office ? » Deuxième question « Comment appliquer des lois nationales à des sites internationaux, dont on ignore pour certains la nationalité ? »
Ce qui n’effleure pas une seconde les certitudes du journaliste touche-à-tout de la RTBF, plutôt que d’exclure à tout hasard et unilatéralement, ne vaudrait-il pas mieux d’éduquer l’utilisateur et de lui faire part des risques ? L’armer enfin contre toutes les arnaques, y compris les religieuses et les économiquement inacceptables ?

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L’antipopulisme de Gerlache est trop conforme à la pensée libérale (partagée aussi par les socialistes de gouvernement) pour me faire penser qu’il prend avant tout les gens qui n’ont pas son curriculum et son parcours professionnel, pour des imbéciles.
C’est le péché mignon des élites.
Et voyez où nous sommes et où nous allons à cause de croire encore à leur « maîtrise » des affaires : marasme, chômage, déficit. C’est curieux tout de même, que cela se passe entre eux, sans qu’aucun populiste n’y ait mis le grain de sable fatal, cette responsabilité de leur échec qu’ils nous mettent sur le dos !
Faut-il rappeler à cet « éminent » que les populistes ne gouvernent pas. Ils sont seulement taxés, souvent lourdement et chômeurs, entre deux boulots mal payés.
Je ne pourrais pas mieux l’écrire que Jacques Julliard dans son éditorial de Marianne, n° 929 :
« Permettez-moi de le redire. Le populisme du peuple n’est que la conséquence de l’élitisme des élites. Les élites méprisent et détestent le peuple. Étonnez-vous ensuite, que le peuple le leur rende bien. »
Voilà qui interroge ma conscience : je n’aime pas Alain Gerlache sur les plateaux de ses prestations. Il y a quelque chose chez lui de pète-sec d’un adjudant obtus et d’une fausse rigueur imbécile que je déteste. Il m’arrive parfois de penser qu’il n’a pas tort dans certains de ses arguments, mais la façon dont il le dit m’empêche d’y adhérer. C’est physique.
Maintenant je sais pourquoi, Alain Gerlache n’aime pas le peuple.
C’est drôle, en écrivant ce qui précède, j’ai du coup moins mauvaise conscience.

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