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Pudibond / pudicon.

Comment se faire une opinion pour lutter contre des idées que vous ne partagez pas, si on vous empêche de les connaître ? Que d’autorité quelqu’un vous dise qu’elles ne vous conviennent pas, est largement insuffisant.
Mein Kampf de feu Adolphe, des livres racistes de certains auteurs, dont le plus connu est Louis Ferdinand Céline, dans des publications vendues seulement sous le boisseau et qu’un citoyen ordinaire ne peut se procurer, discuter pour ou contre de ce qu’on connaît par ouï-dire, cela paraît difficile. Le boycott du spectacle de Dieudonné, le faut-il ou ne le faut-il pas ?
Si c’est pour affirmer que puisqu’on l’interdit, c’est peut-être parce qu’ils véhiculent des choses nuisibles. Oui, mais lesquelles ? Etc. Etc.
De dernière minute, c’est le compte-rendu d’audience du procès du Carlton de Lille qui fait problème.
On vous dit « Ne lisez pas, n’écoutez pas, ce sont des textes et des paroles ordurières. Faites confiance aux autorités dirigées par plus au courant que vous. »
Justement, la plupart des gens n’ont plus confiance dans l’appréciation des élites. Tout lecteur doté de facultés critiques a quand même le droit de se faire une opinion sur pièce.
Le procès du Carlton est édifiant à ce titre.
« Nos élites estiment qu’on en a fait trop, que les déballages sont indécents, que la justice ne s’en trouve pas grandie de n’avoir pas prononcé le huis-clos ».
C’est à nouveau le complexe de Mein Kampf qui revient.
Un autre argument serait de nature à protéger l’intimité des prévenus.
« Et si tout se terminait par un non-lieu ? » (hypothèse aujourd’hui quasi certaine pour DSK)
« Aimeriez-vous que l'on jetât en pâture vos comportements et vos préférences dans un procès duquel vous sortiriez innocent ? »

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Ainsi, pour toutes ces raisons discutables, on passerait à côté d’une approche philosophique et morale d’un membre important de la jet society, un ex probable président de la république, ex cador du FMI, grand économiste dont une de ses sociétés est en faillite frauduleuse, notable défrayant la chronique en d’autres lieux et sur d’autres scènes « de crime », en usant et abusant de femmes fragiles, les prostituées le sont toutes, d’un socialiste dédaignant à ce point le petit personnel, qu’il a abusé d’une femme de chambre du Sofitel de NY, pourri la vie d’une secrétaire du FMI et traumatisé une journaliste qui n’a dû qu’à la fuite, d’éviter un « droit de cuissage ». DSK se tirant de tout par des pirouettes et l’argent d’Anne Sinclair, par son cynisme et une belle connaissance d’une justice, qui ne peut condamner sans preuve que par des aveux qu’un roué comme lui n’est pas près d’avoir
Si le public avait ignoré cela, comment prendrait-il conscience que la justice offre toujours aux riches les moyens de s’en sortir, qu’un personnage important peut très bien n’être qu’un voyou de bas étage et que le seul vrai garant des mœurs de l’État ne se retrouve que dans le peuple, pourtant tellement dénigré et humilié ?
Comment comprendre des réalités qu'on ne nomme qu’à mots couverts, avec des expressions et des manières d’initiés ?
Il est logique qu'un prévenu fasse tout pour passer à travers les mailles du filet. Il est quand même bizarre que ce soient les magistrats qui ne nomment pas les choses en parlant «d'actes contre-nature» pour une sodomie que la partenaire d’un soir ne voulait pas, puis de s’embrouiller dans des détails « scabreux » que l’homme de loi répugnait de mentionner.
Cette pudibonderie du magistrat a fini par déteindre sur les témoins qui ne pouvaient pas aller plus loin que le juge.
Nul n’ignorait et surtout pas DSK que le « matériel » était des prostituées payées pour la partouze. Il ne sera pas condamné pour proxénétisme parce qu’officiellement, il l’ignorait et que personne ne lui a fait avouer le contraire.
Dans le fond, je m’en fous que DSK soit un queutard invétéré, qu’il soit le roi du business ou fauché de première, que l’économiste de mes deux a mal géré son entreprise, qu’il ait besogné ferme des « pétasses » et défoncé la rondelle à Sinclair ou à des putes, du moment qu’elles étaient consentantes, goulues et volontaires.
Qu’il l’ait fait dans pas mal d’occasions en brutalisant et forçant ses partenaires occasionnelles, tout en rudesses et imprécations, imprécateur sadien probablement sa recette pour faire dresser la tête à « Francis », ça relève des Assises et éventuellement de l’asile psychiatrique. Ça s’appelle un viol.
Voilà pourquoi, la correctionnelle, c’est bonard pour sa grandeur. Quoique personne ne le lui conseille, il pourrait à la rigueur redevenir socialiste militant, dès sa relaxe.
Justice immanente, il peut se représenter, il ne sera pas élu.
S’il y a quand même une justice, elle ne se trouve pas dans les prétoires.

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