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Du gris au noir.

Depuis 2008/9, suite à la crise bancaire, un voile s’est déchiré : deux phénomènes conjoints sont apparus sans que nos augures aient pris la peine d’en parler.
1. le trouble produit dans l’économie est tel qu’il dépasse l’effet mécanique de la cause à l’effet. Il remet en question le système économique lui-même.
2. du point de vue strictement politique, les programmes de gouvernement qui s’appuyaient sur le choix des électeurs n’existent plus. L’énumération des moyens pour épurer les dettes de l’État, les remplace.
Les électeurs sont les victimes et les témoins impuissants de ces deux phénomènes.
En premier, c’est simple, les partis n’ont garde de mettre en cause la dérive de l’économie capitaliste, sauf les partis d’extrême gauche. Des contempteurs du système décrient les extrêmes en les mettant dans le même sac, selon la formule la plus imbécile que je connaisse « ce qui est excessif n’est pas crédible ». Or, ce qui différencie l’extrême droite de l’extrême gauche tient justement dans l’absence de toute critique par les premiers du système économique lui-même, même si ces partis veulent sortir de l’Europe, reprendre le contrôle de leur monnaie, etc. Aucun n’a l’intention d’attaquer le fond du problème. On ne touche qu’à la forme.
C’est donc bien les seuls partis d’extrême gauche qui ont raison de poser la question sur l’incapacité actuelle du système de rendre les peuples heureux. À partir de là, qu’il y ait des rêves fous, des utopies ou des extravagances, c’est à l’électeur d’en juger. Mais il ne le peut, puisque la majorité ne veut à aucun prix ouvrir le débat.

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D’où le deuxième point qui est un paradoxe.
Vous connaissez le programme de Charles Michel, à part assainir les finances publiques ? Qu’a dit le premier ministre qui passerait pour une vision de la Belgique d’ici la fin de son mandat ?
Rien.
Nous avons entendu un chef de rayon du Grand Magasin Belgique. Il circonscrit son action au paiement des dettes du passé pour un avenir incertain. Sur six mois d’activité, le MR et la droite flamande ont profité du contentieux comptable pour ajouter quelques mesures limitant les prétentions des travailleurs et détricoter les fonctions sociales de l’État.
On a rarement vu des intentions qui faisaient, si peu envie d’adhésion.
Les dirigeants n’ont en tête que le retour de la croissance, au point de confondre leurs fonctions avec celles d’entrepreneurs. Le commandant de bord part souvent pisser et Bart De Wever, son second, entreprend des manœuvres hasardeuses.
Les défis du futur tiennent à d’autres considérations que l’équilibre import/export !
Notre philosophie s’est-elle à ce point rétrécie, qu’elle se réduit à tenir la boutique ? Comment ne pas bondir quand le « vivre ensemble » est nié sous prétexte que l’intendance tient lieu de morale ?
Le retour à la croissance semble le seul but, avec une coloration plus ou moins verte du PIB pour faire bien. La gauche rosée attend avec la droite la reprise qui inversera enfin la courbe du chômage. Avec une certaine angoisse du PS, si la social-démocratie s’était plantée en misant sur le bisness for ever ?
La droite promet qu’avec son remède de cheval, on retrouvera l'expansion plus vite. Di Rupo n’avait pas dit autre chose avec les chômeurs. Le résultat n’est pas bon. Ce sont les plus faibles qui trinquent. Voilà un concept qui ne tient pas compte des citoyens.
Le retour au plein-emploi (s’il a jamais lieu ?) ne suffira pas à guérir les maux dont nous souffrons.
L’endettement massif n’a aidé que l’économie bancaire. Comment rembourser sans appauvrir une ou deux générations, à commencer par la nôtre ?
La productivité n'apporte plus ce petit plus qui faisait que les citoyens au bas de l’échelle voyaient leur revenu s’améliorer. Par contre les grosses pointures se goinfrent.
Quelle est la meilleure stratégie pour que le capitalisme post-libéral soit moins désastreux pour le citoyen ?
Droite et gauche ne donnent aucun signe d’intelligence, sur cette question cruciale.
La nostalgie des Trente glorieuses est une manière de les croire encore possible dans le futur. Le capitalisme ne repasse jamais les mêmes plats.
La classe politique ignore l’intelligentsia en marge ou si l’on veut « à contre courant », elle ne lit plus, elle porte toute son attention à paraître sur les chaînes d'info.
Le gouvernement actuel se propose de liquider le social et prépare pour la législature suivante l’autonomie complète de la Flandre. L’ambition des Michel, quand même !...
Gâchis complet !

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