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Mons a la gare et rate le reste.

C’est entendu, Calatrava est un grand architecte. Ses ingénieurs accomplissent des prouesses techniques d’acier et de verre.
Est-ce bien malin d’avoir doté la Ville de Liège d’un dôme gigantesque pour la gare des Guillemins mettant par contraste tout le quartier en zone inadaptée et pour longtemps ?
Ce monstre moderne a évidemment procuré chez Di Rupo des crampes de jalousie. Mon Mons aurait dû inaugurer la petite sœur des Guillemins pour 2015, l’année culturelle montoise par excellence. Aux dernières nouvelles ce sera pour fin 2017.
Est-ce raisonnable de dépenser des centaines de millions en bâtiments nouveaux pour un chemin de fer en déficit chronique, qui ferme ses gares en-dehors des grandes agglomérations et qui ne sait pas faire arriver ses trains à l’heure ?
Comme pour Liège, la gare de Mons dépasse les prévisions initiales (37 millions d’€) pour aller vers une dépense quatre à cinq fois supérieure ! Une des raisons d’une telle différence, serait qu’on aurait abandonné le premier projet, sans doute moins prestigieux, pour un autre beaucoup plus cher.
A-t-on jamais vu ça, dans une démocratie, de mettre quasiment les citoyens devant un fait accompli qui n’est, n’en doutons pas, qu’un tour de passe-passe prémédité !
Le moins qu’on puisse faire en démocratie serait de convoquer devant une commission les experts qui ont été chargés de faire le calcul des coûts prévisionnels. Comment peut-on estimer des travaux cinq fois en dessous de ce qu’ils vont coûter ?
On peut légitimement penser qu’il y a une manœuvre de sous-estimation dans le but de décrocher les autorisations des Autorités diverses. Jouer avec les budgets, sans encourir la moindre sanction, cela s’appelle être « hors contrôle ».
Vous avez entendu quelque part qu’on s’en inquiète ?
N’importe quel citoyen de bon sens n’ignore rien des bouleversements architecturaux après l’implantation d’une nouveauté de ce calibre dans le quartier. Mons sera sans doute confronté, comme Liège, à des travaux nécessaires de transition entre l’extrême modernité et l’extrême platitude architecturale du site environnant.
Liège est une référence en la matière.
Calatrava en architecte inspiré avait déposé un autre projet complémentaire à la gare de Liège qui concernait son environnement direct par le creusement d’un canal, avec quais promenades et ponts, qui irait de la gare à la Meuse.
C’était tout à fait génial et aurait réconcilié les Liégeois avec l’hyper modernité de l’édifice ferroviaire. Ce n’était pas seulement la gare, mais l’ensemble de proximité qui aurait été remodelé.
Manque de bol, après n’avoir lésiné sur rien pour l’aboutissement du projet, voilà qu’on mégote sur tout pour la suite !

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À défaut de quoi, nous aurons notre tour des finances qui se verra de loin plantée à quelques encablures de la gare au milieu d’un désert parsemé de bac en fausses pierres recueillant des plantes à hautes tiges (évidemment). C’est minable et riquiqui.
De part et d’autres de ce désastre, ce qui reste de la rue des Guillemins avec ses trois hôtels et ses deux cafés à l’ancienne, et de l’autre, la moitié de la rue Varin avec ses filles et ses logettes « comme au bon vieux temps », on ne peut pas dire ainsi globalisé, que l’ensemble soit une réussite.
Pour Mons, il y eut bien quelques « soldates » du bon sens, la cdH Catherine Fonck qui estimait qu'une gare ne doit pas se transformer en palais des glaces et Juliette Boulet (Ecolo) d’ajouter que de telles dépenses étaient indécentes par rapport à la réalité que vivent les navetteurs montois.
Il y en eut aussi pour Liège, en son temps.
Tout cela n’ayant servi qu’à exacerber les volontés au pouvoir arcboutées sur des décisions qui se révèlent, presque toujours après, de minables prétentions de politiciens magouilleurs.
Jacqueline Galant le reconnaît "Il est clair que le projet de la gare de Mons est lourd et au détriment des petites gares qui font l'attrait des communes. J'ai demandé qu'un inventaire complet des petites gares soit dressé. Il débouchera sur l'élaboration d'une fiche par commune concernée pour voir ce qu'il y a lieu de faire".
Quand donc se rendra-t-on à l’évidence que ce qui fait le charme d’une ville, c’est sa cohérence dans son caractère ?
Ce n’est pas pour cela qu’il ne faut rien changer et rester dans ses vieux quartiers avec ses vieux meubles. Cela veut dire qu’on ne doit jamais perdre de vue qu’une ville de petite taille comme Liège et encore mieux Mons, doit être avant tout « harmonieuse » dans son ensemble.
Maintenant, il est trop tard pour tout.
C’est bien dommage. On entre dans la modernité avec des chaussures neuves et un trou dans le pantalon.

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