« Nos trous noirs. | Accueil | Le pognon qui rend fou ! »

Caroline Fourest

Petit débat salutaire de décompression : le « mensonge » de Caroline Fourest à Laurent Ruquier, à propos d’une affaire minuscule : « instrumentalisée par des collectifs intégristes, la version de la victime est confuse, l'avocat, maître Hosni Maati, parle d'agression commise par un skin "à crête rouge" » (1).
On le voit : trois fois rien ! Débat médiatique, avec Aymeric Caron dont la spécialité est de mettre l’invité mal à l’aise sur le plateau de Ruquier, en complète complicité avec ce dernier !
J’aime bien Caroline Fourest, tandis que le rire continuel de Ruquier m’insupporte.
En quoi ce tapage de clowns en hit-parade permanent peut chatouiller l’amour propre de cette bonne journaliste, défenseure de la laïcité et de la liberté d’expression ?
Être exclue d’« On n’est pas couché » ne devrait pas trop provoquer des cauchemars chez un être normalement constitué. Me suis-je trompé sur le militantisme de Caroline Fourest ou bien dois-je conclure que pour être lue et reconnue Caroline Fourest doit être acceptée par ces grotesques qui mobilisent le plus gros des téléspectateurs ?
Il y a un peu des deux. Il faut malheureusement passer par les étranges lucarnes, avoir la « chance » d’être interviewé sur RMC ou Canal, faire Bourdin ou Jean-Pierre Elkabbach, pour avoir une chance qu’on prenne vos idées au sérieux, qu’on lise vos fascicules et qu’un journal du soir vous commande quelques articles. Ruquier, Ardison, Drucker et Alessandra Sublet servent de rampe de lancement ou champ d’atterrissage, pour les gros porteurs de la notoriété.
La chose est bien huilée et fonctionne à tout coup.
Heureusement pour l’estime que je porte à Caroline Fourest, elle s’est servie des tremplins médiatiques et de son talent pour faire du bruit à tout prix pour vendre Éloge du blasphème, éditions Grasset, 2015, certes, mais tout en dénonçant les simagrées du star-system.
Les laïcs pourraient quand même faire un effort de conscience, plutôt que se pâmer devant Natacha Polony ou Patrick Poivre d’Arvor, à commenter l’actualité inintéressante, reconnaître que Caroline Fourest mène un combat essentiel qui nous concerne tous.

1femensa.jpg

L’auteure de « Inna » Grasset 2014, part à la charge du bastion Ruquier quand elle cite « une équipe plusieurs fois rappelée à l'ordre par le CSA (ici, ici, là et là également), connue pour ses dérapages sexistes (ici, ici et là), capable d'annoncer la mort d'une femme qui vit encore, de sauver au montage les propos douteux d'Aymeric Caron sur les crimes de Mohammed Merah face à Alexandre Arcady, d'inviter Tariq Ramadan sans vraiment le contredire, de promouvoir des conspirationnistes, de mettre cinq ans à l'antenne un procureur xénophobe comme Eric Zemmour (condamné pour provocation à la "haine raciale"), quand elle ne met pas en scène la gauche "idiote et utile" à travers Eric Naulleau et Aymeric Caron... Un chroniqueur prêt à tout pour éviter le débat de fond sur cette gauche islamo-gauchiste qu'il relaie. Y compris m'accuser d'avoir "modifié" et fait disparaître cette fameuse chronique sur l'agression des femmes voilées pour effacer mes traces... Alors qu'elle est passée en direct à la radio et toujours disponible, telle quelle, sur le site de Radio France! ».
Et Caroline Fourest d’enfoncer le clou « J'éclaterais de rire si cette polémique absurde n'avait pas pour effet d'occulter l'essentiel. Faut-il rappeler le contexte dans lequel nous essayons d'avoir un débat sur le droit au blasphème? Le nombre d'amis déjà morts, celui en danger, les menaces qui pleuvent? Les amuseurs de foule, de buzz et de clash, ne pourraient-ils pas cinq minutes mettre de leur côté leurs recettes habituelles au lieu de participer au lynchage par jeu ? »
Devait-elle accrocher le clown blanc Ruquier, parce que son comparse l’auguste Caron n’a pas dit un mot de ce pourquoi elle était présente (Éloge du blasphème) ?
Je ne sais pas. D’autant que son histoire romancée de « Inna » nous avait fait découvrir l’année dernière une autre Caroline Fourest. Outre l’amoureuse de la Femen ukrainienne, c’est une recherche sur elle-même que nous avions apprécié, encore qu’elle n’était pas dépourvue d’un certain appétit de notoriété, dans un milieu qu’elle semble mépriser.
Mais où je suis entièrement d’accord avec elle c’est lorsqu’elle conclut par « Drôle de monde, où l'on réussit à faire passer l'anecdotique pour l'essentiel, les pacifistes pour des violents, les tueurs pour des victimes, et au final le vrai pour du faux. »
Rien que pour cette phrase, je lui pardonne son petit côté fashionable des milieux branchés parisiens.
---
1. Caroline Fourest avait prétendu que l’agression d’une femme voilée dans la rue avait été un coup monté par des islamistes. Le procès avait été perdu. À Ruquier lors de l’émission, elle avait affirmé le contraire. Le procès sera rejugé en appel.

Poster un commentaire