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La gauche porte à droite.

Le Labour Party était mal dirigé. Il ne pouvait pas gagner les élections. Le fait est incontestable, sauf que tous les instituts de sondage se sont trompés. Après sa défaite, son leader Ed Miliband a eu le chic de démissionner. Il s’est attribué la responsabilité de l’échec du parti. Tout n’est pas mauvais dans la politique anglaise. Si Di Rupo avait été Anglais, après les élections comme il n’a pas pu reformer une coalition, il aurait présenté sa démission. Le PS n’est pas british, Elio a été réélu président du parti socialiste par acclamation !

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Ce n’est pas que le leader du Labour qui a été l’instrument de la défaite. David Cameron a gagné en Grande Bretagne, parce que la tendance de l’électeur, pas seulement en Angleterre mais partout en Europe, est de voter à droite.
Le résultat, assez surprenant, part pourtant d’un raisonnement extrêmement simple. Puisque les sensibilités différentes qui font l’alternance gauche/droite se sont rapprochées au point de se ressembler, autant garder des conservateurs au pouvoir, voire de les y imposer. Ils ont une meilleure approche du pouvoir économique, des relais dans les banques et même ils y ont leurs aises.
Le raisonnement est le même partout. Voyez la Belgique, un socialiste programme des restrictions pour les chômeurs et c’est le gouvernement suivant de Michel qui les applique avec délectation, on imagine. Vous croyez que ça incite à voter pour le PS ?
Ce qui ne veut pas dire que les courants nationalistes sont à la traîne. En Grande Bretagne les nationalistes Écossais ont raflé tous les sièges dévolus à leur territoire sauf deux. En Belgique, Bart De Wever a toujours l’intention de mener la Flandre à l’autonomie complète, tout en poursuivant, d’accord avec le MR, une politique économique qui pèse surtout sur les citoyens de conditions modestes.
Et ça marche ! Les gens en raffolent. Cameron aussi a infligé une sévère austérité aux populations, en même temps qu’il sabrait dans les personnels administratifs du royaume. Là aussi, ça prend.
Seul le Front National, en France, a un langage différent. Étrangement, cela ne dérange personne du Front d’expliquer les programmes à la manière que les militants les veulent. Il est néanmoins vrai que Marine Le Pen devrait se poser la question de savoir comment elle ferait plaisir à tout le monde, si par hasard elle arrivait au pouvoir ?
Par contre, l’extrême gauche a un programme cohérent de redistribution des produits du travail, une réduction des écarts salariaux par l’impôt et une possibilité de renationalisation des entreprises bradées au privé, à commencer par les autoroutes.
Ce n’est pas le programme du Front, que je sache !
La Wallonie n’est pas si à part que cela, de la tendance générale.
Elle a même une propension à voter comme ailleurs, puisque voter socialiste, c’est croire à l’avenir du centre et à l’économie libérale.
La personnalité du Wallon est gâchée, parce qu’il a perdu le wallon, cette langue entre Bourgogne et Sarre, véritablement pourchassée dans les écoles de jadis et définitivement morcelée en autant de patois, survivant dans certains villages, plus par le folklore que par l’usage et totalement impropre au XXIme siècle à véhiculer des programmes scientifiques. Si bien que devenu eunuque, le Wallon se sent à 75 % Belge avant tout et même plus du tout francophone, puisqu’ils ne sont plus aujourd’hui que 4% alors qu'ils atteignaient les 15-20% dans les années 1970.
La Wallonie est d’inspiration belgicaine et avec cette option, elle est naturellement conservatrice politiquement et libérale économiquement.
Le système des Régions ne l’a pas affectée outre mesure. La découpe la laisse indifférente. Par contre, elle s’inquiète des coûts exorbitants qu’impliquent pour les finances publiques, cinq gouvernements.
En accord sur le système économique, les Régions ne peuvent que se ressembler face au multiculturalisme et à l’afflux des étrangers.
En résumé, le vote anglais ne surprend que les agences de statistique et les bookmakers qui donnaient du 50/50, le jour avant le vote.
Qui aurait pu parier que la crise de 2008 allait produire un élan vers la droite de ceux qui ont eu le plus à s’en plaindre ?...

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