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La politique de boudoir...

...contre la politique de couloir ?

C’est la politique pratiquée par le PS, dans une opposition inusitée au Fédéral à laquelle il n’était pas habitué, acoquiné traditionnellement avec la droite dans la conduite du pays. Ce parti plus que tout autre ne s’est jamais revendiqué du populisme. C’est pareil pour toute l’Europe.
Ailleurs, peut-être, Peron au siècle dernier avec sa mythique épouse, en Argentine, est une rare figure moderne à ne pas avoir eu honte du mot. Sa démagogie fut tout un temps très près d’être une forme de populisme accomplie.
Pierre-André Taguieff, le premier, a en 1984 dénommé le Front national «national-populiste» pour éviter la scabreuse étiquette de «fasciste», qui, compte-tenu de l’évolution de ce parti, n’en est tout de même pas là. Même si Charles Michel a tenu des propos similaires à l’encontre de la N-VA, lui aussi ne l’a pas dit. Il en est même bien revenu aujourd’hui. C’était avant les élections. On sait le MR assez démagogue.
Quoique la tentation de l’amalgame soit forte, la multitude de sens possibles donne au mot moins de force. Être traité de populiste n’est plus l’injure suprême en politique.
Affubler du mot un adversaire politique revient à le désigner extrémiste, un extrémisme assimilé au communisme de l’URSS ou au fascisme nazi, rappelant les horreurs du XXe siècle. Une accusation lourde, efficace surtout dans les meetings d’arrière salle de café, mais dont pourtant les personnages les plus en vue des grands partis politiques, usent et abusent sans modération.
Le succès des thématiques pros ou antipopulistes, révélé de la sorte, démontre les limites de la démocratie représentative, telle qu’elle se pratique dans notre pays.
La société du spectacle, aguicheuse et vulgaire, le poids d’une oligarchie d’intouchables, le faible changement des alternances électorales de la gauche à la droite sur les politiques publiques, tout enfin se conjugue pour amplifier des réactions «populistes».

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Pierre Rosanvallon, historien, pense que le populisme n’est autre que «la réponse simplificatrice et perverse» d’une démocratie abandonnée des citoyens désenchantés. Il propose en réponse au simplisme populiste plus de contrôle populaire sur les dirigeants, de nouvelles procédures interactives, la redéfinition du contrat social. Il veut battre le populisme sur son propre terrain : la proximité des gens. Il pense ainsi donner des armes plus efficaces à la démocratie représentative, le but était de faire reculer la menace.
Voilà qui serait nouveau. Le populisme a pris le relais dans l’exécration d’un système politique qu’était le communisme. Tous les champions antipopulistes se sont, jusqu’à présent, cantonnés dans l’imprécation. Nous avons en Belgique une belle collection de journalistes complètement dévoués au système économique qui pensent pouvoir lutter efficacement pour son maintien en stigmatisant « le recours au peuple », comme si les élections tous les cinq ans étaient largement suffisantes à satisfaire les citoyens. Ces journalistes ne se sont jamais posés la question de savoir sur quels griefs argumentés ils condamnaient cet « appel au peuple » plus direct que ne le feront jamais les partis.
Le politologue Laurent Bouvet est moins catégorique dans la manière de considérer efficacement la lutte contre le populisme. «Cette vision un peu idyllique des choses conduit immanquablement à des frustrations, met à jour le caractère factice, artificiel de ces espaces de discussion. L’agora n’est pas une agora, c’est une simple place du marché avec autour, mais pas au centre, des stands, des agences, des conseils de quartiers… où l’on peut gueuler mais où rien ne se passe, rien ne se fait, ni ne se décide vraiment». Il estime qu’un «pouvoir diffus, jamais établi comme souverain pleinement exprimé dans la puissance de son unité», accroîtrait le pouvoir des élites et donc alimenterait le populisme.
Quant à «remettre le peuple au centre de la décision démocratique» et que ce travail serait dans les dispositions actuelles du parti socialiste, personnellement je n’y crois pas. Le parti socialiste s’étant disqualifié pour reprendre la main dans une gauche plus ouverte. Cela demanderait aussi de remettre le suffrage universel au centre du dispositif. Ce que les têtes de gondole refusent absolument.

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