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Une société d’athées est possible (1)

On se désespère de rendre de la raison, c’est-à-dire du raisonnement, aux croyants de quelque religion soient-ils. De même les croyants sont surpris et outrés de voir leur religion contredite par des esprits pratiquant un autre culte ou pire des agnostiques et des athées.
Il est rare dans l’histoire d’avoir surpris des raisonneurs philosophes en train de malmener des croyants. C’est beaucoup plus souvent l’inverse.
C’est actuellement le cas de la religion de l’islam en pointe, débordée par le prosélytisme de sa partie intégriste.
On a vu, par le passé, des religions populaires s’éteindre, voire disparaître, en raison de leurs excès dus à leur popularité.
Ce n’est pas encore le cas de cette religion toujours ascendante.
Les autorités laïques ont-elles raison de composer avec les religions pratiquées par un nombre conséquent de citoyens conscients de la force politique qu’ils représentent, alors qu’une stricte neutralité voulue par la loi, les contraindrait à plus de retenue ?
Les questions soulevées par l’actuel regain de l’esprit religieux surtout visible chez les musulmans, mériteraient moins de laxisme et moins de lâcheté opportuniste, de la part des représentants du peuple.
L’Histoire des religions conduit pourtant à une réflexion générale assez optimiste. La raison philosophique penche pour une conduite promulguant l’athéisme et la laïcité, quoiqu’on ait eu des philosophes défendant leur foi en une religion. À partir du moment où le croyant assorti sa foi d’une interrogation critique, il n’est plus capable d’en revendiquer le pouvoir par la violence. Le deuxième facteur réducteur est évidemment la concurrence que les religions se font entre elles.
Daech donne l’exemple d’une expression violente volontaire de l’islam par des intégristes, fins stratèges qui utilisent la violence pour impressionner l’opinion mondiale. L’exclusivité de la croyance ne peut être discutée et tout manquement est puni de mort. Voilà pourquoi un accord avec Daech est impossible. Et en même temps, il n’est pas d’exemple d’une société ultrareligieuse et sanguinaire qui se soit maintenue longtemps dans les formes les plus extrêmes de la cruauté.

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Dans le cas de Daech, on pourrait attendre que l’impérialisme inhérent à cette volonté de construire un État fasse son effet et que les crimes et les excès finissent par détourner ses combattants du djihad intégral, sauf que l’expansion se poursuit et la valeur d’un « soldat de la foi » qui, par principe, ne craint pas la mort, fait de lui un formidable guerrier qui en vaut dix du camp d’en face.
Si bien que le calcul des États-majors de tergiverser jusqu’à ce que le fruit tombe tout seul de l’arbre, tout en essayant de contenir la furia des croyants, pourrait se révéler mauvaise. Il ne faut pas oublier que Daech se nourrit des « volontaires » que nous leur fournissons en partie, à cause du peu de perspective d’avenir que le système capitaliste offre à la jeunesse.
Voilà en quelques interrogations et raisonnements ce que l’on peut dire des religions et de la religion qui crée problème. Il faudrait ajouter une dernière prise en compte. Celle de l’immigration des populations musulmanes en Europe. Ce fait alourdit le contentieux avec Daech, quoique ces populations soient traversées d’autres courants qui pourraient, en un sens, servir la raison, plutôt que la desservir.
Ne revenons-nous pas en arrière avec nos croyances religieuses ? Celles-ci dérivent du fonctionnement de notre cerveau, modelé par des siècles d'évolution. Dans un milieu où chaque homme avait tout à craindre des autres, ainsi que des grands prédateurs, il était indispensable de se chercher de puissants alliés, proches ou lointains, pour mieux se protéger. Le système économique qui s’impose « naturellement » à l’homme est devenu en lui-même une religion qui, voulant le « célébrer », n’a finalement réussi qu’à mettre en évidence les vices et les défauts d’un individualisme compté, à tort, comme vertu. Les « réussites » sociales, ne forment-elles pas, à l’intérieur du corps social, une religion qui met aussi la démocratie en péril ?
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1. Pierre Bayle.

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