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Où c’est-y qu’il est ?

L’histoire des pieds-nickelés qui ont perdu le dossier à dix millions d’euros à Charleroi, c’est un peu le mot de passe perdu par Kerdoncuf, le première classe et le Brigadier Le Meheu de « Casse-Pipe » le court récit de L-F Céline (Éd. Chambriand, 1949) :
« Alors y a eu conciliabule entre les anciens… dispute encore… puis décision :
– Toi, Kerdoncuf ! Arme sur l’épaule ! Direction la poudrière ! T’iras relever l’homme ! T’as compris ? Qui va la ? Tu le connais le mot ?
Juste Kerdoncuf ne le connaissait pas.
– Comment ? Comment ? tu le connais pas ?
Ça alors c’était un monde… il en suffoquait, Le Meheu. Il en trouvait plus ses insultes… Il avait beau lui agiter la lanterne en pleine figure pour lui faire revenir le mot… Ça l’a pas fait retrouver quand même… Il ruminait farouchement, il grognassait, Kerdoncuf, dans les profondeurs de son col, mais il retrouvait rien du tout.
– Tu te rappelles plus alors, manche ?

– Comment que t’es foutu, malagaufre ! Regarde un peu ton monument. Comment que tu te promènes ? Comment que tu oses ? T’as pas la honte, ma parole ? … Il est vide alors ton cassis ? Que même ton casque, il tient plus ! On te l’a donné, dis, le mot, pourtant ! Merde ! Tu vas pas dire le contraire ! Malheureux maudit ours ! Tu sais plus rien, dis, Kerdoncuf ? Tu sais plus rien, dis, rien du tout ? T’es plus con que mes bottes ?

Il se tenait plus de rage, Le Meheu, comme c’était abominable un pourri pareil, un lustucru qui s’en fout, qui paume les consignes !
– Tu sais t’y comment que tu t’appelles au moins ? toi malheur de la vie ?... Je vais te le dire, moi, le mot !
On s’est alors tous rapprochés pour entendre le mot. Amalgamés, ratatinés autour du falot, on grelottait dans le creux de la nuit.
– Ah ! Alors cette poisse ! Je le savais ! Deux mots que c’était même. En partant que j’ai dit à Coëffe : « Tiens voilà le mot » Merde ! Ça y était, je le tenais bon. Ah ! dis donc, moi, ça alors ?
Il rengueulait Kerdoncuf, ça servait pas à grand-chose. Il se connaissait plus de colère. Il a eu beau enlever son casque pour que la flotte lui trempe la tête, il bouillait de rage… il en rejetait des vapeurs avec des tonnerres de jurons. Le mot venait pas quand même, y avait rien à faire. »

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À Charleroi, Le Meheu de service avait bien dit à l’employé Kerdoncuf de planquer soigneusement le dossier à dix millions dans un endroit sûr, ce que Kerdoncuf avait fait. Mais voilà, il ne se rappelait plus où et Le Meheu non plus. Or, qui connaît les locaux d’archives des grandes villes n’ignore pas qu’il y a des kilomètres de rayons et qu’il faudrait dix ans pour retrouver l’endroit…
C’est la RTBF qui a cassé le coup de la perte du dossier « Quai 10 », bâtiment du bidule communal à transformer en objectifs culturels, mais bon, comme dit en son temps Fadila Laanan reconvertie depuis dans la collecte des ordures ménagères à Bruxelles, mais ancienne préposée à la culture du temps de la Di Rupo story « C’est quand même Mickey le personnage de roman que les cultivés du royaume préfèrent. »
Il paraît que le dossier perdu bénéficiait d’un support européen d’une dizaine de millions d’euros, mais que l’Europe, enculeuse de mouches, y mettait ses conditions, dont le fameux dossier volatilisé.
La Région wallonne s’y est mise aussi. Faut tout vérifier. On ne donne pas dix millions comme ça. Autrement, il n’y a plus de règle. Demain, Magnette sans dossier, s’il lui en prenait l’envie, rien qu’avec les statuts dont Happart s’est servi, pourrait se tirer avec un joli pécule. Ce document est indispensable si l'on veut vérifier que tout s’est bien déroulé dans les règles.
Alors, j’adresse une supplique à tous mes lecteurs de Charleroi « Surtout ne jetez pas vos vieux papiers dans la poubelle sans en avoir bien examiné le contenu, des fois que le fameux dossier aurait été distribué par mégarde, avec les « toute-boîte ».

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