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RFC Standard touche le fond…

…sur le temps que Duchâtelet touche les fonds.
Ou c’est de la fausse naïveté ou c’est de la bêtise, car comment accepter qu’un homme d’affaire se tire d’une société en emportant dix millions d’euros de bonus, sans verser dans l’un ou dans l’autre ?
C’est de Roland Duchâtelet dont je parle, siphonnant le Standard FC de Liège en toute légalité et avec l’accord du repreneur. C’est en tout vingt millions d’euros que cet homme d’affaire a retiré du Club en très peu de temps, après avoir acheté le business à la veuve Dreyfus à prix bradé, celle-ci étant pressée de vendre.
Il y a dans l’attitude du supporter indigné une méconnaissance absolue du système dans lequel il beurre (souvent mal et avec des produits dérivés) sa tartine.
Ce grand enfant qui paie chèrement son droit de hurler de bonheur quand son club marque un goal, devrait pourtant savoir que s’il est toujours prêt à donner sa chemise pour son équipe favorite, certains, parmi ceux qu’il imagine comme lui, altruistes et dévoués, sont en réalité les suppôts bien réalistes d’une économie libérale qui ne fait pas de la philanthropie, quand des paquets d’argent sont à portée de mains.
On a vu Duchâtelet bardé d’écharpes rouges, agiter des coupes, serrer des joueurs sur son cœur, parler avec émotion des victoires et avec chagrin des défaites, on a cru que cet homme avait le football dans le sang et une vénération pour l’équipe dont il était le chef, pour ne pas utiliser un mot que les fans ne comprennent pas : le propriétaire !
Tout cela, chers ingénus, c’était de bonne guerre, de la saine publicité pour augmenter son bien des bienfaits de la belle image, celle d’Épinal que les supporters adorent, alors que Duchâtelet ne se posait même pas la question de savoir s’il aimait ou pas le Standard, mais combien sa mise-en-scène lui rapporterait de plus value.
Ce que vous allez qualifier de « trahison » et de « sans-gêne », la FEB va saluer d’un grand coup de chapeau la performance d’un homme d’affaire avisé qui achète tant et qui revend avec beaucoup de cash en plus.
Le Club Lorraine va l’inviter et Duchâtelet dans sa conférence sur le devenir du système économique ne manquera pas de souligner sa performance en termes réservés, certes, avec la pudeur d’un immodeste qui sait se contrôler, mais avec toute la lucidité d’un brillant économiste.
Auréolé de cette belle réalisation financière, Duchâtelet court vers l’apogée d’une carrière. D’autres entreprises le réclament. Peut-être demain refera-t-il le coup de l’écharpe aux couleurs du club, hissera-t-il à nouveau les coupes gagnées au-dessus de sa tête, serrera-t-il encore et toujours des entraîneurs visionnaires dans ses bras et des capitaines vaillants, pleurera-t-il avec de vraies larmes quand un club de supporters de son nouveau business le portera en triomphe à l’issue d’une journée faste, mais toujours, avec un œil sur les marchés et l’autre sur la cote de son bien « acquis pour une bouchée de pain ».

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Comprendrez-vous un jour, chers supporters qui ne faites pas de politique autre que celle de votre club chéri, qui ne vivez que pour lui et, dans certains cas, qui avez rejeté loin de vous, femme et enfants, pour vivre votre passion dans des clubs d’habitués des stades, que le système vous possède jusqu’au trognon ?
Le sport génère aujourd’hui des fortunes, brasse des milliards, il eût été bien exceptionnel que les renifleurs de pognon ne s’en fussent pas aperçu.
Vous rencontrerez encore bien d’autres Duchâtelet, aurez encore bien des désillusions sur le compte des faux bienfaiteurs qui vous procurent l’intense plaisir qui vous secoue pendant deux fois quarante-cinq minutes, peut-être que vous ne les comprendrez jamais, mais on peut très bien gagner de l’argent sur vos émotions, sur vos enthousiasmes et même profiter de votre bon cœur pour en tirer un profit maximum. Cela s’appelle adhérer à un système économique, le même qui vous pompe la moelle des os en semaine, sans que vous vous soyez aperçu qu’il vous mettait aussi hors-jeu le dimanche !

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