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Chastel : le caudillo godillot.

Il y a un peu de Manuel Valls dans la façon de prétendre avoir toujours raison chez le petit Chastel, l’enfant chéri de Charles Michel. Reste que le pharmacien de Charleroi a encore beaucoup à apprendre des techniques de communication du premier ministre français.
L’un et l’autre font partie de cette nouvelle cuvée de jeunes qui prend tout de suite de la bouteille parce qu’elle n’innove rien en réalité.
Ce qui manque à Chastel tient dans son attitude. Autant Valls paraît déterminé et volontaire, autant Chastel n’y arrive qu’en étant indigné, c’est-à-dire lorsqu’il joue les étonnés indignés.
Voilà deux personnages qui ne doivent leurs succès qu’à la chance qui les a placés au moment où ils devenaient incontournables au vu des circonstances.
Valls avait échoué à la primaire des présidentielles du PS très loin de Hollande. Les militants le trouvaient inapproprié en prônant une ligne politique qui n’avait plus qu’un rapport lointain avec le socialisme. Hollande au contraire avait donné des gages. Son ennemi « les banques » il l’avait clamé haut et fort. Avec lui, pensait-on on allait se réconcilier avec le combat ancien franc de collier gauche unie contre droite désunie.
Puis, voilà qu’Hérault est remercié. En cause le chômage, la dette, la dislocation des tissus de l’État, bref tout ce que Hollande devait combattre et qu’il s’était abstenu jusque là de faire. Et pour cause, était-ce avant ou après avoir été élu, l’ancien de l’ENA s’était fait à l’idée qu’il avait eu tout faux dans ses discours de la primaire et que le socialisme était bien mort.
Et qui dans cette course à la candidature avait montré le plus son centrisme bourgeois, et l’occasion cent fois de montrer une façon de faire qui n’avait plus qu’un rapport lointain avec la gauche ? Mais Manuel Valls, devenu ministre de l’intérieur, entretemps.
L’ascension par défaut d’Olivier Chastel tient à peu près du même concours de circonstance. À cinquante trois ans, on n’est plus un perdreau de l’année. À trente ans, Didier Reynders avait déjà été patron de la SNCB, à cinquante plusieurs fois ministre et à la présidence du parti fondé par son bienfaiteur Jean Gol. Louis Michel, son grand rival sur le terrain, lui aussi dans le cœur du fondateur du parti, avait déjà un beau palmarès et raflé quelques mandats juteux, commissaire européen à cinquante sept ans, après avoir rempilé plusieurs fois à la présidence du MR et obtenu quelques portefeuilles de ministre.

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La chance pour Chastel fut le saut de plusieurs cases comme au jeu de l’oie, quand Charles Michel devint premier ministre d’un gouvernement inédit, puisque la francophonie y est largement minoritaire. Ce fut une bénédiction pour le petit Chastel quand le duo père et fils dut lâcher prise à la présidence du MR. Pour ne pas replacer Didier Reynders en position de postulant à la présidence, on embarqua 'Didjé" dans le gouvernement contre son gré après sa tentative de devenir commissaire européen comme papa Michel, les influents du MR ne le voyaient pas bien revenir, son délit de fuite avorté sur les bras.
C’est ainsi qu’Olivier Chastel, l’obscur pharmacien, grand cogneur aux séances des conseils communaux de Charleroi et tombeur des petits profiteurs de mandats de l’arrondissement, dénonçant dans un grand renfort d’envolées à la Manuel Valls, le monde corrompu du socialisme local, entra par la porte de service au sein du MR à Bruxelles où finalement Reynders le prit sous son aile, pas pour longtemps, lui reprochant publiquement de mal connaître l’anglais, alors que Chastel était un modeste ministre du budget.
Rancunier, il ne restait plus à Chastel qu’à faire allégeance au duo Michel et passer à l’autre camp.
Ce qui fut fait, pour aboutir à cette petite consécration qu’est la présidence du MR sans avoir jamais brillé dans les affaires d’État.
Est-ce que la tête lui tourne ou bien est-ce télécommandé par ses deux parrains, voilà Chastel qui se prend au sérieux et qui réplique négativement à la demande de Lutgen d’une concertation entre les présidents de partis francophones afin de répliquer à l’assaut communautaire de Bart De Wever !
On bien est-ce qu’on lui a dit en haut-lieu de ne pas aller se fourrer chez les « grands » n’étant lui-même que « grand » par délégation ?
On ne le saura pas. C’est sans importance. Attendez de voir le retour de Charles Michel dans la vie « civile » avant de faire des pronostics sur le futur du petit Chastel.

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